Cheikhouna Badji a été attrait, hier, à la barre de la chambre criminelle de Dakar pour répondre des faits d’association de malfaiteurs et vol en réunion commis la nuit, avec usage de moyens de locomotion. Les débats d’audience ont fini de montrer que le 25 avril 2017, Badji et son complice Moustapha Mbaye, jugé par contumace, avaient volé 1547 sacs de farine au préjudice de la société “Les Grands Moulins de Dakar”. Selon ladite société, la marchandise volée qui a été embarquée à bord deux camions que Moustapha Mbaye avait affrété, est estimée à 21.658.000 F CFA. La lecture de l’ordonnance de renvoi renseigne que les 20 tonnes ont été acheminées à Touba là où 948 sacs ont été déchargés dans un magasin à Tivaouane. Devant les juges, hier, on a reproché à Cheikhouna Badji d’avoir facilité le vol. Ce, en usant de ses prérogatives de chef de service du gardiennage de la société. Il avait fait changer de poste ses collègues pour les éloigner de l’endroit où le vol était perpétré. Soumis au feu roulant des questions par le président de la chambre criminelle de Dakar, le mis en cause a reconnu sans ambages les délits qui pèsent sur sa tête. Pour justifier son acte, il a fait savoir que son salaire est dérisoire et ne lui permettait pas de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. A l’en croire, il souffre d’anomalies cardiaques chroniques et, il avait besoin de 6 millions de francs CFA pour faire une opération.
Il risque 10 ans de réclusion criminelle
« J’avais besoin d’argent pour faire cette opération et j’ai tenté le coup. Aujourd’hui, je me suis rendu compte que je l’ai raté parce que, non seulement j’ai perdu mon travail mais également je ne me suis pas soigné et je suis en prison », regrette-t-il. Il a également confié aux juges qu’il n’est pas un criminel. Mais, il voulait juste sauver sa vie. « J’ai agi ainsi parce que je voulais sauver ma vie. Je prends du poids et j’étouffe. J’avais peur pour ma vie. Je suis incapable de dire la quantité de sacs de farine qui a été volée. Ce que je voulais, c’était encaisser l’argent et aller me soigner », s’est-il défendu. De son côté, le maître des poursuites a soutenu que la maladie ne saurait être un prétexte pour commettre ce vol. Même s’il est malade, indique le procureur, il devait garder sa dignité et ne pas prendre pour prétexte sa maladie pour commettre un vol au préjudice de son employeur. C’est ainsi qu’il a requis 10 ans de réclusion criminelle contre l’accusé. Avocat de la défense, Me Ndiaye estime que l’Etat est responsable de ce qui arrive à son client. « Si on avait un État beaucoup plus juste, un État où les ressources étaient équitablement partagées, il ne volerait pas pour se soigner », a dit l’avocat selon qui, son client a besoin d’être assisté médicalement. « Il faut le sauver des affres d’une maladie cardiaque », a ajouté l’autre avocat de la défense, Me Tall. « La vie de Cheikhouna Badji vaut plus que les milliards des “Grands Moulins de Dakar” même si je ne cautionne pas le vol », a encore dit la robe noire qui, a demandé la clémence de la chambre. L’affaire a donc était mis en délibéré pour jugement devant être rendu le 12 avril prochain.