Au Niger, Orano (ex-Areva), la multinationale française spécialisée dans l’énergie nucléaire a exploité pendant plus de 40 ans une mine d’Uranium à Arlit. Cet uranium a entre autres servi à alimenter les centrales nucléaires de l’hexagone. Seulement, au fil du temps, les déchets radioactifs générés par cette exploitation se sont accumulés.
La Cominak, la filiale de la multinationale au Niger, a laissé ces déchets à l’air libre, comme le dénonce Bruno Chareyron, un ingénieur en physique nucléaire au laboratoire de l’Association de protection de l’environnement spécialisée dans le risque nucléaire (Criirad). M. Chareyron travaille sur la situation à Arlit et selon radio France, il a publié une vidéo et un podcast pour alerter sur les risques qu’encoure la population de cette ville.
Des métaux lourds radioactifs très toxiques
Pour lui, il y a « 20 millions de tonnes de boues (déchets radioactifs) » à l’air libre sur le site qui a fermé en 2021. « Nos analyses, au laboratoire de la Criirad montrent que la radioactivité de ces déchets est de l’ordre de 450.000 becquerels par kilo, ce sont des déchets « à vie longue ». Ils contiennent des métaux lourds radioactifs dont certains sont très toxiques, par ingestion ou par inhalation » a déclaré M. Chareyron. L’ingénieur fait également savoir qu’un gaz radioactif appelé le radon, émane en permanence de ces déchets. Un gaz qui pourrait voyager loin, surtout que la mine est située dans une zone désertique balayée par des vents assez puissants. « Les poussières et le gaz radioactif sont dispersables dans l’environnement très facilement » rappelle l’ingénieur. Et, comme ces déchets n’ont pas été confinés, « la contamination est passée aussi dans les eaux souterraines », ce qui est « inacceptable » selon lui.
La solution de la Cominak critiquée
Il pense que les maîtres des lieux auraient dû confiner ces déchets vu leur niveau de radioactivité et leur durée de vie. Ils auraient dû les mettre dans des « containers étanches pour être placés ensuite sur un site qui garantit un confinement à très long terme. Ce qui n’a pas du tout été le cas » regrette-t-il. Aujourd’hui Cominak y pense. Il veut recouvrir ces déchets radioactifs d’une « couche d’argile de grès, de 2 mètres d’épaisseur ». Seulement pour la Criirad, l’argile ou la roche n’est pas « assez étanche et solide pour tenir des centaines de milliers d’années ». Mais que dire des risques de ces déchets pour la santé des populations d’Arlit ?
« Des maisons ont été construites avec des matériaux radioactifs »
Pour M. Chareyron, elles sont exposées depuis des décennies à de la radioactivité en excès par rapport au niveau naturel. A Arlit, des ferrailles contaminées ont été rendues disponibles sur les marchés, des maisons ont été construites avec des matériaux radioactifs. La population est exposée de manière chronique ». Dans un rapport publié en 2010, Greenpeace a essayé de trouver un lien entre ces déchets radioactifs et les problèmes de santé des populations d’Arlit. Citant une étude d’impact sur l’environnement faite par la Cominak, l’Ong a noté que les taux de décès dus à « des infections respiratoires dans la ville d’Arlit (16,19%) étaient deux fois supérieurs à la moyenne nationale (8,54%).
Pour la Cominak, « c’est très bien contrôlé »
Du côté de la filiale d’Orano au Niger, on ne reconnaît pas les risques sanitaires. Cominak soutient qu’il y a des « stations de surveillance de l’air ». « C’est extrêmement important pour nous de surveiller l’impact de nos activités : nous sommes en dessous des seuils limites. C’est très bien contrôlé » a laissé entendre Mahaman Sani Abdoulaye, le directeur général de la filiale d’Orano dans le pays.