L’ex-président de la Fédération Sénégalaise de Basketball (FSBB), Baba Tandian, était au cœur de l’actualité au cours de la semaine dernière. La presse disait qu’il est « wanted » par la police dans un contentieux vieux de 11 ans avec l’animateur Aziz Samb. A l’en croire, il s’agissait d’un traquenard visant à l’envoyer en prison pour compromettre une éventuelle candidature à la présidence de la FSBB. Dans cet entretien accordé à Diantbi.com, l’imprimeur exprime clairement ses intentions par rapport à un retour aux commandes. Entre autres sujets évoqués.
Il parait que vous êtes recherché par la police. A quoi cela retourne ?
Toute la presse l’a écrit… On a ameuté toute ma famille. On m’appelle de France, du Japon, de la Suède où j’ai beaucoup de parents, de la Mauritanie, un peu partout en Afrique et dans le monde. Bon ! Cela m’a permis de mesurer ma popularité. Beaucoup se sont souciés par rapport à cette information, qui n’est pas vraie. La preuve, je suis là en train de faire une interview. Je crois qu’il y a un petit malin qui veut profiter de cette affaire avec Aziz Samb (ancien promoteur de spectacles) qui est réelle. Il faut quand même le reconnaitre. C’est l’époque où il organisait « Oscars des Vacances » au stadium Marius Ndiaye. Une infrastructure qui n’est pas faite pour ça. Il y avait le Grand Théâtre, le lieu indiqué pour un évènement de ce genre. Il pouvait aussi aller à Sorana ou au stade Iba Mar Diop.
Donc l’origine de ce contentieux avec Aziz Samb, c’est l’utilisation du stadium Marius Ndiaye ?
A trois reprises, je suis venu le vendredi et on me dit qu’il est impossible d’organiser le championnat de basketball. Car le stadium Marius Ndiaye est pris pour « Oscars des Vacances ». La quatrième fois, j’ai pété les plombs. Je voulais savoir si la salle, c’est pour le sport ou pour des saltimbanques. Alors que le parquet n’est pas bon et à force de danser dessus une planche peut sauter ou se fissurer. Il faut être un basketteur pour savoir que l’effet glissant du parquet sert d’amortisseur au joueur qui tombe. Mais si on glisse et rencontre un bout de bois décollé, imaginez ce que ça fait comme dégât. En pensant à cela, j’avais traité Aziz Samb de criminel. Peut-être que le mot est trop fort, mais je n’avais exprimé que ma colère. Il m’avait aussi répondu sèchement par une insulte. Ce qu’on ne souligne pas, c’est que j’avais porter plainte en premier. Mon avocat était feu Khassimou Touré qui avait souligné à Aziz Samb qu’en tant que époux d’une internationale de basketball pouvait-il se permettre de priver à la discipline le seul cadre où elle peut se pratiquer. Ce plaidoyer avait glacé toute l’assistance.
C’était une manière de soutenir que le président de la Fédération que vous étiez menait un combat légitime…
Il faut que les gens comprennent que Aziz Samb n’organisait pas dans la salle de séjour ni le jardin de mon domicile. C’était dans un lieu qui appartient à tous les acteurs du basketball. Etant le responsable moral de la FSBB, je ne pouvais pas comprendre qu’on me signifie que le stadium était donné en location et à un prix modique de 50 à 80 mille francs CFA. Je lui avais mené une « guerre » farouche et j’avais réussi à le dégager. Mais il y avait eu d’échange de propos aigres-doux qui nous ont envoyé au tribunal. Aziz Samb était condamné à trois de prison avec sursis et une amende de 5 millions F CFA… Je sais qu’il a un ami « puissant » au sein du tribunal avec qui j’entretiens également d’excellents rapports. Certainement, il a dû l’aiguillonner pour lui permettre de réactiver le dossier en m’accusant de l’avoir insulté et menacé de mort. C’est vrai que j’avais dit : « La prochaine fois qu’il organise au stadium Marius Ndiaye, il faudra marcher sur nos cadavres sinon nous passerons sur ton cadavre ».
Ces propos étaient sincères ?
Non. C’était une façon de parler. Le basketball ne vaut pas que j’en arrive à ce comportement extrêmiste. C’était une façon de faire du show, de lui demander de nous laisser en paix et d’aller « s’amuser » ailleurs. Pour cela, on m’avait condamné de trois mois de prison avec sursus et d’une amende de 10 millions F CFA que je devais payer avec Ndiassé Samb (Dirpub du journal TLS qui avait relayé à travers un entretien les propos diffamatoire). Il se trouve que dans ces cas, on vise plus la personne susceptible de pouvoir payer. Alors que ça devait être du « 50-50 », si on avait appliqué cela je dois à Aziz Samb 5 millions F CFA et je lui ai fait condamné pour la même somme. Donc entre lui et moi, c’est zéro… J’ai même demandé au liquidateur de me sortir ce fond de dossier qui sera mis au goût du jour. Si toutefois il veut continuer la procédure.
