15 ans de réclusion criminelle, c’est la peine requise par le Ministère public, hier, contre le sieur Mbaré Sy. Accusé de meurtre sur son fils Ibrahima Sy, le prévenu comparaissait, hier, à la chambre criminelle de Dakar. Il a déclaré avoir été sous l’emprise de trouble psychique au moment des faits. Mais la thèse de l’accusé n’a pas convaincu le Ministère public, qui indique qu’il n’a en aucun moment été rapporté que Mbaré était en état de démence, lorsqu’il commettait son acte. Il sera élucidé sur son sort le 18 janvier prochain.
Bien qu’il ait évoqué la démence à la barre de la chambre criminelle où il comparaissait, hier, Mbaré Sy risque tout de même une peine de 15 ans de réclusion criminelle. Poursuivi pour meurtre sur la personne de son fils Ibrahima Sy, le boulanger Mbaré Sy a profondément regretté son acte. Or, de l’avis du représentant du ministère public qui a requis cette lourde sentence à son encontre, le malade mental n’éprouve jamais un sentiment de regret lorsqu’il commet un acte. Car, estime-t-il, celui-ci ne dispose pas des facultés mentales qui lui permettront de mesurer la gravité de ses faits. En effet, les faits qui valent au sieur Mbaré Sy son face à face avec le juge se sont passés à Rufisque au courant du mois de mai 2019. L’accusation relate que le jour des faits, Ibrahima Sy provoquait son père qui se trouvait dans sa chambre. Car, il ne cessait de l’insulter en donnant des coups sur la porte. Cependant, son géniteur qui avait avec lui un poignard, a bondi sur lui avant de lui sectionner la carotide avec un coup de couteau. Après avoir froidement atteint son fils à la carotide, il est resté tranquillement dans sa chambre. Ainsi, ce sont ses frères qui ont accouru pour sauver la victime, Ibrahima Sy. La victime est passée de vie à trépas ; il n’a pas survécu à ses blessures, avant qu’il ne soit admis à l’hôpital. Et il ressort des conclusions de l’homme de l’art, en l’occurrence le médecin, qu’il est est mort des suites de plaies cervicales pénétrantes et de la section de la carotide.
C’est, hier, qu’il a été appelé à la barre de la chambre criminelle de Dakar pour justifier son acte inscrit permis les plus ignobles. Au parloir, Mbaré Sy n’a pas nié avoir administré à son fils le coup de couteau qui lui a coûté la vie. Cependant, il a indiqué qu’il n’avait aucunement l’intention d’abréger la vie de son fils. À en croire l’accusé, âgé de 52 ans, celui-ci l’a trouvé dans sa chambre pour le provoquer. « Il toquait violemment à la porte et m’injuriait alors que je dormais », explique Mbaré Sy. La voix pleine d’amertume, il renchérit : « J’avais juste l’intention de le redresser afin qu’il se mette sur le droit chemin. Il était têtu et n’obéissait pas à mes ordres. Tout ceci est l’œuvre de Satan. C’est trop dur pour moi parce que c’est moi qui suis le plus grand perdant dans cette histoire !” Contestant les résultats de l’autopsie, l’accusé soutient avoir planté le couteau à la tête du défunt.
Les déclarations de l’accusé contrastent avec celle de la partie civile et non moins mère du défunt. Car, devant le juge, cette dernière a renseigné que la victime était tout pour son père. « Il prenait soin de lui. C’est mon défunt fils qui lui donnait à manger, nettoyait sa chambre, lui faisait prendre son bain et lui confectionnait des habits puisqu’il était tailleur», confie-t-elle. S’agissant des troubles psychiques qui ont été évoqués par l’accusé, la dame Bodian informe que c’est ce qui est à l’origine de son divorce d’avec celui-ci. « Après avoir quitté la maison il y a 20 ans, les gens m’ont écrit une lettre en me faisant part d’une maladie psychique dont il souffrirait. Je lui ai rendu visite à Teunguedj (Rufisque, ndlr) et je l’ai trouvé dans un piteux état. Il était complètement fou et il était tout en haillons. Le jour des faits, on m’a juste informé que mon fils a été poignardé par son père. Et il est décédé avant que je n’arrive à Teunguedji.»
Dans ses observations, le maître des poursuites a souligné que la thèse de la démence ne peut pas prospérer dans cette affaire. Pour lui, rien ne démontre que l’accusé était sous l’emprise de troubles au moment où il commettait son acte criminel. « Nous n’avons aucune preuve de responsabilité. Il n’a pas été rapporté qu’il était en trouble psychique au moment des faits. Mieux, quand le malade mental commet un acte, il n’éprouve aucun remords à l’avenir contrairement à l’accusé qui a exprimé ses regrets devant les enquêteurs et aujourd’hui, à la barre. Le malade mental ne peut pas cohabiter avec les membres de sa famille », soutient le parquetier qui reste convaincu que Mbaré Sy n’était pas en état de démence lorsqu’il tuait son fils. Par conséquent, il a demandé au tribunal de le déclarer coupable du crime de meurtre et de le condamner à une peine de 15 ans de réclusion criminelle.
Les débats clos, la chambre a mis l’affaire en délibéré au 19 janvier prochain.