Réseaux sociaux : après Buhari, Macky Sall monte au créneau

Alors que le président sénégalais souhaite de nouvelles lois sur le contrôle des plateformes, les internautes se retrouvent une nouvelle fois entre le marteau des dérives en ligne et l’enclume de la censure…

« Régulation » : depuis des mois, le mot plane au-dessus des géants du virtuel, qu’il s’agisse du contrôle des contenus éditoriaux ou des contributions aux systèmes fiscaux. Et les plateformes digitales de se vanter d’une autorégulation faite de « signalements », système qui ressemble encore à du saupoudrage. Certains États, notamment africains, entrent dans la danse, évoquant l’outrance politicienne sur les réseaux, les propos médisants voire menaçants, les fake news, les exhibitions portant atteinte aux bonnes mœurs ou encore les joutes vulgaires entre groupies de stars.

 
« Détruire la réputation »

Au Sénégal, où les réseaux sociaux sont reconnus comme des garants de la transparence des scrutins, Macky Sall dénonçait, au mois de mai, les gens qui se cachent derrière des claviers pour « détruire la réputation des personnes, des familles, gratuitement ». Le président annonçait avoir instruit le ministre de l’Économie numérique en vue d’établir des textes portant sur une régulation moins « faible » des médias sociaux.

Quelques semaines plus tard, Yankhoba Diattara semble marcher sur des œufs. Alors que le chef de l’État évoquait des « textes presque finis », le ministre noie le mâchoiron local dans l’océan d’une « problématique mondiale ». Alors que le pays de la Teranga a reculé de deux places dans le classement mondial de la liberté de la presse 2021 de Reporters sans frontières, le ministre insiste sur une « approche inclusive et participative » soucieuse « de la protection des citoyens, de leur dignité et de leur liberté ».
Jeu de dupes

Les citoyens africains se trouvent entre le marteau des dérives d’internautes irresponsables et l’enclume de censures étatiques. Les fins de campagnes électorales s’accompagnent souvent de suspension temporaire des réseaux sociaux plus ou moins justifiables. Début juin, le Nigeria a démontré l’effet boule de neige volontiers absurde des différents niveaux de régulation. Après que Twitter a osé supprimer un message du président Muhammadu Buhari jugé « non conforme » aux règles du service de microblogging, l’État nigérian a tout bonnement suspendu la plateforme au niveau national, évoquant d’obscures poursuites immédiates contre ceux qui violeraient l’interdiction du gouvernement fédéral.

Mais, de même qu’une seule main ne ramasse pas de la farine, un État ne peut pas réellement bloquer tous les internautes. Dans ce jeu de dupes, nombre de geeks nigérians ont trouvé le moyen technique de contourner l’interdiction, tandis que les moins doués en informatique déversent leurs critiques de la restriction sur les autres réseaux sociaux…

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