Après avoir dissimulé sa grossesse et accouché, seule, en catimini : Fatoumata Samba enterre son enfant à la Plage BCEAO de Yoff

Pour préserver son honneur, Fatoumata Samba a décidé d’abréger les jours de son nouveau-né issu d’une relation hors mariage. Cet acte lui a valu sa comparution, hier, devant le juge de la chambre criminelle de Dakar. Devant la barre, elle a nié avoir tué son enfant mais reconnaît l’avoir enterré à la plage  Bceao de Yoff. Le ministère public a requis 5 ans de réclusion criminelle à son encontre. Elle sera fixée sur son sort le 16 juin prochain.

Dans la tiédeur de la nuit dakaroise du mois de novembre, un terrible fait s’est déroulé au quartier de Yoff. Une femme ayant accouché vers 3heures du matin, sans assistance dans la pénombre à emmailloté son enfant avant de  l’enterrer dans la plage. Les faits se sont produits le 07 novembre 2018. Ce jour-là, les éléments de la brigade de ladite localité ont été alertés de la découverte d’un enfant de sexe masculin qui était inhumé sans aucune autorisation sur la plage BCEAO à Yoff. Sans crier garde, ils se sont rendus sur les lieux du crime pour le constat d’usage. Aussitôt, une enquête a été ouverte. Des investigations et des recoupements rondement menés ont porté le doigt sur Aminata Samba. Serveuse à Ouest Foire, l’accusée avait caché sa grossesse à toute sa famille y compris sa mère. Pis, chaque nuit, elle l’accompagnait faire des activités sportives. Seule sa meilleure amie, Mbarka Kounta, était au courant de cette grossesse. En effet, elle avait contracté cette grossesse des œuvres de son petit ami qui n’a pas accepté la paternité en lui suggérant de faire un avortement. Face aux enquêteurs, Fatoumata a fait croire aux hommes de l’art qu’elle avait accouché à la plage avant de l’y enterrer . Mais, conduite chez le juge d’instruction, elle a varié dans ses déclarations en disant à celui-ci avoir accouché chez elle avant de préciser de n’avoir pas ôté la vie à l’enfant qui, selon elle, est mort-né. C’est cette même arme de défense qu’elle a adopté, hier, devant le juge de la chambre criminelle du tribunal d’instance de Dakar.

Les aveux de l’accusée : «J’ai accouché par la suite dans les toilettes à 3h 25 minutes du matin mais le bébé ne respirait pas. C’était un mort-né. Je l’ai enterré tôt le matin, à 7h, à la plage BCEAO de Yoff»

Agée de 28 ans, Fatoumata Samba dite Fatou Sy n’était pas à sa première grossesse. Elle a déjà connu l’enfantement dès son premier mariage. Mais, fait-elle, croire, cette fois-ci, ce n’est pas elle qui a abrégé la vie de son enfant. « Cette nuit-là, j’ai commencé à avoir des contractions vers 1 heure du matin. J’ai accouché par la suite dans les toilettes à 3h 25 minutes du matin mais le bébé ne respirait pas. C’était un mort-né. Je l’ai enterré tôt le matin, à 7h, à la plage BCEAO de Yoff ». Interpellée par le juge sur le fait de ne pas avoir avisé sa famille dès qu’elle a senti les premières contractions, elle rétorque : « Je craignais d’alerter ma maman parce qu’elle, ainsi que mon père, n’était pas au courant de ma grossesse. Ma maman souffre de problèmes cardiaques. Seule ma meilleure amie savait que j’étais enceinte et elle avait pris l’engagement d’adopter le bébé une fois venu au monde. » Cherchant toujours un prétexte pour se soustraire des soupçons du juge, elle poursuit : « A partir de 22 heures personne ne sort de chez moi. Si je savais que j’allais mettre en péril la vie de l’enfant, j’aurais avisé ma famille. J’ai accouché dans les toilettes et par la suite, j’ai tout nettoyé. ».

Mbarka Kounta, meilleure amie de l’accusée : «Elle m’avait promis qu’elle allait me donner son enfant que j’avais prévu d’amener dans un orphelinat. Elle m’a dit qu’elle a accouché à l’hôpital d’un mort-né et que l’enfant a été enterré par les agents de l’hôpital»

Venue livrer son témoignage, Mbarka Kounta renseigne que, contrairement à ce qui s ‘est passé, son ami lui a fait croire qu’elle avait accouché à l’hôpital Philippe Maguilène Senghor de Yoff. « Elle m’avait promis qu’elle allait me donner son enfant que j’avais prévu d’amener dans un orphelinat.  Elle m’a dit qu’elle a accouché à l’hôpital d’un mort-né et que l’enfant a été enterré par les agents de l’hôpital. Ma maman qui n’était pas convaincue par cette thèse m’a dit d’informer la police. » Un crime n’étant jamais parfait, Fatoumata est allée servir une autre version à son Boss à qui elle a affirmé avoir enterré l’enfant au cimetière de Yoff et payé la somme de 35.000 francs au vieux qui l’a enterré.

Le représentant du parquet peste : «L’enfant n’avait jamais été touché par quelqu’un d’autre. Donc s’il a été retrouvé avec le crâne défoncé elle ne peut qu’être l’auteur»

Même s’il n’y a pas eu d’autopsie dans cette affaire car le corps était en état de décomposition très avancé, le médecin légiste a, tout de même, affirmé que le nouveau-né avait le crâne enfoncé. Suffisant pour que le substitut du procureur estime que ceci est l’œuvre de sa mère. Pour lui, les circonstances pendant la grossesse (dissimulation) et après l’accouchement plaident la thèse de l’infanticide. « Elle a accouché seule. Cela prouve qu’elle avait l’intention de se débarrasser de l’enfant qu’elle a enterré à la plage BCEAO. L’enfant n’avait jamais été touché par quelqu’un d’autre. Donc s’il a été retrouvé avec le crâne défoncé elle ne peut qu’être l’auteur », a déduit le maître des poursuites qui a requis la peine de 10 ans de réclusion contre l’accusée.

Pour les avocats de la défense, il n’y a aucun élément qui contredit que l’enfant soit mort-né. « Pour condamner pour infanticide, il faut prouver que la victime était vivante. Si elle avait l’intention de commettre l’infanticide, elle n’aurait pas avisé son amie qu’elle était à terme et qu’elle pouvait accoucher le même jour ou le lendemain. Il y a un doute mais elle a commis une infraction en inhumant sans autorisation et en mettant en danger la vie de l’enfant en accouchant dans les toilettes. Elle a un enfant de six ans, né d’un premier mariage», a plaidé l’un d’eux. En attendant de rendre son intime conviction le 07 septembre prochain, le juge a renvoyé Fatoumata Samba au fond de sa cellule du Camp pénal de Liberté VI de Dakar.

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