Il n’a pas soixante ans, mais parle déjà d’héritage. Au cours des douze derniers mois, Oumar Sow, président du directoire de la Compagnie sahélienne d’entreprises (CSE), a engagé des projets qui devraient transformer le groupe familial sénégalais de BTP, dont il a pris les rênes en 2015, deux ans avant le décès de son père Aliou Sadio Sow.
« Si je parviens à les mener à bien, j’aurai fait ma part du travail », estime l’entrepreneur dans un style toujours très direct, où le tutoiement est de rigueur.
Bousculée par la dégradation de la situation sécuritaire au Sahel, la CSE s’est recentrée ces quatre dernières années sur le Sénégal. Elle est également très active en Sierra Leone, son deuxième marché.
Sur ses terres, le groupe de la famille Sow, très connectée avec le monde politique, parvient encore à tirer son épingle du jeu. Mais il ne peut plus miser sur les appels d’offres pour se développer. « Sur chaque dossier, nous sommes en compétition avec dix groupes chinois ou turcs. On peut en battre un ou deux, mais certainement pas dix », constate le patron.
Il a par ailleurs connu une année de transition avec « l’achèvement de certains grands projets, comme la première phase de construction du train express régional (TER), dont le chantier doit reprendre en 2021 pour relier Diamniadio à l’aéroport Blaise Diagne », précise Massamba Gueye, son directeur général adjoint chargé des finances.
Pour inverser la tendance et contourner la question de la concurrence, le groupe mise sur les « offres spontanées », autrement dit les projets menés avec l’État au travers de partenariats public-privé où il se charge de trouver les financements.
Il devrait décrocher le très important chantier d’assainissement de Dakar, estimé à 114 milliards de F CFA. Les études sont faites et la signature officielle doit suivre. Dans la capitale sénégalaise, les eaux usées sont presque intégralement rejetées en mer sans traitement. Les canalisations seront posées sans creuser d’importantes tranchées grâce à un procédé innovant de micro-tunneliers.
C’est déjà la CSE qui avait construit au début des années 1980 la seule station d’épuration de Dakar, à Cambérène, au nord-est de la capitale. « D’ici à quelques années, le groupe pourrait devenir une sorte de Veolia sénégalais », imagine Amar Ly.
Mais la diversification la plus prometteuse concerne le secteur de l’énergie, qui connaît actuellement un formidable engouement à l’approche de l’entrée en production des champs gaziers situés à cheval sur les domaines maritimes du Sénégal et de la Mauritanie.
La CSE s’est déjà dotée d’une filiale, qui va vendre des services de transport maritime, de consignation de navires, de catering et de fourniture de main-d’œuvre aux acteurs pétroliers. « Nous répondons déjà à des appels d’offres », révèle le patron. Et beaucoup plus ambitieux : plusieurs sources confirment que le groupe familial souhaite se lancer dans la production d’électricité. Mais de cela, Oumar Sow refuse de parler, laissant de côté son habituelle convivialité.