Le 11ème Global investigative journalisme conference (Gijc 19) s’est achevé entre samedi et dimanche à Hambourg, après quatre jours d’intenses activités sous forme de panels, d’ateliers et de formations. La plupart des 250 activités se sont déroulées à Hafen City University (HCU), mais aussi au siège du groupe Der Spiegel, éditeur du célèbre hebdomadaire allemand devenu partenaire dans toutes les grandes investigations journalistiques au niveau mondial. Elles ont profité à plus de 450 boursiers intégralement pris en charge par divers organismes de soutien au journalisme dans les cinq continents.
Au menu des échanges entre journalistes et experts, des thèmes brûlants d’actualité qui interpellent directement la pratique journalistique à travers le monde. La grande criminalité, souvent transfrontalière, a été discutée sous divers angles par divers intervenants, plutôt journalistes. D’où l’initiative d’encourager un plus grand nombre de projets d’investigations communes entre journalistes avec la disponibilité de plusieurs programmes de financement dédiés.
Dans ce chapitre «Crime et corruption», le crime organisé, les investigations sur les réseaux organisés sur l’internet, les crimes de guerre ainsi que les épurations ethniques ont attiré l’attention des journalistes. En toile de fond et en particulier, il y a eu l’attentat par explosion de sa voiture de la consoeur maltaise Daphné Caruana Galizia en avril 2018 alors qu’elle enquêtait sur des cas de corruption présumée mettant en cause de hautes autorités de Malte.
De nombreux panels ont été tenus sur la sécurité des journalistes et de leurs données d’enquête en regard des menaces qui pèsent à ces deux niveaux. À côté, il y a eu des séances de formation autour des nouveaux outils destinés à renforcer la protection du processus d’investigation. Une orientation d’autant salutaire que le journalisme de données (Data journalism) s’impose de plus en plus comme un aspect incontournable de l’investigation journalistique. Panama Papers et SwissLeaks, entre autres, ont donné le signal de cette mutation confirmée par les «Maurician Leaks» du Consortium international des journalistes d’investigation (Icij).
Mais, dans le flux exceptionnel de données, peut-être inédit dans l’histoire de la profession, des précautions lourdes s’imposent de plus en plus, notamment en termes de filtrage, afin de préserver l’authenticité et la crédibilité des publications. D’où les séances consacrées à cette «nouvelle discipline» qu’est le fact-checking destiné à contrer une industrie de désinformation qui prend ses aises partout et nulle part.