Accusé d’avoir abrégé la vie d’une ressortissante togolaise, le chauffeur de taxi Camille Dione est dans un sale pétrin. Le représentant du Ministère public a requis contre lui une peine de 2 ans ferme. Le juge rendra son verdict, le 6 juillet prochain.
En se rendant au restaurant « Plancha » pour assister à une cérémonie religieuse, l’épouse du pasteur Kossi Gawou, la Togolaise Essi, ne savait pas qu’elle avait rendez-vous avec l’ange de la mort. Hélas, elle a piqué une crise cardiaque après une altercation qui l’a opposée au taximan Camille Dione. Son corps sans vie repose dans les tiroirs d’une morgue d’un hôpital de la place.
Les faits se sont passés le 07 juin dernier. La défunte et sa fille adoptive, ChiKa Obi, qui se rendaient ensemble à cette cérémonie ont, à la sortie de leur domicile, hélé un taxi. Ainsi, la victime et le taximan Camille Dione sont tombés d’accord et le chauffeur devait les conduire audit restaurant moyennant la somme de 2000 F Cfa. Mais elles ont regretté d’avoir loué les services de ce chauffeur qui était d’une insolence inouïe tout au long du trajet. Car, non seulement il roulait à vive allure, mais, les deux dames avaient constaté que le taximan qui avait un air bizarre était aussi sur la défensive. Cependant, quand elles sont arrivées en ville, le taximan a dépassé le restaurant dans lequel il devait les conduire sans pour autant leur fournir d’explications. Ce qui a fait que les choses ont dégénéré quand la victime et sa fille lui ont demandé de s’arrêter.
Suspectant un enlèvement, la défunte Essi s’est agrippée sur le volant pour se défendre. S’en est suivie une altercation à l’issue de laquelle, elle a été repoussée par Camille Dionne qui l’a secoué alors que celle-ci traînait une maladie cardiaque. Conduit à l’hôpital, Esso est malheureusement passée de vie à trépas à la suite d’une crise cardiaque. L’infirmière de la clinique “Casa house” a confié qu’elle était dans une détresse respiratoire lorsqu’elle est arrivée là-bas. Dans le certificat de genre de mort, les médecins renseignent que de la salive sortait aussi de la bouche de la défunte qui est, d’après leurs conclusions, morte à la suite d’une crise cardiaque.
Arrêté, le taximan Camille Dione a révélé aux enquêteurs du commissariat central qu’il ne leur avait pas donné d’explications quand il a dépassé le restaurant. Et mieux encore, il avait riposté comme il le pouvait pendant que la défunte lui donnait des coups à la nuque au moment de leur altercation. Prévenu de violences, voies de fait et de coups mortels, le taximan de 42 ans, a fait face hier, au juge de la chambre des flagrants délits du tribunal de Dakar. Entendue à titre de simple renseignement, la fille adoptive de Essi, la Nigériane ChiKa Obi, a enfoncé le taximan.
«Elle était ma mère spirituelle. Elle comprenait le wolof et le français. Quand il nous a conduits sur les lieux, il a accéléré sans nous donner des explications. Paniquée, elle lui a demandé où il nous conduisait parce qu’elle connaît bien les lieux. On suspectait un enlèvement. Mais, il lui a jeté une tasse remplie d’ordures. Il lui a ensuite donné des coups. Quand il a freiné, les passants ont convergé sur les lieux. Là, maman avait commencé à étouffer. Elle m’a même demandé de prier pour elle », a-t-elle confessé.
Interrogé, le taximan a battu en brèche les déclarations de la jeune fille, indiquant que ce n’est pas ce qui s’est réellement passé. Il affirme qu’il était en train de faire demi-tour pour s’arrêter lorsque la dame s’est agrippée au volant de son véhicule. À l’en croire, il a tout justement attrapé ses mains. Avant de la conduire au Commissariat central où elle ne cessait de tousser à leur arrivée. L’époux de la défunte, le Pasteur Kossi Gawou, revenant à la charge, témoigne à la barre : «C’est au moment où j’étais coincé dans les embouteillages que ma femme m’a appelé pour me demander où je me trouvais. Avant de me confier que le taximan était en train de les violenter. Ma fille m’a dit qu’elle avait fait un malaise avant qu’elle ne soit admise dans une clinique. Si elle est énervée, elle fait un malaise».
Me Domingo Dieng, avocat de la partie civile, renseigne que son client qui ne réclame pas de dédommagement prêche le pardon en tant que Pasteur puisque c’est ce que le Seigneur lui recommande. Le procureur a, pour sa part, indiqué que c’est le prévenu qui a mis la femme du Pasteur dans cet état-là. Selon le parquet qui a requis 2 ans de prison ferme contre Camille Dione, ce dernier a eu un comportement qui est à déplorer venant d’un taximan. L’avocat de la défense, Me Adja Fatou Diallo a, à son tour, estimé qu’il n’y a pas eu de coups, ni de blessures au moment des faits puisque son client leur avait demandé de se rendre au commissariat central. Délibéré le 6 juillet prochain.