Le médiateur des pays ouest-africains est arrivé jeudi au Mali pour de nouvelles discussions visant à résoudre les différends entre l’organisation sous-régionale qui l’a missionné et la junte au pouvoir à Bamako, a-t-on appris de sources diplomatiques.
L’ancien président du Nigeria Goodluck Jonathan “va rencontrer différentes autorités maliennes dans le cadre de la recherche d’une solution” avant de repartir vendredi, a indiqué un diplomate ouest-africain sous couvert de l’anonymat. Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a confirmé son arrivée sans plus de précision.
M. Jonathan a entamé cette énième mission au Mali 10 jours avant un nouveau sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) prévu le 3 juillet à Accra. La Cédéao devrait y décider de maintenir ou de lever les vigoureuses sanctions commerciales et financières imposées le 9 janvier au Mali.
La Cédéao fait pression depuis la prise du pouvoir par les militaires en août 2020 pour un retour rapide des civils à la tête de ce pays plongé depuis 2012 dans une profonde crise sécuritaire et politique. Les sanctions affectent encore davantage une économie déjà éprouvée. La Cédéao en conditionne la levée à la présentation par la junte d’un calendrier de transfert du pouvoir acceptable à ses yeux.
Les colonels maliens ont révoqué leur engagement initial de céder la place après des élections programmées en février dernier. En janvier, ils entendaient rester jusqu’à cinq années supplémentaires. Ils ont depuis ravalé leurs prétentions à deux ans à partir de mars 2022.
Alors que les négociations étaient toujours en cours avec la Cédéao, ils ont créé un fait accompli en promulguant le 6 juin un décret stipulant qu’ils gouverneraient jusqu’en mars 2024.
Le président sénégalais Macky Sall, acteur diplomatique important, a minimisé la portée de ce geste en indiquant que ces 24 mois faisaient déjà l’objet de discussions à la Cédéao.
La Cédéao réclame aussi un calendrier détaillé des étapes devant conduire à des élections et au retour des civils. Le Mali a fait un pas dans cette direction en adoptant le 17 juin une loi électorale qui régirait le vote.
Mais la junte n’a toujours pas annoncé la promulgation de la loi, dont l’adoption a causé des tensions politiques avec le chef du gouvernement transitoire Choguel Kokalla Maïga.