Qui pour étancher la soif les Sénégalais ? Malgré le changement de concessionnaire, rien n’a changé. Les Sénégalais continuent leur chemin de croix et ce qui est le plus frustrant dans leur situation est qu’ils payent des factures plus que salées à Sen’eau qui en contrepartie, les prive d’eau.
Aujourd’hui comme hier, les Sénégalais ont soif, ils sont confrontés à un manque d’eau à cause de Sen Eau, ou plutôt Sen Air, qui non seulement les prive d’eau mais aussi semble leur facturer l’air qui fait tourner les compteurs. Sinon comment comprendre le fait que les pauvres goorgorlous paient des factures exorbitantes alors qu’ils n’ont pas d’eau ? Et aujourd’hui, ils sont nombreux les quartiers de Dakar et sa banlieue qui souffrent du manque d’eau. Partout ce sont des récriminations à n’en plus finir. Et ce qui exaspère le plus les populations, c’est le fait qu’elles sont obligées de payer des factures qui leur coûtent les yeux de la tête pour une piètre qualité de service. Face à cette pénurie d’eau, elles sont obligées de casquer encore pour acheter des barriques et autres autres bassines car ne pouvant se passer du liquide vital. Sans compter les insomnies causées aux usagers qui sont obligés de veiller jusque tard dans la nuit pour guetter l’arrivée du liquide précieux.
Pourtant le remplacement de la Sde par Suez avait fait naître beaucoup de craintes mais Mansour Faye ministre de l’Assainissement d’alors avait revêtu sa toge d’avocat pour plaider la cause. Parce que bien que les populations ne comprenaient pas le fait que la Sde qui avait fait l’offre la plus avantageuse pour elles avec une proposition de 277 francs cfa pour le mètre cube d’eau, ait été éliminée au profit de Suez dont l’offre était de 298,5 le mètre cube. Nommé ministre de l’équité sociale, et remplacé par Serigne Mbaye Thiam, cela n’avait pas empêché Mansour Faye de se démener comme un beau diable pour boucler avant son départ l’appel d’offres international relatif au choix d’un fermier pour la gestion de l’eau potable dans nos grandes villes. Face à une telle situation des membres de la Société Civile, notamment le Forum Social Sénégalais, avaient parlé d’une «nébuleuse affaire» et entendaient même dérouler des plans d’actions jusqu’au niveau international pour éclairer la lanterne des Sénégalais. Car au lieu de faire confiance à la continuité de l’État, le maire de Saint-Louis, qui avait reçu un don de la part de Suez, un des soumissionnaires à l’appel d’offres qu’il avait lancé, a voulu leur rendre l’ascenseur en confirmant lui-même la victoire de Suez dans l’attribution de ce juteux marché. Après le Forum social sénégalais, c’était au tour des associations consuméristes de dénoncer l’attribution provisoire du contrat d’affermage de la gestion de l’eau au Groupe Suez, au détriment de la Sénégalaise des eaux (Sde), le moins disant, selon les offres soumises. Sos Consommateurs et l’Union nationale des consommateurs du Sénégal (Uncs) avaient même exigé du gouvernement des éclairages. D’autant que certains parlaient même de «club de nouveaux investisseurs du Palais» qui serait derrière le groupe français. Et aujourd’hui, il semble que les faits ont tendance à confirmer les craintes formulées par les consommateurs et les consuméristes. Car depuis son arrivée, Sen’Eau s’avère incapable de fournir une prestation de qualité à ses abonnés. Pire l’eau manque et pourtant les factures sont toujours salées. D’ailleurs tous les usagers se plaignent de la cherté des factures alors qu’elles n’ont pas d’eau. Si ce n’est pas de l’escroquerie pure et simple, ça y ressemble fort. Malgré tout aucune autorité n’élève la voix pour rappeler Sen’eau à l’ordre. Pouvait-il en être autrement si l’on sait que nos cousins gaulois semblent avoir tous les privilèges dans ce pays, comme au bon vieux temps de la colonisation.
Avec Tribune