Coumba Diouf risque de passer le restant de sa vie en prison. La cause : le représentant du Ministère public a requis, hier, à son encontre une peine de réclusion criminelle à perpétuité. Elle est accusée par sa belle-mère, Moukha Al Wazi, de l’avoir violentée, traînée par terre puis menacée avec un couteau avant de la contraindre de lui remettre ses biens qui se trouvaient dans son coffre. Le tribunal rendra son verdict le 19 avril prochain.
La ressortissante libanaise Moukha Al Wazi ne sera pas fière de son fils Hamid Sackre. Alors qu’elle a envoyé ce dernier la représenter au procès qui l’oppose à sa belle-fille et non moins épouse de celui-ci, son fils a tenté de disculper sa femme à son détriment. Hélas, sa machination risque de ne pas porter ses fruits car, si le juge suit le réquisitoire du Parquet, il ne verra plus jamais son épouse à ses côtés. En effet, le maître des poursuites a requis contre Coumba Diouf une peine de réclusion criminelle à perpétuité. Les faits, qui lui valent ce sévère réquisitoire remontent au 4 novembre 2019.
En fait, il résulte de l’information que, ce jour-là, une vieille de 88 ans avait déposé une plainte pour violences avec une incapacité temporaire de travail de 25 jours et vol. Elle soutenait qu’une dame l’avait prise au dépourvu dans sa chambre avant de la tirer de son lit. Et, avant qu’elle ne réagisse, la femme qui l’a agressée lui a tiré les cheveux, l’a violentée, traînée par terre puis menacée avec un couteau. Ainsi, racontait-elle, son bourreau l’a éconduite de sa chambre jusque-là où se trouvait son coffre à bijoux, avant de lui demander de l’ouvrir.
Selon la victime, son agresseur a volé 4.000 dollars, des bijoux en or, des diamants etc., le tout estimé à 50.000.000 de francs CFA. Elle déclare que ses bijoux lui ont été légués par sa mère et sa grand-mère. Poursuivant sa complainte, elle renseigne que l’auteure des faits s’est servie de clés pour ouvrir la maison. Des allégations confortées par l’enquête qui a révélé qu’aucune effraction n’a été notée sur la porte. Ainsi, l’enquête menée a porté le doigt vers sa belle-fille Coumba Diouf. Cette dernière a été trahie par la vidéo surveillance de la maison.
Coumba Diouf déclare que c’est sa belle-mère, Moukha Al Wazir, qui lui avait volontairement remis les bijoux à titre de donation pour petite fille
Cueillie et entendue, Coumba Diouf révèle avoir volé les biens de sa belle-maman. Ce, avant de revenir dans ses déclarations devant le juge-instructeur en déclarant que c’est sa belle-mère, Moukha Al Wazi, qui lui avait volontairement remis les bijoux à titre de donation pour petite fille. Hier, c’est cette dernière version servie devant la barre de la chambre criminelle de Dakar où elle comparaissait pour des faits de vol et de coups volontaires. Non sans expliquer, selon elle, les raisons pour lesquelles la plaignante lui a octroyé ses biens.
«Je me suis mariée à son fils depuis 2008 et j’ai deux enfants avec lui dont 1 fille et un garçon. Mon mari était malade et il devait réaliser une opération du cœur et c’est au Liban que l’opération allait être réalisée. Ainsi, sa mère m’avait demandé de me rendre là-bas avec lui. Ce que j’ai accepté. Mais, je suis rentrée au Sénégal pour inscrire mes enfants à l’école. Cependant, ma belle-mère m’a fait savoir que mon mari était malade et qu’il ne pouvait plus assurer certaines dépenses. C’est là qu’elle a ouvert son coffre et m’a remis les bijoux de son propre gré», se blanchit-elle.
À l’en croire, si elle a reconnu à la Police avoir volé les bijoux et l’argent, c’est parce qu’elle a été violentée. «Une fois à la police, le commandant m’a accusée d’avoir volé les bijoux de ma belle-mère. Car, dit-il, c’est moi qu’elle a vu sur la vidéo surveillance de la maison. Je lui ai expliqué que c’est ma belle-mère qui me les a donnés volontairement. Ainsi, il m’a bien battue et torturée. Et c’est à la suite de ces tortures que j’ai reconnu lui avoir volé des biens puis l’ai menacée avec un couteau.»
Hamid Sack, fils de la partie civile et époux de l‘accusée : «Ma maman m’a chargé de vous dire que si c’était Coumba sa voleuse, elle lui pardonne. Coumba est l’amie de ma mère et elles étaient complices»
Venu représenter sa vielle maman, l’époux de l’accusée, Hamid Sackre, s’est montré très galant en essayant de tirer d’affaires sa femme chérie. D’une voix rassurante, il dira à l’endroit de l’accusée : «C’est moi qui ai porté plainte et qui représente ma mère. Cette dernière m’a confié que la personne qui l’a agressée est plus grande, plus claire que Coumba et avait les cheveux frisés. Elle m’a aussi révélé qu’elle l’avait mordue de toutes ses forces pour qu’elle lâche le couteau avec lequel elle l’a menacée. Alors que mon épouse n’avait aucune morsure. Ma maman m’a, par ailleurs, chargé de vous dire que si c’était Coumba sa voleuse, elle lui pardonne. Coumba est l’amie de ma mère et elles étaient complices.»
Poursuivant, il explique : «On nous a inculqué des valeurs et chez nous, l’aîné représente le Papa après la mort de celui-ci. Et c’est pour cela qu’on a mis notre héritage sous son nom. Ma mère ne demande pas de dédommagement mais, elle réclame sa libération pour le bien de ses petits-enfants, son bien et pour mon bien surtout!» Accusés de recel dans cette affaire, les frère Mamadou Lam et Ousmane Lam, bijoutiers établis à Tilène et Sandaga, ont aussi fait face au juge. Interrogés, ils ont nié en bloc les faits qui leur sont reprochés.
«On lui a vendu des bijoux à deux reprises avant de lui donner une facture. La troisième fois, elle était avec son époux et elle nous l’a même présenté. C’est ce dernier qui a payé. Mais, la 4ème fois, elle est venue avec une pièce en or de 40g et poussières. Elle m’a proposé cela en vente puisque, selon elle, elle voulait aider ses frères et sœurs dont la mère est décédée. Et pour cette fois-ci, je ne lui ai pas remis de facture puisque j’avais une confiance en elle. Je lui ai payé la somme de 800.000 francs CFA.»
Procureur : «Toutes les déclarations de Hamid Sackre sont un tissu de mensonges. C’est normal qu’il vole au secours de son épouse qui lui manque énormément car étant toujours amoureux d’elle»
Les déclarations des frères Lam ont convaincu le représentant du Parquet qui a requis qu’ils soient acquittés. Quant à celles de Hamid Sackre, il soutient que c’est un tissu de mensonges car, c’est normal qu’il vole au secours de son épouse qui lui manque énormément car étant toujours amoureux d’elle. Ainsi, le Parquet a demandé de maintenir Coumba Diouf dans les liens de la détention en la condamnant à la réclusion criminelle à perpétuité. À la suite des conseils de la défense qui souligne que leur cliente peut bénéficier d’une immunité familiale, le tribunal a mis l’affaire en délibéré au 19 avril prochain.