Les cas positifs au coronavirus qui prennent la courbe ascendante trouvent répondant dans la distribution de l’aide alimentaire où les cas de déception sont de plus en plus nombreux.
Par Ndiogou CISSÉ
Certaines populations victimes de l’insécurité alimentaire, qui attendaient impatiemment l’aide alimentaires sont entrain de déchanter. La liste des déçus de la distribution des vivres ne faiblit pas. La preuve, dans la commune de Tivaouane Peulh où nous nous sommes rendus pour constat, la cité Socabeg n’applaudit pas la distribution. Selon Bruno Mendy, un habitant de cette cité forte de 4000 concessions, «chaque quartier est formé par 250 maisons. Dans le quartier où nous vivons, sur 250 concessions 14 ménages vont bénéficier de l’aide alimentaire d’urgence», renseigne Mendy pour donner une idée de la grande déception des populations de cette localité pour l’aide. Bruno de poursuivre que des habitants qui ont cru pouvoir trouver de l’aide au niveau de la commune, se sont rendus à la mairie où aucune distribution n’est programmée.
Un scénario identique est constaté à Saint Louis. Dans un quartier comme Diamaguène, apprend-t-on de source officielle, sur 3000 maisons, seules 300 sont éligibles à l’aide d’urgence. La même déception est perceptible au quartier Nord de l’ancienne capitale de l’Aof. Sur les 600 demandes remises au chef de quartier Moussa Niang, 74 ont été déclarées bénéficiaires de l’aide. Dans des quartiers comme Bayal, Guet Ndar, Pikine…certaines s’essaient à une inscription multiple pour doubler leur chance d’avoir cette aide.
Pour rappel, l’aide d’urgence d’une valeur de 69 milliards a été consentie par l’État pour adoucir la souffrance des populations esseulées par l’arrêt de leur travail, suite à l’état d’urgence et le couvre-feu. Il a été annoncé comme un «important programme de distribution alimentaire en faveur d’un million de ménages, soit huit millions de Sénégalais. Ce, pour les soutenir en cette période de crise sanitaire». C’est une aide qui vise les familles les plus démunies du pays, mais avec la situation actuelle, à part quelques privilégiés, toutes les familles sont dans le besoin. La distribution de l’aide est assurée par le ministère du Développement communautaire, de l’équité sociale et territoriale.
Ce sont 140.000 tonnes de denrées alimentaires, à savoir : 100.000 tonnes de riz, 10.000 litres d’huiles, 10.000 tonnes de sucres, 10.000 tonnes de pâtes alimentaires et 6000 tonnes de savons qui sont destinées aux populations. À la place d’une tension de pénurie, c’est une tension de déception qui est en train d’être notée sur cette distribution qui laisse en rade des millions de Sénégalais qui sont démunis. En effet, pour trouver les ménages qui doivent en bénéficier, le ministère déclare s’être référé au Registre national unique (Rnu) qui compte 588.045 ménages les «plus démunis» et qui inclut tous les bénéficiaires des bourses familiales. Et les 411.955 ménages qui restent pour compléter la liste répartis entre les 555 communes que compte le pays. À propos des communes, beaucoup d’entre elles ont inscrit à coup de plusieurs millions, dans leur budget, un vaste programme d’aide de leurs populations. Si certaines ont procédé à la distribution de vivres d’autres traînent encore les pieds. En tout cas, à l’instar des fonds de la Force covid-19 qui font l’objet d’un contrôle citoyen dans la gestion, les communes vont rendre compte de la gestion des fonds qu’elles ont déclarés dans leur budget pour la lutte contre la maladie.