C’est connu. La Covid-19 a ralenti le monde avec un impact considérable sur nos habitudes de vie que personne ne pouvait imaginer. Toutefois, la nouveauté du virus et la surabondance d’informations dans les médias traditionnels et les réseaux sociaux ont rendu difficile l’identification de l’information fiable et digne de confiance pour le citoyen et, en même temps, a favorisé la circulation des rumeurs qui ont compliqué la communication de crise dans nos pays.
Selon beaucoup d’experts, la vaccination constitue «un rempart solide» contre cette Covid-19. Mais, préviennent-ils d’emblée, elle doit être accompagnée par une bonne communication, afin de garantir sa réussite.
Le professeur Tandakha Ndiaye Dièye a travaillé sur l’expérimentation et l’introduction de plusieurs vaccins en Afrique. Membre du Conseil consultatif sur les vaccins et la vaccination au Sénégal (Ccvs), l’immunologiste a relativisé la polémique autour du vaccin AstraZeneca au début et estime que le Sénégal doit poursuivre sa campagne de vaccination. Ce qui a été fait.
«Les vaccins anti-Covid-19 contribuent à la réduction de la morbidité et de la mortalité liées à la Covid-19 par la vaccination des populations cibles prioritaires. Nos objectifs sont de vacciner au moins 90 % de la cible prioritaire (personnel de santé de première ligne, personnes âgées de 60 ans et plus, personnes porteuses de maladies chroniques) d’ici fin 2021 et de notifier et de prendre en charge 100 % des cas de manifestation post-vaccinales indésirables (Mapi) graves constatées après la vaccination», a fait savoir le coordonnateur du Programme élargi de vaccination (Pev), Docteur Ousseynou Badiane.
Selon l’épidémiologiste et spécialiste en santé publique, Docteur Abdoulaye Kébé Dia, le vaccin est un médicament qui permet la prévention des maladies infectieuses. «Son rôle principal est de protéger l’individu contre une maladie bien déterminée. Toutefois, si l’individu attrape quand même la malade, le vaccin peut lui éviter l’évolution vers les formes graves. Ce rôle secondaire du vaccin est un élément très important dans le contexte pandémique actuel de la Covid-19. La prévention des formes graves de la Covid-19 permet de diminuer à la fois le taux d’hospitalisation et de mortalité dû à la Covid», a-t-il déclaré.
Cependant, il est de notoriété publique que les médicaments ont souvent des effets secondaires. Et pour ce vaccin contre la Covid-19, «les effets indésirables les plus fréquents sont la sensibilité du point d’injection, douleur au point d’injection, enflure du point d’injection, maux de tête, fatigue, douleur musculaire, malaise, fièvre, frissons, nausée et douleurs articulaires».
Directeur d’une radio communautaire à Pikine, dans la banlieue dakaroise, Mbagnick Diouf pense que la meilleure façon de faire face aux ‘’fakes news’’, c’est de riposter. Et cela doit être le travail des responsables de la vaccination qui seront accompagnés par les médias.
«On peut citer, par exemple, les éminents professeurs comme Moussa Seydi et Daouda Ndiaye pour lutter contre ces ‘’fakes news’’. Il appartient aux autorités de se préparer face aux rumeurs», propose le journaliste.
Avant de rappeler qu’«avec la poliomyélite, on disait que les deux gouttes qui sont administrées à l’enfant, c’est pour qu’il soit stérile. Aujourd’hui, l’histoire a donné raison à ceux qui étaient pour ce vaccin. Donc, pour la Covid, l’essentiel c’est de demander à toutes les autorités de se faire vacciner et demander aux chefs religieux de s’impliquer et essayer de revoir la communication pour déconstruire tout ce que les ‘’fakes news’’ ont déjà fait comme dégâts sur le terrain».
De l’autre côté, les membres de la Coalition des organisations de la société civile (Osc) exhortent l’Etat du Sénégal à valoriser leur travail en démédicalisant davantage la riposte, à reconnaître, pour le rectifier, que le système de santé ne se limite pas uniquement au ministère de la Santé et de l’Action sociale.
A les écouter, il est impératif d’impliquer tous les acteurs de la santé, allant du niveau stratégique au niveau communautaire. En sus de revoir les nouvelles politiques de prise en charge des cas de Covid-19 et penser à une stratégie hardie de vaccination visant à immuniser au moins 60 à 70 % de la population.
Quoique la prise de conscience individuelle et collective soit nécessaire. A preuve, la létalité du variant Delta a sans doute suscité cette prise de conscience de la population en général. Cela s’est traduit par le respect des mesures barrières et la ruée vers la vaccination. Laquelle connaît, depuis quelques mois, un ralentissement.
Alors que la Covid-19 a créé, en un temps record, des changements importants dans les habitudes de vie, les moyens de prévention avec gestes barrières qui, si elles sont respectées par 80% de la population feront disparaître le virus. Mais, malheureusement, le respect de ces barrières pose problème.
Avec la recrudescence des cas, la rapidité de la transmission avec une large circulation du virus dans la communauté, l’augmentation des cas graves et des décès, selon un rapport partagé avec l’Association des journalistes spécialisés en santé, population et développement (Ajspd), «la vaccination constitue un immense espoir pour les populations» et une bonne communication aiderait à obtenir l’adhésion de la majorité des Sénégalais et arriver à une immunité collective.