A l’ouverture du 3e Forum des parties prenantes du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent (GIABA) sur les nouvelles problématiques mondiales de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT), ainsi que les implications pour les Etats membres du GIABA, son président Kimélabalou Aba a assuré que le “GIABA ne sera pas en mesure de conclure à temps le présent cycle d’évaluations mutuelles qui doit impérativement prendre fin en 2024”.
Et pour cause ! Le GIABA n’a pas cessé d’être confronté à des défis majeurs. Notamment l’insuffisance criarde du personnel technique compétent du Secrétariat du GIABA chargé de coordonner les évaluations mutuelles, avec pour corollaire le retard dans la finalisation des différentes versions des rapports d’évaluation mutuelle (REM) pour adoption à la plénière, la qualité rédactionnelle et la cohérence desdits rapports, l’inexpérience de certains experts évaluateurs issus des Etats membres qui ne maîtrisent pas suffisamment la méthodologie d’évaluation ou ne dédient pas le temps suffisant à l’exercice.
La rédaction des projets de REM par ces experts évaluateurs avec des conclusions sans cesse discutables, entraînant de multiples retards et reports dans la planification, la participation non significative des délégués des Etats membres aux commentaires et aux discussions sur les REM pendant la plénière.
Un autre défi majeur, avec l’impossibilité des voyages, l’interdiction des réunions d’une grande taille s’est imposé au groupe, à savoir la pandémie de la Covid-19.
D’ailleurs, le juge Aba reconnait que “la situation dans le réseau mondial de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT) du GAFI (Groupe d’action financière) lui vaut d’être mis sous un programme d’amélioration de son efficacité en matière d’évaluations mutuelles et de rapport de suivi par le Groupe d’action financière (GAFI) depuis le début de cette année (février 2021)”.
Malgré toutes ces contraintes, le Secrétariat du GIABA a déroulé ses programmes et obtenu des résultats probants.
“Ainsi, au titre des évaluations mutuelles, principale mission du GIABA, neuf rapports d’évaluation mutuelle sur les 17 pays membres du GIABA ont été adoptés de 2017 à ce jour (Ghana, Sénégal, Cabo Verde, Burkina Faso, Mali, Sierra Leone, Bénin, Nigeria et Niger). Trois évaluations mutuelles sont en cours de finalisation. Il s’agit de celles de la Guinée-Bissau (dont le REM sera adopté en février 2022), du Togo et de Gambie dont les REM seront adoptés au cours de la plénière de mai-juin 2022. Les évaluations de la Côte d’Ivoire et du Liberia auront lieu respectivement en mars et en août 2022. Quant aux autres pays membres, à savoir la Guinée, l’Union des Comores et Sao Tomé et Principe, leurs évaluations mutuelles seront conduites au cours des années 2023-2024”, a soutenu le juge Aba.
S’agissant des évaluations nationales des risques (ENR), il affirme que “12 pays ont achevé leurs exercices et adopté des plans d’action basés sur les risques de BC/FT identifiés, tandis que les cinq autres pays restants, dont trois de la CEDEAO, sont à divers niveaux de finalisation de leurs évaluations”.
Ainsi, durant trois jours que durera le forum, la mission du GIABA, les concepts de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, les évaluations mutuelles, les problématiques émergentes de BC/FT, le programme d’amélioration de l’efficacité du GIABA, entre autres, vont permettre aux participants de bien cerner les contours des difficultés de l’institution.