Commission d’enquête parlementaire : Affaire des 94 milliards ou l’Affaire Sonko ?

Dans le différend qui oppose Ousmane Sonko à Mamour Diallo, il y a des relents manifestes d’un parti-pris en faveur de l’ex-directeur des Domaines. Du moins, si l’on en juge par certains actes posés, qui le laissent penser.

Tout d’abord, l’inertie de la Justice qui est remarquable, pendant qu’elle a été pourtant saisie par le député Ousmane Sonko, qui a déposé 2 plaintes sur la table du Procureur et auprès du doyen des juges. Mais à ce jour, ses plaintes sont restées sans suite.

Ensuite, l’empressement des députés à mettre sur pied une commission d’enquête est tout juste sans commentaire, car mise en œuvre pas dans le but de contribuer à la manifestation de la vérité, mais plutôt de blanchir Mamour Diallo. Et ce, même au prix d’une violation du règlement intérieur de l’Assemblée nationale !

Ce qui est le plus surprenant dans l’attitude des députés actuellement, c’est de voir qu’ils ont toujours failli à leur mission là où il ne s’agissait que de contrôle parlementaire de l’action gouvernementale. On se rend donc compte, que face aux nombreux scandales qui ont jalonné le régime du Président Sall, ils se sont toujours illustrés par leur indifférence, pour ne pas dire leur silence coupable.

C’est à se demander que peut bien nous valoir aujourd’hui cet honneur de voir nos élus souvent qualifiés de dormeurs – à tort ou à raison ? – se réveiller brutalement de leur torpeur pour mettre en place une commission parlementaire ? Est-ce seulement par volonté de faire la lumière sur les 94 milliards qui les motive, ou, est-ce le sentiment de pouvoir éliminer Ousmane Sonko qui les anime ? Pourquoi, en tant que représentants du peuple, n’ont-ils songé à le liquider en demandant tout simplement à la justice de s’auto-saisir de l’affaire, dès lors que des plaintes ont été déposées et que le montant en jeu reste quand même colossal ?

Dès lors, face à tant d’incohérences, comment ne pas donner raison à ceux qui crient haut et fort que la création d’une commission d’enquête, alors que la justice était déjà saisie, n’est rien d’autre qu’une tentative maladroite de blanchir un des leurs ? Parce que, pour qui parle pour ce qu’il sait, et constate bien ce qui est donné à voir, il parviendrait à la conclusion que ces députés ont, en effet eu, maintes occasions de créer des commissions parlementaires pour éclairer la lanterne des populations concernant la flopée de scandales financiers qui éclabousse le régime.

À la louche, l’affaire des 52 milliards des cartes d’identité biométrique, l’affaire Bictogo, l’affaire Prodac, le Coud, le Port, le scandale des 10 milliards de dollars révélé par la Bbc, le fer de la Falémé… Autant d’affaires scabreuses sur lesquelles les députés sont restés muets comme des carpes, alors qu’elles auraient fait entrer en transes tout parlement des pays à grande tradition démocratique.

C’est pourquoi, sommes-nous tentés de dire, qu’aujourd’hui, malgré leurs explications et dénégations, on ne peut s’empêcher de penser que leur seule est unique motivation reste la liquidation de Sonko, dont le seul tort est d’avoir su relever le niveau du débat à l’Assemblée par des questions pertinentes qu’il sait soulever en dénonçant dans la foulée les mauvaises pratiques de gouvernance douteuse du régime. Ce qu’il n’a de cesse de mettre à nu. Sans compter le piquant de son style pimenté – c’est selon – par le ton employé qui le caractérise !

Et ceux qui pensent que toute l’agitation des députés n’est qu’une machination pour éliminer Sonko, n’ont pas tort. Aujourd’hui, vu la tournure que ce dossier est en train de prendre, Ousmane Sonko a bien des raisons d’être inquiet. Parce qu’il fait face à un pouvoir qui ne reculera devant rien pour lui tailler un habit – de condamné – qui lui ira comme un gant. Les mensurations sont en train d’être prises et ce ne sont pas les tissus, pardon les textes de lois, qui manqueront aux tailleurs de haute couture, qui le lui feront enfiler une fois la séance d’essayage finie.

Pour le moment, il semble que l’intention de nos honorables députés de passer Mamour Diallo à la blanchisserie, et Sonko à l’échafaud, n’est plus à démontrer. Même si, pour cela, il leur faudra déposer leurs conclusions sur la table du juge, lesquelles accuseront Sonko de diffamation accompagnée d’une plainte de Mamour Diallo. Dès lors, il ne restera plus à la machine judiciaire qu’à s’emballer. Les preuves que Sonko dit détenir, réussiront-elles à l’arrêter ? Wait and see !

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