Selon la presse, le chef de l’Etat, Macky Sall, aurait déjà « fait ses adieux » à ses ministres lors de la dernière réunion du Conseil des ministres, mercredi dernier. Ce, après avoir tenu celle du 26 janvier, « dans une ambiance peu tendue ». Un moment critique pour les membres du gouvernement, surtout dans ce contexte de lendemain d’élections locales marquées par une percée significative de l’opposition.
« Préparez vos dossiers. Le gouvernement aura un Premier ministre ». C’est, à en croire L’Obs, le « message bref et lapidaire » lancé par Macky Sall à l’endroit de ses ministres, lors du premier Conseil des ministres d’après élections territoriales. Mercredi, 2 février dernier, il leur aurait également fait ses « adieux », annonçant la formation, dans les prochains jours, d’un nouvel attelage gouvernement.
En effet, le retour du poste de Premier ministre déjà entériné, le 10 décembre 2021, par l’Assemblée nationale avec 92 voix pour, 2 contre et 8 abstentions, nécessite une dissolution du gouvernement et la formation d’un autre. Par conséquent, certains ministres ne sont en fait qu’en sursis, en attendant la prochaine décision présidentielle attendue dès son retour d’Addis Abeba où il sera installé à la tête de l’Union africaine. D’ailleurs, l’après élections Locales avait été guetté par certains observateurs qui s’attendaient, parmi les mesures à prendre dans l’immédiat par le chef de l’Etat, au remaniement. En lieu et place d’un chamboulement de son équipe gouvernementale, Macky Sall a plutôt présidé la réunion du Secrétariat national de son parti, l’Alliance pour la République (Apr) pour non seulement « féliciter » les militants et responsables, mais aussi les inviter à « resserrer les rangs, à faire preuve, là où cela est nécessaire, d’esprit de dépassement et de grandeur » et à « travailler ensemble, main dans la main », afin d’« assurer de futures victoires ». Cependant, ce serait aller vite en besogne que de penser que Macky Sall a abandonné son idée de procéder à un remaniement ministériel, alerte un de nos informateurs. D’ailleurs, ce dernier rappelle que « trois possibilités s’offrent au Président Macky Sall. Il peut reconduire le même gouvernement avec un Premier ministre comme seule nouveauté, il peut également en profiter pour remplacer un ou une bonne partie des ministres ou, troisièmement, procéder tout simplement à un jeu de chaises musicales, c’est-à-dire mettre des ministres à la tête d’autres départements au sein du même gouvernement ». Il explique que le chef de l’Etat, qui a le temps nécessaire d’observer tout ce qui bloque les activités gouvernementales, ainsi que les ministres qui apparaissent à la traîne dans le traitement des dossiers, peut donc corriger tout ça avec le prochain gouvernement qui sera en place.
Retour du poste de PM : ce qui va changer
Selon Ismaïla Madior Fall, ancien ministre de la Justice, s’il est promulgué, le texte rétablissant la fonction de Premier ministre va intégrer la Constitution qui sera modifiée.
« On va définir dans la Constitution les modalités de nomination du PM, sa révocation, son rôle dans l’exercice du pouvoir exécutif. Et, enfin, il y aura un changement dans les rapports entre l’exécutif et le législatif », a-t-il ajouté. Quoi qu’il en soit, le Sénégal va assister à un système exécutif à deux têtes. Cette restauration « vient adapter l’organisation du pouvoir exécutif à un nouvel environnement économique et socio-politique », indique l’exposé des motifs. Il s’accompagne notamment de « la réintroduction de la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée nationale » et « le pouvoir de dissolution de celle-ci dévolu au président de la République ».
La suppression de ce poste, il y a deux ans et demi, avait pris les Sénégalais de court. La réforme, contestée par l’opposition, n’avait pas été évoquée durant la campagne pour la présidentielle de 2019. Objectif affiché du chef de l’État à l’époque : gagner en efficacité. « Ce qui a changé la stratégie, c’est que nous n’avons pas avant 2019 vécu une crise aussi vaste et aussi grande que la pandémie du Covid-19 », a résumé, sur Rfi, le Secrétaire général du gouvernement, Abdou Latif Coulibaly.