Le lieu est bien choisi : L’hôpital Maguette Lô de Linguère, au centre du débat sur le système de santé du pays, a abrité, ce lundi 10 mai, l’assemblée générale du Syndicat autonome des médecins, pharmaciens, et chirurgiens-dentistes du Sénégal (SAMES). «Cette mobilisation des différentes composantes du monde médical est due au fort sentiment d’injustice face à une cabale contre d’honnêtes agents de santé dont le principal tord a été d’avoir travaillé sans les moyens ni le personnel requis. Nous considérons que la perte de ces jeunes êtres doit servir de leçons et attirer l’attention sur les risques d’un système de santé dépassé », a d’emblée fait savoir le Secrétaire général.
Docteur Amadou Yéry Camara de déplorer : « Nous devons tirer les leçons pour que plus personne ne coure de risques en fréquentant nos structures. Nous apportons notre soutien indéfectible aux agents de santé de l’hôpital Maquette Lô de Linguère. Comme on aurait aimé disposer de ces couveuses flambant-neuf, de ces agents fraichement affectés pour sauver ces enfants ! Mais non, c’est aux lendemains de l’accident que, comme par miracle, tout ce qui a été demandé à corps et cris par l’administration de l’hôpital est devenu disponible ».
Selon lui, «dans cette affaire, aussi bien les humeurs du Ministre de la santé que le communiqué du parquet sonne comme un réquisitoire à charge contre les agents de santé avec des biais dans l’enquête que le petit juriste de première année ne se serait permis ». Sinon, argue-t-il, comment comprendre la SENELEC avec ses délestages, ses surcharges de tension intempestives soit considérée comme expert dans ce dossier ?
« Le Ministère de la santé se fera avec les agents de Santé ! »
« Le SAMES demande la tenue d’une enquête impartiale avec de véritables experts indépendants mais non des pseudo-experts mouillés jusqu’au cou. Il ne regardera pas passivement les agents de santé être conduits inéluctablement vers l’échafaud, nous allons nous battre car seule la lutte libère ! L’Etat du Sénégal responsable de tout accident survenant dans un service public doit prendre en charge correctement les familles des victimes », ont exprimé les membres dudit syndicat.
Ils dénoncent également «le traitement discriminatoire des ressources humaines au Ministère de la santé. « En effet, au moment où il est servi des mises en demeure à deux gynécologues qui ont des dossiers médicaux en bonne et due forme, alors que plusieurs agents qui ont soutenu en 2020 ont été affectés directement à Dalal Jamm et d’autres qui n’ont pas rejoint leur poste depuis 2014 n’ont subi aucune mesure administrative », soutiennent-ils. A les en croire, ce « deux poids deux mesures » est la cause réelle de l’absence de spécialistes dans les régions reculées.
Pour le Dr Camara, « cette tentative d’ostracisation des agents de la santé dans leur propre ministère ne passera pas à moins que ces succédanés de médecins puissent opérer les cas chirurgicaux, réanimer des comas, effectuer des pontages sur des infarctus, j’en passe ». Avant d’avertir : « Le Ministère de la santé se fera avec les agents de Santé ! Tous les autres corps administratifs doivent savoir qu’ils ne constituent que des fonctions supports ! ».