Les réseaux sociaux sont en ébullition, depuis que l’histoire du viol de la jeune écolière Louise, âgée de 15 ans, s’est ébruitée. Les internautes sénégalais sont unanimes : justice doit être rendue pour Louise. Au cœur du scandale, le fils de Cheikh Yérim Seck, Souleymane Sidy Seck. Il est le présumé auteur des faits.
Il aurait violé, filmé et partagé la vidéo de la jeune Louise. Son père qui devait tenir une conférence de presse, pour parler de l’affaire, l’a finalement reportée.
Une situation face à laquelle les féministes disent être sur le pied de guerre. C’est le cas de Maimouna Astou Yade, Juriste, spécialisée en genre, développement et droit humains, et membre du Collectif des féministes sénégalaises.
Dans cette interview avec Seneweb, elle décline sa position.
Que pensez-vous de l’affaire de viol qui fait l’actualité du moment ?
Nous avons été informées, depuis la semaine dernière, par la famille proche de la victime. Depuis lors, deux membres de notre collectif sont en contact direct avec la mère de la victime. Nous vous informons aussi que cette dernière a quitté la ville de Mbour avec sa fille, momentanément, pour fuir la pression, car elle ne compte pas reculer d’un iota par rapport à la plainte. Elle compte se battre jusqu’au bout pour l’honneur de sa fille.
Je pense que nous devons en finir avec l’impunité dans le combat contre les violences faites aux femmes et aux filles. Ce n’est pas seulement l’affaire des féministes, mais de tous les citoyens de ce pays. Nous n’avons pas oublié les cas précédents de viol et même de meurtre de femmes. Au Sénégal, on dirait que les violeurs ont le droit de se pavaner en toute liberté, sans être inquiétés. Souleymane Seck doit répondre de son crime, s’il est le coupable. Ce n’est vraiment pas notre problème, s’il est le fils de Cheikh Yérim Seck. Nous attendons du procureur l’instruction rapide du dossier pour que justice soit faite.
Le jeune Seck doit payer, pour avoir violé une fille mineure de 15 ans, pour l’avoir filmée et partager cette pornographie à large échelle. C’est une atteinte au droit fondamental à l’intégrité physique et morale de cette jeune fille.
Quelle est la position des féministes par rapport à cette affaire ?
La même, comme toujours ! Nous dénonçons les violeurs de ce pays et nous demandons que l’Etat condamne lourdement les actes de viol, conformément au Code pénal. Nous sommes fatiguées de l’impunité, lorsqu’il s’agit d’affaire de viol.
Pour rappel, nous nous sommes battues corps et âme dans l’affaire Ousmane Sonko et Adji Sarr, et nous revoilà au point de départ, pour des raisons qu’on n’arrive toujours pas à comprendre. Ce dossier peine à suivre la procédure normale prévue par la loi.
Notre position est toujours de rester aux côtés des victimes, de les soutenir et de les accompagner à tous les niveaux. Nous sommes en contact avec la famille et nous ne ménagerons aucun effort pour défendre cette fille, car la position de Cheikh Yérim Seck, pour nous, importe peu et nous serons au-devant pour porter ce combat et soutenir la famille de la victime.
Que comptez-vous faire pour accompagner la victime ?
Le collectif des féministes a déjà enclenché des discussions autour de cette affaire. Sur les plateformes digitales, nous animons déjà des panels pour entendre la position des Sénégalais et mobiliser le maximum de sympathisants autour de cette affaire. Nous serons présentes comme toujours. En tout état de cause, nous déploierons tous les moyens légaux pour apporter notre soutien à cette fille et à sa famille. La position sociale de Cheikh Yérim Seck ne nous fait pas peur ; c’est valable pour lui et pour tous les autres comme lui.
Que pensez-vous de la conférence de presse du père de l’accusé qui n’est personne d’autre que monsieur Cheikh Yérim Seck ?
Rire. Nous sommes curieuses d’entendre ce qu’il va bien nous servir, cette fois-ci. C’est quand même grave, dans un pays comme le nôtre, au XXIe siècle, que ton fils fasse circuler des vidéos porno d’une mineure de 15 ans et que toi, tu as le temps de convoquer une conférence de presse pour parler de l’affaire en plus.
On verra bien ce qu’il va nous dire. D’ici là, nous nous mobilisons pour que son fils soit traduit devant la justice.