La conscience citoyenne à l’assaut de la société déshumanisante (Mamadou SY Albert)

L’être humain est fondamentalement un être social. La crise sanitaire mondiale actuelle met au centre de ses enjeux le retour à l’humanisme fondateur des régimes démocratiques, des mécanismes solidaires de protection sociale des citoyens, des couches sociales fragiles, le droit à une santé de qualité pour tous et à une vie décente. Les stratégies de lutte contre la Pandémie du covid-19 sont fortement portées par la solidarité. Les dirigeants de la gouvernance mondiale prennent tardivement peut-être conscience de la nécessite de placer l’humain et la solidarité sociale au cœur des sociétés contemporaines. Les partisans du libéralisme avaient fini par réduire, depuis la victoire du libre-échange au début des années 1980, le travailleur et l’être humain en un objet matériel corvéable à merci, soumis au diktat des progrès des sciences et des technologies, de la machine et de la rentabilité du capital.

La crise sanitaire et économique ouvre présentement une page de l’histoire humaine. Les citoyens vont à l’assaut de la société déshumanisante. Redonner à l’humain et à son intelligence une place privilégiée dans la gouvernance politique et économique devrait être une perspective salutaire pour toute la communauté humaine.

La crise sanitaire et économique résultant de l’expansion de la Pandémie mondiale du covid-19 se conjugue partout à travers la Planète terre à l’irruption d’une chaîne de solidarité. Les États, les acteurs non étatiques, sont en train d’écrire une des plus belles pages des consensus – politiques, économiques, sociaux et culturels, religieux – contre un ennemi invisible très puissant par sa force de frappe, ravageant l’humain sur son passage. Les stratégies de lutte contre le virus sont portées à travers les pays frappés par la Pandémie ou sous une menace sanitaire potentielle, par des coalitions nationales agissant à tous les paliers de la protection sociale des populations, des malades et des porteurs de la maladie.

Les gestes «barrière», la mobilisation des ressources financières publiques et privées, le confinement, le respect strict des règles d’hygiène publique, la participation active des leaders d’opinion à la guerre, traduisent un état d’esprit solidaire, responsable des citoyens.

Cet élan citoyen, marqué par le civisme et la solidarité sociale, cristallise une prise de la conscience croissante de l’ampleur dévastatrice de la Pandémie. Sauver l’humain des risques sanitaires et économiques est le défi auquel les citoyens du monde sont confrontés. Une épreuve majeure de solidarité humaine. L’humain et la solidarité sont ainsi au cœur des stratégies de lutte contre le coronavirus. Les dirigeants de la gouvernance mondiale avaient fini par oublier cette dimension humaine dans les processus du développement économique, social et culturel au cours de ces dernières décennies.

Le triomphe du libéralisme et du libre-échange déréglant tout le système post-seconde guerre mondiale a remodelé profondément la gouvernance mondiale et les modèles de société. La déshumanisation des sociétés humaines a été rendu possible par les progrès énormes des sciences, des technologies et de la médecine. Les capacités de production de la richesse matérielle et immatérielle traduisent certainement les effets positifs des progrès de l’Humanité dans la maîtrise des processus de production, de commercialisation et de circulation des biens et des services.

La course effrénée vers le progrès infini et la rentabilité ont produit la gouvernance mondialisée de l’économie. L’être humain a été transformé au fil de cette histoire économique récente en un objet matériel corvéable, à la merci du profit, de la robotisation. Tout est devenu marchandisation. Cette civilisation a détruit les liens, sociaux, culturels et politiques. Beaucoup avaient fini par croire que l’individu est le moteur de l’Histoire.

Jamais les écarts entre les riches et les pauvres n’ont été si grands, sous l’emprise de cette gouvernance, favorisant l’intérêt privé et l’individualisme sauvage au détriment du service public et des biens communs. Une gouvernance peu soucieuse de la santé des travailleurs, des personnes du troisième âge, des enfants, de la femme, des pauvres, de la terre et de la justice sociale. La crise sanitaire et économique ouvre une nouvelle page de l’histoire humaine. L’humanisme avait secrété la liberté, les droits humains inaliénables, les régimes démocratiques, les systèmes de protection sociale des citoyens et des couches sociales les plus fragiles de la société.

Nous devons à la victoire de l’humanisme le développement des sciences et des techniques au service du citoyen et des populations. Ces héritages humanistes ont été anéantis par le triomphe du libéralisme. Redonner à l’humain sa fonction centrale dans la gouvernance des Nations et de la Planète terre est une perspective historique à ne plus jamais refermer. Elle porte l’idéal d’une justice sociale et de l’équité. La chaîne de la solidarité humaine se développant à l’échelle des pays, des continents, renseigne suffisamment au sujet de l’espérance citoyenne d’un monde meilleur, plus solidaire et mieux équilibré. C’est aux citoyens de prendre leurs responsabilités collectives et individuelles pour que cette aspiration légitime ne soit plus jamais trahie par les marchands des illusions d’un monde déshumanisant.

Les marchands de la chair humaine ont bâti des richesses planétaires sur la misère du monde et l’ignorance. Ils croient très peu à l’humain et à la solidarité.

 

 

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