Soudée et réjouissante, l’équipe de France a remporté samedi l’épreuve par équipes mixtes, concluant en beauté sa semaine olympique avec un 2e titre et une 8e médaille.
Si ça se trouve, à l’heure qu’il est, ils sautillent encore. Lors de leur victoire acquise samedi en finale de l’épreuve par équipes, les Bleus ont explosé de joie et n’ont cessé de rebondir et danser. Le tout à quelques mètres de Japonais placides, dans la victoire comme dans la défaite. Un Guillaume Chaine qui tente d’escalader la tribune pour rejoindre le reste de la bande, une Sarah-Léonie Cysique, auteure du point gagnant contre Tsukasa Yoshida, portée en triomphe par Teddy Riner, une ronde joyeuse et bondissante des six titulaires de la finale et des chants, beaucoup de chants, ces judokas-là étaient sur un nuage.
Leur béatitude est légitime : en battant 4-1 chez elle en finale des Jeux une équipe japonaise qui semblait intouchable, du haut de ses neuf titres remportés dans la semaine, les Tricolores ont réalisé un exploit aussi retentissant qu’historique, digne d’une victoire en Coupe du monde contre le Brésil au Maracana. Inédite aux JO, la compétition par équipe mixte n’avait jusqu’à présent été remportée que par les Nippons aux Mondiaux 2017, 2018, 2019 et 2021. Mais samedi, les Français ont dégagé quelque chose en plus. Un équilibre, presque une osmose. Tout simplement un esprit d’équipe. Sur les tapis comme en coulisses.
Réunis devant la presse, les douze membres de cette formation championne olympique, tout juste sortis d’une conversation téléphonique avec le président Emmanuel Macron, ont enchaîné vannes piquantes et messages euphoriques. Parmi lesquels celui de Teddy Riner, trop conscient de la portée de cette victoire : « Maintenant, on est liés, je n’oublierai jamais ce moment. On a fait quelque chose de grandiose pour l’histoire de notre sport. Le judo ici, c’est infernal. Je suis fier de vous, c’est un truc de fou. »
Ainsi s’est terminée la semaine olympique de cette équipe attachante et prometteuse. Comptablement, son bilan est plus que satisfaisant, puisqu’elle a égalé son record de podiums lors de mêmes JO en individuel (7). Le patron des Bleus, Larbi Benboudaoud, hésitait pourtant à savourer ce chiffre, ne voulant pas se faire griser par la note finale de cette symphonie de huit jours. « Ce bilan, on le savoure, a-t-il commencé. On finit avec une Marseillaise, c’est top. Mais on sait qu’il y a quelques médailles qui pouvaient être transformées. » Les finales perdues par Cysique, Amandine Buchard ou Madeleine Malonga avaient toujours samedi un arrière-goût d’inachevé.
En gagnant l’épreuve par équipes, les Français ont toutefois donné la réplique aux Japonais et envoyé un signal fort, celui d’un groupe conquérant qui comptera confirmer sa puissance à Paris dans trois ans. Mais le succès de samedi et ceux des précédents jours à Tokyo pourraient aussi représenter une bouffée d’air frais pour le judo français, en quête de nouveaux licenciés après la crise Covid. « J’espère qu’on a montré les belles valeurs de ce sport et qu’on aura plein de petites et petits judokas qui viendront, a déclaré Agbégnénou. Essayez ce sport, il est très dur mais il est magnifique. Il construit de belles personnes, des belles amitiés. » Et parfois même des victoires inespérées.