06 décembre 2018 ! Ce jour-là, dans la tiédeur de la matinée dakaroise, une dame est arrêtée aux Maristes. Aïda Mbacké était accusée quelques heures plus tôt, de meurtre commis sur son époux. Près de trois ans plus tard, l’affaire refait surface tel un serpent de mer à la Chambre criminelle du Tribunal de Grande Instance de Dakar.
Evoquée hier, informe “Libération” online, le juge a procédé à un renvoi ferme de l’affaire au 06 octobre prochain, pour comparution des témoins « indispensables », selon lui, au procès pour la manifestation de la vérité. Rose Diémé et Moustapha Diop puisque c’est d’eux dont il s’agit, sont alors attendus sauf exception à la Chambre criminelle à cette date. Les voies du Seigneur étant impénétrables, c’est donc dans une cellule de la prison de Liberté VI (Dakar) que cette fille de marabout, a été extirpée pour faire face au juge.
En effet, après plusieurs péripéties et deux premiers renvois de l’affaire dont celle sollicitée par les avocats de l’accusée, le juge estime que le moment est alors venu, au risque de porter atteinte aux droits de l’accusée, de juger le dossier et d’en tirer toutes les conséquences de droit.
En détention préventive à la Maison d’arrêt et de correction pour femmes depuis plus de deux ans, l’accusée poursuivie pour meurtre au préjudice de son époux brûlé vif dans un appartement habité sis aux Maristes lors d’une dispute, continue de nier une partie des faits à elle reprochés.
A ce titre, alors que la sentence populaire s’était déjà abattue sur elle, Aïda Mbacké trouvait les ressources physiques de témoigner de sa bonne foi, indiquant lors de son audition devant le magistrat instructeur, qu’elle ne peut dire, avec exactitude, son mobile. « Je ne voulais pas le tuer. Je n’en avais pas l’intention. J’étais en colère quand il m’a annoncé sa seconde noce. Je ne pouvais plus me contrôler. J’ai agi sous le coup de la colère. Je lui ai dit puisqu’il avait pris une deuxième épouse, nous allions tous mourir », avait-elle confié au juge d’instruction, pour se dédouaner.
Mieux, tandis que le tribunal populaire lui attribuait l’utilisation d’essence pour mettre fin aux jours de son défunt mari, Aïda Mbacké répondait par la négative. « J’ai utilisé du diluant et non de l’essence. On l’avait acheté pour le vernissage des meubles de notre appartement », avait-t-elle soutenu devant le magistrat-instructeur. L’un dans l’autre, les circonstances de ce drame conjugal restent floues et seul un procès peut élucider la lanterne du juge et des parents du défunt.
Pour rappel, aussi brûlée aux doigts au moment où son défunt époux se débattait avec les flammes et la fumée, Aïda Mbacké a pu être sauvée. En revanche, son conjoint, Khadim Ndiaye, a succombé à ses blessures à la suite de cette crise de jalousie supposée, alors que le premier fils du couple venait de voir le jour.