Le représentant du Ministère public a requis, hier, contre le couple Modou Fall et Ramatoulaye Sambou une peine de réclusion criminelle de 10 ans. Ces derniers sont jugés pour des faits d’association de malfaiteurs et de trafic de drogue. Ils seront fixés sur leur sort le 03 mai prochain.
Le manque d’affection parentale, qui frappe les deux enfants du couple Fall, risque de persister si le juge de la Chambre criminelle applique les réquisitions du Ministère public. Ce dernier a requis, hier, une peine de réclusion criminelle de 10 ans à l’encontre des époux Modou Fall et Ramatoulaye Samb. Domicilié à la cité Millionnaire de Grand-Yoff, le couple est poursuivi pour des faits d’association de malfaiteurs et de trafic intérieur de drogue. Il comparaissait devant le juge de la Chambre criminelle de Dakar. En effet, Modou Fall et Ramatoulaye Sambou ont été arrêtés suite à une dénonciation anonyme. Les renseignements, qui ont été portés à la connaissance des gendarmes, faisaient état d’un réseau de trafic de chanvre indien animé par le couple. Pour démanteler les présumés trafiquants, les agents enquêteurs les ont pris en filature. En effet, les flics se sont rendus à Grand Yoff, près de la maison des suspects, pour y mettre en place un dispositif de surveillance. C’est deux jours après, le 09 février 2020, vers les coups de 22 heures, qu’ils ont aperçu l’accusée Rokhaya Sambou sortir de sa maison avec en sa possession un sachet contenant du chanvre indien pesant environ un kilogramme. Elle allait à la rencontre de Pierre Gomis à qui elle a remis le sachet. C’est ainsi qu’ils ont, tous les deux, été arrêtés et conduits à l’unité d’enquête. Ce, après avoir procédé à une perquisition du domicile de la dame qui s’est soldée par la découverte de 200 kilogrammes de chanvre indien.
Ramatoulaye confie en premier qu’elle s’approvisionnait en chanvre indien en Casamance, avant de le vendre à Dakar
Déjà en cours de route, Ramatoulaye est passée aux aveux. Elle déclare s’adonner à la vente du produit prohibé et s’approvisionnait en Casamance. Ce, avant de revenir dans ses déclarations pour imputer la paternité de la drogue à son époux. À l’en croire, elle ne faisait que livrer la drogue que son mari lui chargeait de remettre à ses clients. Entendu à son tour, Pierre Gomis a reconnu avoir fait la commande du kilogramme de drogue saisi lors de leur arrestation, Rokhaya et lui. Selon lui, c’est le nommé Nar, sans autres précisions, qu’il a connu dans une cellule de garde-à-vue qui lui avait donné le numéro de Ramatoulaye.
N’ayant pas été trouvé chez lui au moment de l’interpellation de son épouse, Modou Fall, lui, s’était fondu dans la nature. C’est quelques jours après qu’il a été alpagué à Fatick. Entendu, Modou Fall, lui aussi, a été constant aussi bien à l’enquête qu’à l’instruction. D’après lui, la marchandise venait de la Casamance et c’est le marabout Cheikh Abdou Mbacké qui l’avait convoyé à bord d’un véhicule. La perquisition de la maison de Cheikh Abdou Mbacké à Touba s’est révélée infructueuse.
Accusés d’association de malfaiteurs et de trafic de chanvre indien, le couple Fall a fait, hier, de la dénégation leur moyen de défense. Interrogée en première, l’épouse Ramatoulaye a battu en brèche ses déclarations faites à l’enquête préliminaire. Employée au restaurant Hong Kong, l’accusé indique que la drogue dont elle ignore la quantité a été retrouvée dans sa salle de bain et non par dévers elle. « Quand les policiers ont trouvé la drogue dans un sac noir, je leur ai dit de demander des comptes à mon appui parce que j’ignorais la provenance de la drogue. J’ai appelé celui-ci au téléphone et l’un d’eux a arraché l’appareil avant de me conduire dans leur véhicule », fait croire la dame, tout de noir habillée.
Jugé par le passé pour les mêmes faits, le commerçant Modou Fall a cassé du sucre sur le dos du marabout Cheikh Abdou Mbacké. Selon lui, c’est ce dernier qui lui a confié les deux sacs de chanvre. À la question du magistrat de savoir pourquoi il a pris la fuite dès qu’il a appris la présence des enquêteurs dans son domicile, l’accusé rétorque : « Je n’ai pas pris la fuite. Au moment de l’interpellation de mon épouse, je me rendais à Fatick. Quand elle m’a informé de la présence des gendarmes, je lui ai fait savoir que c’est Cheikh Abdou Mbacké qui m’a confié la drogue.»
Seul à reconnaître les faits d’offre et de cession de chanvre indien qui lui sont reprochés, le maçon Pierre Gomis révèle avoir acheté le kilogramme à 50.000 francs. Toutefois, il a quelquefois varié dans ses déclarations faites à l’enquête en contestant avoir acheté la drogue chez Ramatoulaye Sambou. Mieux, il soutient avoir été arrêté à Khar Yalla et non à Grand Yoff. « Celui qui m’a livré le chanvre s’appelle Nar. Je l’ai connu au commissariat de Grand Yoff lors d’un contrôle d’identité. C’est au moment où je mettais la drogue dans mon sac que les enquêteurs m’ont surpris. Ce sont ces derniers qui ont dit que c’est Ramatoulaye Sambou.»
Prenant la parole pour ses observations, le substitut du procureur estime qu’il n’y a pas de doute dans cette affaire. Car, soutient-il, non seulement la drogue appartenait au couple mais il procédait à un trafic. Du coup, déduit-il, leurs dénégations ne sauraient persister. Par conséquent, le ministère public indique qu’il y a lieu de les maintenir dans les liens de l’accusation. Concernant Pierre Gomis, le parquetier dit ne pas être convaincu par ses déclarations selon lesquelles il avait été arrêté à Khar Yalla. « À moins qu’il ait un don d’ubiquité, Pierre Gomis ne peut pas être à Grand Yoff et a Khar Yalla à la fois ». Au regard de toutes ces observations, le représentant du ministère public a requis contre chacun une peine de 10 ans de réclusion criminelle. Les conseils de la défense ont sollicité une application bienveillante de la loi en faveur de leurs clients respectifs. Délibéré le 03 Mai.