Agé de 20 ans, Soriba Diakhaby, reconnu coupable de viols et de collecte illicite de données à caractère personnel par le Tribunal de Grande Instance de Tambacounda statuant en matière criminelle, est condamné à 10 ans de réclusion criminelle et à verser une amende ferme de 10 millions de francs Cfa.
Jugé à la barre de la Chambre criminelle du Tribunal de Grande Instance de Tambacounda, lors de la dernière session de l’année 2021, Soriba Diakhaby, élève en génie mécanique, qui avait contesté les faits de viols, violences et voies de fait, et plaidé coupable pour la collecte illicite de données à caractère personnel, a connu son sort. La Chambre criminelle l’a reconnu coupable de viols et de collecte illicite de données à caractère personnel. Elle a prononcé contre lui 10 ans d’emprisonnement ferme et une amende de 10 millions de francs Cfa. Il doit verser à la partie civile A. Diakhaby, la somme de 500 000 FCfa pour causes et préjudices confondus. Dans cette affaire, il est ressorti des éléments de l’enquête préliminaire, que le 27 janvier 2021, la dame Bineta Diallo s’est présentée au Commissariat central de Tambacounda, en compagnie de sa nièce A. Diakhaby.
Elle indiquait que celle-ci avait été victime de viol et de chantage de la part de son cousin nommé Soriba Diakhaby. La tante déclarait que celui-ci avait pris des photos des parties intimes de sa nièce et menaçait de les publier. Convoqué au poste de police, le prévenu avait catégoriquement nié les faits. Il avait soutenu qu’A. Diakhaby était sa petite-amie et les rapports sexuels étaient consentis. Il avait aussi reconnu avoir pris, par contrainte, des photos intimes de la jeune fille, mais, s’était empressé de préciser qu’il ne les avait pas publiées.
L’exploitation du téléphone portable de l’accusé avait permis de découvrir dans la corbeille, en sus des photos obscènes d’A. Diakhaby, d’autres photos de trois filles dénudées. Une enquête avait permis de les identifier. Entendue à son tour, la plaignante âgée de 20 ans avait déclaré qu’elle et le prévenu habitaient dans la même maison. Elle avait avoué être en couple avec l’accusé et qu’après un premier refus, elle avait accepté d’entretenir un rapport sexuel avec lui. Ensuite, un jour, alors qu’elle prenait son bain pour aller à l’école, le mis en cause l’a trouvée dans les toilettes et lui a demandé de lui ouvrir la porte. Devant son refus, Soriba a escaladé le mur pour abuser d’elle. Elle a soutenu qu’une autre fois, Soriba l’a invitée à se promener.
Arrivé dans un lieu désert, il lui a demandé de le suivre dans une maison en construction. Ayant refusé et essayant de s’enfuir, son cousin l’a rattrapée, traînée de force dans le bâtiment et, sous la menace d’un bâton, l’a encore violée. Il l’a ensuite clouée au sol, avant de prendre plusieurs photos de ses parties intimes. Toujours selon la plaignante, le lendemain, le prévenu a confisqué son téléphone et lui a intimé l’ordre d’entretenir encore des relations sexuelles avec elle, à défaut de quoi, il partagerait ses photos. Mettant à exécution ses menaces, l’inculpé avait alors transféré les photos obscènes à Daouda Coulibaly, petit ami de la jeune demoiselle. Terrifiée, elle s’en était ouverte à sa tante.
Daouda Coulibaly, entendu, a confirmé avoir reçu les photos obscènes de sa copine de la part du mis en cause. Même modus operandi pour trois autres victimes Les autres filles identifiées dont les photos nues se trouvaient dans le téléphone du prévenu, ont été entendues par la suite. Il s’agit de C. Seck, élève en classe de terminale, F. Cissé et N. Tandian. En ce qui concerne C. Seck, l’accusé a utilisé le même modus operandi. Elle a fait savoir qu’elle est sortie avec le mis en cause et qu’un jour, celui-ci l’a invitée à se promener. Parvenus à un endroit désert, il lui a proposé d’entretenir des relations sexuelles à l’intérieur d’un bâtiment en construction. Ayant décliné sa proposition, C. Seck a alors vu son amoureux s’en prendre à elle violemment. Il lui a arraché son sac à dos, avant de la traîner de force à l’intérieur, de la déshabiller et de la violer.
Deux jours après, Soriba a encore agi de la sorte avec la fille. Il a arraché son sac, l’obligeant à le suivre jusqu’au même bâtiment. Une fois sur les lieux, il l’a frappée, trainée de force à l’intérieur avant d’abuser d’elle à nouveau. Mais cette fois, l’accusé avait pris le soin, sous la contrainte, de prendre des photos intimes de C. Seck. Avec celles-ci, il la faisait chanter, en menaçant de les publier, si elle le quittait.
F. Cissé, âgée de 18 ans, a déclaré, lors de son audition, qu’elle est sortie avec le prévenu, mais étant donné que ses parents ne voulaient pas de cette relation, elle a rompu avec lui, ce que ce dernier ne parvenait pas à accepter. Elle a ajouté qu’elle avait rencontré Soriba un jour vers 21 h et il lui avait aussitôt pris la main pour la tirer dans le foyer des jeunes. Une fois à l’intérieur, Soriba l’a forcée à se déshabiller, en la frappant avec un câble.
Il l’a ensuite photographiée nue avant d’abuser d’elle sexuellement. F. Cissé a confié que c’était la seconde fois qu’il faisait cela. Quant à N. Tandian, elle a dit qu’elle n’entretenait aucune relation avec le prévenu, que ce dernier sortait avec son amie F. Cissé. Elle a déclaré ensuite qu’un jour, vers 21 h, Soriba l’a appelée au téléphone pour lui demander de le retrouver devant chez elle. Ensuite, il l’a tirée de force vers la carrière, en lui disant qu’il était armé de couteau. Une fois dans cet endroit, brandissant un couteau, il a exigé qu’elle se déshabille, avant de prendre en photo son sexe. Ensuite, selon Nasta, il a frotté sa vulve avec sa main en introduisant légèrement son doigt. Durant son interrogatoire au fond, l’inculpé a nié tous les faits, en soutenant que les trois filles étaient consentantes. Il a prétendu également qu’elles n’avaient pas montré d’opposition concernant les photos. S’agissant des clichés obscènes d’A. Diakhaby envoyés à Daouda Coulibaly, il a déclaré l’avoir fait par mégarde.
Pour N. Tandian, il a reconnu que, dans une intention vindicative, parce qu’elle l’avait traité d’impoli, il l’a forcée à se déshabiller et il a photographié ses parties intimes. Dans son réquisitoire, le parquetier a relevé que les plaignantes ne se connaissent pas, n’habitent pas dans la même localité, mais, ont toutes dit la même chose. Le modus operandi est le même. Selon lui, cela ne peut guère être une coïncidence. C’est pourquoi, loin de croire aux dénégations du prévenu, il le croit coupable de tous les chefs d’inculpation. Il a requis contre lui 20 ans d’emprisonnement ferme.