Alors qu’il s’acharne sur le président de «Horizon sans frontières» qui a été placé en garde à vue à la Section de recherches de Colobane après son arrestation, vendredi dernier, à l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd), l’État ne fait rien pour se disculper des accusations dont il fait objet. Et pour cause, l’État du Sénégal est appelé au secours par 176 de ses enfants qui sont bloqués en Espagne, plus précisément à Ténériffe, retenus par les autorités espagnoles sans leur consentement. Une situation connue par les autorités sénégalaises, qui ne font rien pour venir en aide à ces jeunes gens.
Conséquence : ces 176 migrants sénégalais qui sont arrivés aux îles Canaries ces derniers mois en bateau ont entamé depuis samedi matin une grève de la faim à Ténériffe pour demander qu’ils soient autorisés à se rendre sur le continent, c’est-à-dire en Espagne. Les grévistes assurent que beaucoup d’entre eux ont des passeports valides et des membres de leurs familles qui peuvent les soutenir et les installer pour essayer de trouver un emploi.
Les complaintes de ces 176 compatriotes
C’est en tout cas ce qu’a expliqué à la presse espagnole le porte-parole des grévistes, Khalifa Ibrahima Ndiaye. Ce jeune étudiant en droit est arrivé sur les îles Canaries depuis près de trois mois, au cours desquels il a séjourné dans un hôtel. «Notre objectif en venant ici est de rejoindre plus tard nos proches, dont beaucoup sont bien installés sur le continent, afin de chercher du travail», a-t-il déclaré. Cependant, ce que Ndiaye et de nombreux migrants arrivés dans l’archipel ont découvert, c’est qu’ils ne pouvaient pas voyager. «Avant, ils disaient que les gens pouvaient voyager avec un passeport. Mais ces jours-ci, ils nous ont dit que nous ne pouvons plus voyager même avec un passeport valide», a-t-il expliqué. «Nous savons qu’il y a une crise sanitaire parce qu’il y a le Covid, mais les gens peuvent voyager en passant des tests – Pcr ou antigènes – pour vérifier qu’ils n’ont pas de coronavirus. Avec ce test et le passeport, tout le monde devrait pouvoir voyager», a insisté le jeune Sénégalais, pour qui il n’y a pas de «clandestin» dans le monde et que l’Espagne est un pays démocratique avec des libertés où chacun peut revendiquer ses droits. Ce qu’ils essaient de faire à travers cette grève de la faim.
Interrogé sur les conditions dans lesquelles ils ont séjourné à l’hôtel ces derniers mois, Khalifa Ibrahima Ndiaye a assuré qu’ils ont été nourris et logés. Mais, assurent-ils, ce que recherchent les migrants qui arrivent aux Canaries, c’est de passer peu de temps sur les îles et de se rendre immédiatement après en Espagne.
Ils se sentent abandonnés par leur pays
De plus, il a commenté que les migrants qui se trouvent dans les hôtels ne veulent pas quitter les complexes pour se retrouver dans la rue, car ils n’ont pas d’autre endroit où loger et ne veulent pas créer un désordre public avec autant de personnes sans-abris. Mais plutôt ils cherchent, a-t-il répété, à quitter l’hôtel pour aller sur le continent vers leurs familles et chercher un emploi. «Notre objectif en venant ici n’est pas de manger et de dormir tous les jours», a-t-il tenu à dire à qui veut l’entendre.
Mais puisque le gouvernement espagnol refuse de respecter leurs droits, Khalifa et les 175 autres Sénégalais ont entamé une grève de la faim pour qu’afin leurs droits soient respectés. Et déjà, ils prévoient de poursuivre leur diète jusqu’à ce que quelqu’un leur donne une réponse et leur permette de continuer leur voyage avec un passeport et un test Covid négatif. Mais ils en veulent particulièrement au Sénégal. D’ailleurs, les grévistes n’ont pas manqué de dire qu’ils se «sentent abandonnés par leur pays». Pour eux, «le gouvernement du Sénégal devrait faire quelque chose pour protéger ses citoyens et parvenir avec l’Espagne à un accord qui leur permette de se rendre sur le continent».