Par Ndiogou CISSÉ
En rappelant ses doléances, le Sytjust accuse le ministre Sall de négligence. Selon le Sytjust qui cite le ministre de la Justice, Me Malick Sall, il fait savoir que «depuis sa prise de service le 16 avril 2019, il n’accorde aucune attention sérieuse à la mise en œuvre et à l’effectivité des réformes entreprises par le gouvernement en réponse aux revendications du Syndicat des travailleurs de la Justice (Sytjust)». Le Sytjust d’ajouter : «Sa posture a fait que, depuis plus d’une année, les travailleurs de la Justice souffrent d’une absence de prise en charge efficace de leurs doléances. Il n’a pas mis en place, jusqu’à ce jour, un quelconque comité ou même désigné un point focal chargé du suivi-contrôle-évaluation de la mise en œuvre des réformes qu’il a trouvées bien en place, concernant les travailleurs de la Justice».
Pour le Sytjust, «le tâtonnement et le pilotage à vue sont depuis lors érigés en mode de gestion et d’administration des préoccupations basiques des travailleurs». Et que «cela explique certainement qu’il n’a daigné recevoir en audience le Bureau exécutif national (Ben) du Sytjust, qui a pourtant déposé un préavis de grève depuis le 6 février 2020, pour l’inviter à des discussions».
Cette absence de réaction du ministre de la Justice, suite à un dépôt de préavis de grève, est pour le syndicat, «un précédent historique dans les relations entre la chancellerie et le Sytjust» ; ajoutant qu’elle «indique clairement que les attentes des agents de l’État, placés sous sa tutelle, sont à la périphérie de son agenda». Le Sytjust poursuit en déclarant : «Le travail que l’actuel ministre de la Justice doit faire pour prendre en charge les doléances du Sytjust est la partie facile du processus enclenché par ses deux illustres prédécesseurs, qui avaient très vite compris que la prise en charge efficace des préoccupations des soldats du service public de la Justice entrait en droite ligne avec la volonté du gouvernement de moderniser la Justice suivant l’axe trois du Plan Sénégal émergeant (Pse)».
D’abord, renseigne le Sytjust, «Monsieur le ministre doit veiller attentivement à la finalisation de la mise en œuvre du protocole d’accord signé par le gouvernement et le Sytjust le 17 octobre 2018 ». Pour cela, rappelle le syndicat, «il lui incombe de soumettre un projet de décret à la signature de Son Excellence Monsieur le Président de la République qui, sur cette question, a affiché sans équivoque sa volonté politique. Ce projet de décret, élaboré depuis février 2019, est pris au piège dans les méandres de la bureaucratie de la chancellerie qui, visiblement, fait un blocage qui ne suscite aucune réaction du patron des lieux».
Ensuite, note Me Diop et ses camarades, «il doit assurer la publication des décrets n°2018 – 2259 du 14 décembre 2018, n°2018 – 2260 du 14 décembre 2018 et n°2018 – 2261 du 14 décembre 2018. Ces décrets revêtent un grand intérêt pour le Sytjust, dans la mesure où leur effectivité améliorera sensiblement les conditions sociales des travailleurs de la Justice qui sont dans une extrême précarité du fait de la faiblesse de leurs revenus».
«Qu’est-ce qui peut expliquer valablement que le ministre de la Justice ne puisse veiller à la publication de décrets pour l’exécution desquels il a reçu mandat du Président de la République ?», questionne le Sytjust, qui informe avoir relancé le ministre de la Justice plusieurs fois sur cette question. «Il s’est même permis d’adresser en ce sens, le 9 mars 2020, une correspondance à Monsieur le ministre, Secrétaire général du gouvernement, responsable de l’Imprimerie nationale. Des ampliations ont été faites à différentes autorités dont le ministre de la Justice, mais rien n’y fit».
Enfin, par rapport au plan de carrière des travailleurs de la Justice, le Sytjust déclare que «le ministre doit procéder à la mise en œuvre des dispositions transitoires du décret n°2019 – 413 du 30 janvier 2019 portant création du Centre de formation judiciaire (Cfj) et fixant ses règles d’organisation et de fonctionnement, et celles du décret n°2019 – 575 du 5 février 2020 modifiant le décret n°2011 – 509 du 12 avril 2011 portant statut particulier du cadre des fonctionnaires de la Justice».
Pour cela, propose le syndicat, «il doit organiser des formations devant aboutir au reclassement des greffiers à la hiérarchie A2 et au reclassement de bon nombre d’agents administratifs de la Justice dans le nouveau corps des assistants des greffes et parquets à la hiérarchie B2». Rien n’explique, selon le Sytjust, «le retard de l’organisation de ces formations, du moment que le Centre de formation judiciaire est principalement sous la tutelle du ministre de la Justice». Au risque d’une forclusion, ces formations et ces reclassements doivent se faire dans un délai de trois ans à compter de l’entrée en vigueur du décret n°2019 – 413 du 30 janvier 2019 portant création du Centre de formation judiciaire (Cfj) qui a été publié au Journal officiel du samedi 16 mars 2019 soulignent les syndicalistes, qui s’émeuvent : «Incontestablement, l’attitude du ministre de la Justice risque de porter un lourd préjudice aux travailleurs de la Justice. Cela appellera inévitablement de leur part, une réaction de défense et de survie qui aura certainement des conséquences néfastes sur la qualité du service public de la Justice. Cette situation est regrettable, car, à ce niveau et au vu des efforts consentis antérieurement par Son Excellence Monsieur le président de la République, le service public de la Justice ne devra plus être le théâtre de combats syndicaux», prévient le Bureau exécutif national du Sytjust.