Dans une tribune publiée, ce lundi, les journalistes et doyens de la presse sénégalaise, Mamadou Amat et Papa Samba Kane (Psk), ont invité l’Ong Jamra, à « arrêter (son) cirque » faisant ainsi allusion au film polémique « Cirque noir » censuré suite à une plainte de Mame Makhtar Gueye & Cie.
« Depuis un certain temps, l’Ong Jamra a instauré la censure systématique sur des séries télévisées n’ayant pas son assentiment, bien aidée en cela par le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra). Des ailes l’ayant poussé sur le terrain de la censure à la diffusion, l’organisation veut maintenant étouffer dans l’œuf la création cinématographique en investissant son administration. Elle a annoncé en grande pompe, comme à son habitude, avoir signé une convention avec la direction de la Cinématographie. Celle-ci, on le sait, à travers le Fopica, finance la production de films », ont-ils écrit.
Amat et Kane ajoutent : « (…) si notre ami Babacar Diagne, président du Cnra, du haut de son expérience, cède presque toujours devant l’activisme débordant de Jamra, on voit bien d’ici l’embarras du tout nouveau directeur de la Cinématographie. Bref ! Jamra, ainsi donc, place ses pions un à un. Et de plus en plus de gens, notamment au sein de l’intelligentsia, y compris politique, et aussi malheureusement de la presse, semblent trouver normal que Mame Makhtar Guèye, leader autoproclamé (parce qu’il n’en est pas le président) de Jamra, remette systématiquement en cause des acquis obtenus, voire arrachés, de haute lutte au fil des ans dans un pays, le Sénégal, que son rayonnement culturel a souvent placé aux premiers rangs des grandes Nations du monde ».
Les journalistes disent attendre un programme alternatif des nouveaux gardiens de la morale créative. « En attendant, l’envie nous démange de leur lancer : «Messieurs les censeurs, arrêtez votre cirque !», ont-ils indiqué dans leur opinion.
Mamadou Amat et Pape Samba Kane précisent : « nous ne connaissons, ou si peu, ni Infidèles ni Maîtresse d’un homme marié, ni Cirque noir, ni aucune autre de ces séries systématiquement accusées de pervertir le Peuple sénégalais, pourtant habitué, à travers la toile mondiale, aux films occidentaux bien osés, sans en être devenu un Peuple plus «pervers» qu’un autre. Ou de dévaloriser la femme. Ou encore d’être coupables d’on ne sait quelle autre niaiserie. Pour ne pas succomber à la tentation de la perversité «matarienne», à l’instar de bien des Sénégalais – maîtres, eux, de leur télécommande – nous sommes suffisamment libres et responsables des chaînes que nous choisissons de regarder. Pour, si un programme ne nous plaît pas, zapper et regarder autre chose. Ou ouvrir un bouquin, tiens ! »