L’amélioration de la souveraineté alimentaire de l’Afrique est au cœur du sommet qui a débuté mercredi à Diamniadio, au Sénégal. Au moins 16 chefs d’État participent à la rencontre co-organisée par le Sénégal et la Banque africaine de développement (Bad) du 25 au 27 janvier. L’idée étant de «libérer le potentiel de production alimentaire». Du moins, selon un communiqué transmis à Seneweb.
L’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev Afrique) fait état de réelles menaces qui pèsent, en effet, sur les exploitations familiales. D’après l’entité, la productivité engendre un besoin accru de surfaces agricoles disponibles pouvant conduire à des accaparements des terres de petits producteurs, les empêchant ainsi de satisfaire des besoins essentiels.
En effet, au cours des dix dernières années, d’importantes étendues de terres ont été accaparées en Afrique par des intérêts agro-industriels. Dans un récent rapport publié, le Land Matrix estime que 50 % des transactions d’investissements fonciers en Afrique ont eu lieu sur des terres utilisées par de petits agriculteurs, principalement en Éthiopie, au Sénégal, au Ghana, au Mozambique, en Sierra Leone, en Tanzanie et en Ouganda.
Selon Amadou Kanouté, Directeur exécutif de Cicodev, les technologies de l’agriculture intelligente promues lors du Sommet de Dakar II, risquent d’être un phénomène dévastateur pour les semences paysannes qui nourrissent la population africaine. «Ce sommet, qui favorise ces semences résistantes aux changements climatiques, est une voie utilisée par les multinationales pour mettre en place un système de dépendance accrue de l’alimentation des pays africains. Pour ne rien arranger, il intervient dans un contexte où le Sénégal vient de voter une loi sur la biosécurité, autorisant l’introduction d’organismes génétiquement modifiés dans le territoire», a-t-il regretté.
Dans la note, la société civile affirme que ce sommet, selon lequel une «agriculture intelligente face au climat» (AIC) est nécessaire pour lutter contre l’insécurité alimentaire, ne repose sur aucun fondement scientifique. L’AIC a été conçue par des entreprises agroalimentaires pour contrer le soutien croissant à l’agroécologie dans les forums internationaux sur l’agriculture et le changement climatique. Il inclut également une gamme de pratiques destructrices telles que la monoculture à grande échelle, l’élevage industriel ou les OGM.
Par la même occasion, l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement dénonce le processus non inclusif lié à la préparation de ce sommet. Les organisations de la société civile qui œuvrent quotidiennement pour l’accès à la souveraineté alimentaire au Sénégal, n’ont pas été consultées et impliquées dans le processus de préparation de ce sommet.
Pour toutes ces raisons, le Cicodev exhorte les participants au Sommet de Dakar II et à l’État du Sénégal à revenir sur la promulgation de la loi sur la biosécurité. Promouvoir l’agroécologie en lui accordant des ressources adéquates dans la finance climatique. Mettre fin à l’accaparement des terres ; rejeter les approches basées sur l’AIC qui renforcent les grandes entreprises semencières et agro-industrielles. Soutenir les initiatives des agriculteurs africains et organisations qui luttent pour la souveraineté alimentaire et l’agroécologie.