Des morts et des blessés, monceau d’équipements détruits, exode massif de réfugiés : 10 jours après le début des bombardements de l’armée en Casamance, le bilan humain et matériel de l’un des plus vieux conflits d’Afrique donne le vertige.
Depuis la nuit du 13 au 14 mars dernier, l’armée sénégalaise mène des opérations visant à démanteler les bases MFDC de la faction du chef rebelle Salif Sadio. Le lourd bilan qui s’esquisse après 10 jours de conflit témoigne de l’intensité des combats. Si les données disponibles sont sujettes à caution, les rebelles tout comme les forces armées essuient indéniablement des pertes.
Les combats ont provoqué des déplacements de populations dans la zone frontalière. 6 350 déplacés et réfugiés ont été enregistrés au total dans la zone du Foni Kansala, au sud de la Gambie, selon les chiffres de l’Agence nationale de gestion des crises à Banjul depuis le début de l’opération militaire. Le Foni Kansala, en territoire gambien, est frontalier de la Casamance et proche de la zone où se déroulent des combats entre l’armée sénégalaise et des rebelles du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), qui lutte, de- puis 1982, pour l’indépendance de cette région. Parmi eux, une majorité 4508 personnes sont des déplacés internes, donc des ressortissants gambiens. «61% des ménages sont dirigés par des femmes», ajoute l’agence officielle, qui indique que «ces personnes ne peuvent plus rester dans leurs maisons à cause de la proximité des combats et des implications globales des affrontements en cours ». 543 ménages ne reçoivent aucune aide ont aussi fui les combats.
Le gouvernement gambien a promis d’aider les personnes déplacées et le président Adama Barrow a ordonné des patrouilles renforcées près de la frontière, affirmant qu’il protégerait le petit Etat «contre toute menace étrangère». Les rebelles casamançais, accusés de trafic de bois et de cannabis, se sont souvent réfugiés en Gambie ou en Guinée-Bissau, qui a également une frontière commune avec le Sénégal.
Une trentaine d’écoles fermées
Les opérations de démantèle- ment des bases du MFDC en Casamance n’ont pas seulement pour conséquence le déplace- ment des populations. Plusieurs écoles dans le département de Bignona sont fermées. Une trentaine d’écoles et deux CEM sont dénombrés à Bignona. « Les parents sont partis se réfugier ailleurs avec leurs enfants. La situation ne permettait plus le fonctionnement de certaines écoles au niveau de l’élémentaire. Comme mesure conservatoire, en rapport avec IEF, nous avons décidé de suspendre les cours dans les zones où il y avait des bombardements pour éviter des victimes collatérales”, renseigne l’inspecteur d’académie de la Région de Ziguinchor sur la Rfm. Cheikh Faye d’indiquer qu’au-delà de cette mesure, beaucoup de fa- milles se sont déplacées. “Certaines vers la Gambie, d’autres dans le département de Bignona. C’est ainsi que nous avons une trentaine d’écoles dans cette bande là des communes comme Sindian, Oulampane, et Djibidione, qui sont fermées, de même que deux autres CEM des localités”, a-t-il expliqué. Pour les élèves déplacés dans le territoire sénégalais, il a été mis en place des structures d’intégration dans les écoles des localités d’accueil, afin qu’ils puissent poursuivre les enseignements, a-t-il fait sa- voir. “Des classes spéciales pourraient être construites dans ces écoles d’accueil, pour y dé- ployer les enseignants déplacés”, ajoute Cheikh Faye, qui s’inquiète également du sort des enfants qui sont en Gambie.
4 rebelles et 2 soldats tués
Le bilan des combats entre soldats sénégalais et rebelles de la Casamance a évolué. En effet, l’armée nationale, qui a déclenché une offensive contre les éléments du MFDC depuis dimanche dernier, a tué, ce jeudi, quatre combattants de Salif Sadio. Mal- heureusement, durant les affrontements à Batingaye, un deuxième Jambaar, qui a été touché lors des affrontements, a succombé durant son évacuation. Ce qui fait deux pertes du côté de l’armée nationale. Les Jambaars par ailleurs ont réussi à conquérir des bases arrières de Salif Sadio et certains de ses camps. Les combats continuent et l’armée poursuit ses bombardements contre Salif Sadio qui l’a défiée publiquement et à de nombreuses fois dès que l’occasion lui est offerte.