Implanté depuis plus d’un an, ce projet d’aquaponie initié par la fondation Veolia poursuit son avancée. L’institution a, au côté de l’Agence Nationale de l’Aquaculture, procédé à l’empoisonnement d’un bassin qu’elle a érigé pour les femmes de la localité, il y a plus d’un an. Par ailleurs, la fondation a, par la signature d’une convention avec des GIE de femmes, officialisé la mise sur pied d’un projet identique avec des moyens techniques plus importants.
Nous sommes à la ferme Monseigneur Aloyse Kobès situé dans le village de Mbodiène dans la région de Thiès. Cet endroit porte le nom de l’évêque catholique français mort en 1872, pour la simple et bonne raison qu’il est entretenu par la Congrégation des filles du Saint-Cœur de Marie, un ordre créé par l’homme religieux. Ici, les sœurs y cultivent des légumes tels que les melons, de la salade, le gombo et le piment. Au milieu de ce champ, un bassin piscicole hors-sol a été construit 3 mètres au-dessus de la terre.
La particularité de cet étang est que l’eau fertilisée par les excréments de ces poissons sert à arroser les cultures environnantes. Mais la structure, qui contenait auparavant des poissons, s’est vidée au fil du temps entre les ventes et les pertes. Initiateur de ce projet d’aquaponie, la fondation Veolia, accompagnée d’une forte délégation, a assisté à l’empoissonnement de ce bassin avec 4600 alevins de Tilapia. Par ce geste, les filles du Saint-Cœur de Marie, constituées en groupement d’intérêt économique (GIE), pourront poursuivre leurs activités pour leur plus grand bonheur. « La congrégation des filles du Saint-Cœur de Marie vous traduit toute sa gratitude pour votre présence à nos côtés et votre détermination à nous soutenir dans notre engagement à investir dans l’aquaculture. Malgré les failles de la première expérience, la fondation Véolia a tenu à nous accompagner jusqu’au bout. Nous tenons à signaler que l’échec n’a pas été total. En effet, nous avons pu effectuer une fructueuse pêche à Dakar, Thiès, Joal et Fadiouth et le poisson a été très apprécié », s’est réjouie mère Marie Diouf de la congrégation des filles du Saint Cœur de Marie.
Ayant démarré le projet il y a plus d’un an, les filles du Saint-cœur de Marie avaient été confrontées aux défis de l’entretien du milieu de vie de ces espèces halieutiques. Une tâche qu’elles avaient surmontée avec difficultés en raison de leur inexpérience dans le domaine mais aussi à cause d’un manque d’accompagnement.
Afin de pallier ce besoin, la fondation Veolia a noué plusieurs partenariats dont celui avec l’Agence Nationale de l’Aquaculture (ANA). La directrice générale, le docteur Tening Sène, est revenue sur l’apport de la structure dans le projet : « Avec la fondation Veolia, nous faisons l’identification des sites ensemble, de même que la conception du projet. L’ANA est aussi chargée d’empoissonner comme aujourd’hui avec les 4600 alevins. Nous sommes chargés de former les techniciens et d’encadrer tout le volet global du projet ».
Cette initiative n’est pas la seule du genre dans le village. A quelques kilomètres de la ferme Monseigneur Aloyse Kobès, on retrouve le même décor. Le lieu est géré par un autre GIE répondant au nom de Ndamir. Pour les femmes de ce groupement, ce projet est d’un apport considérable et participe au développement économique de cette bourgade. « Nous avons besoin de travailler et nous sommes dans un village où nous n’avons pas beaucoup d’activités. Le fait d’avoir un bassin va nous ramener du poisson et faire de la culture maraîchère qui intéresse beaucoup les femmes et je pense que nous ne pouvons qu’être optimistes pour la suite », a déclaré Philomène Daniba, présidente du GIE Ndamir.
Volet formation
Toujours dans la volonté d’assurer une meilleure productivité piscicole, la fondation Véolia a fait appel aux services de l’institut océanographique Paul-Ricard afin que des formations soient dispensées aux bénéficiaires de ce projet dans le but de réduire le taux de mortalité des poissons élevés.
Se basant sur un prêt d’honneur, lié au fait que le taux d’intérêt soit de 0%, le coût de chaque projet est estimé à 28 216 340 francs Cfa. Une démarche que la fondation Veolia aurait adoptée dans le but de créer un cercle vertueux en utilisant le remboursement de ces femmes pour implanter d’autres projets de ce genre partout où le besoin se fera ressentir.
Heureux des efforts accomplis jusqu’à présent, le directeur général de la fondation Veolia, Thierry Vandevelde s’est penché sur la singularité de cette initiative : « Le projet tel qu’on l’a conçu est à la fois technique et, j’insiste sur ce point, économique. L’idée est d’accompagner ces GIE de femmes en leur octroyant un prêt à taux 0. Et nous n’exerçons pas de pression mais l’idée est que ces GIE puissent rembourser ce prêt par la vente de légumes et de poissons. Le remboursement ne retourne pas dans les caisses de la fondation Veolia, il servira à créer un fond revolving et avec les sous remboursés on pourra faire d’autres actions et d’autres bassins. »
Cette journée a aussi été marquée par la signature de deux conventions avec le groupement des femmes de Pékesse et celui de Ndiaganiao. Ces femmes bénéficieront de 4 bassins piscicoles et de 2 hectares de maraîchage, soit le double de ce qui a été fait jusqu’à présent. Une nouvelle qui a été bien accueillie par les bénéficiaires qui n’ont pas manqué d’exprimer leur joie à travers des pas de danses sur des sonorités locales.