Stadium Marius Ndiaye.
Qu’est-ce qui a fait que vous en soyez arrivés là ?
Dans cette histoire, mon oncle maternel Gorgui DIagana, qui était le directeur de l’école Clémenceau, était le maître de Aziz Samb. Ils étaient très proches. C’est lui qui nous avait appelés en nous demandant d’arrêter. Depuis lors, l’affaire a été oubliée. Je n’ai plus entendu parler de Aziz. Mon oncle est décédé, il y a trois ans. Bizarrement, le contentieux revient à la surface. Je ne comprends pas. Beaucoup crioent que quelqu’un est derrière. S’il s’agit d’une personne du basketball, plus particulièrement de la Fédération, c’est peine perdue. On a essayé de me tendre un piège qui a failli prendre. Mais grâce à la vigilance d’un grand monsieur de la République qui, par hasard, a vu le dossier au tribunal. Il a demandé et on lui a confirmé que c’était bien moi. Dans la requête, il s’agissait juste de donner ma fialiation. Ce que la police pouvait faire par téléphone. Mais on voulait que je vienne sur place.
Pourquoi ?
D’après mes informations, quand il s’agit de contrainte par corps, on ne peut pas venir prendre la personne chez elle. Par contre si le concerné se présente à la police, on peut l’arrêter avant de le déférer à la prison de Rebeuss. C’était cela le but de ma convocation… La première fois que la police m’a appelé, j’étais au Qatar. A mon retour, ça a pris du temps avant que je décide d’aller répondre. Le fait d’avoir trainé les pieds, sans le faire exprès, a permis à ce bon « Samaritain » de tomber sur le dossier et de bloquer tout. Cela démontre une fois de plus que j’ai la bénédiction de mes parents. Sinon j’allais me présenter à la police, après l’audition même si je veux payer, il peut avoir des contraintes. On peut t’exiger de l’espèce ou un chèque visé. Ce qu’on ne peut pas faire entre 18 et 20 heures. Et ça suffit largement à ces gens tapis dans l’ombre qui veulent m’envoyer à Rebeuss. Indiquant que ça va m’empêcher de briguer la présidence de la Fédération sénégalaise de basketball.
Quelle suite allez-vous donner à cette affaire ?
Maintenant, c’est eux qui sont piégés. Qu’est-ce qu’ils vont faire maintenant ? Je pose la question à ces gens de la Fédération et leur ami Aziz Samb. Le dossier est quelque part, ils n’ont qu’à aller le chercher… Il faut qu’ils sachent que je ne suis pas à 5 ou 10 millions F CFA près. Je ne suis pas aussi un hors-la-loi. S’il s’avère réellement que je dois à Aziz et que c’est sans issue, il n’y a pas mille solutions : je paye. La contrainte par corps, j’aurais pu la faire appliquer à plusieurs de mes créanciers qui me doivent plus 150 millions F CFA. Mais cette procédure est très compliquée. Pour cela, je demeure convaincu qu’il y a une main invisible derrière Aziz Samb. Et nous savons de qui il s’agit, parce qu’il n’y a que lui qui a intérêt à ce que je sois condamné pour ne pas être candidat à la présidence de la Fédération de basketball. Il perd son temps, car s’il faut mettre toutes les ressources financières de mon imprimerie, je le ferai pour postuler et le foutre dehors de ce basketball. En clair, je serais candidat si Pathé Keïta ne se présente pas. C’est tout sauf Babacar Ndiaye qui doit partir pour avoir fait trop de mal à cette discipline.
De l’autre côté, on soutient aussi le même argument et s’oppose à votre retour à la tête de la FSBB…
Est-ce que j’ai réellement besoin de courir derrière ou de manger sur l’assiette de la Fédération de basketball ? Est-ce que je cherche à me faire un nom à travers le basketball ? Je n’ai pas besoin de tout cela. Au contraire, je me bats pour son rayonnement. Comme je viens de le faire à Kaolack où j’ai incité le maire Serigne Mboup, qui est un ami, à contribuer à la redynamisation de la discipline. Ça a marché, parce qu’il est prêt à mettre 300 millions F CFA en construisant près de 6 à 7 terrains. Pour cela, il a demandé que je l’aide à la concrétisation de ce projet. Pourtant, je ne suis pas de Kaolack. Mais je le fais pour les acteurs de la région comme Yaye Khoury sans chercher à savoir si elle est avec Babacar Ndiaye ou contre moi. Ce qui m’intéresse, c’est de faire vivre le basketball dans la localité. Je l’avais fait à Saint-Louis à l’époque où Cheikh Bamba Dièye était le maire. Je l’avais attaqué au cours d’une émission de radio sur la situation désastreuse du basketball. Je n’ai pas d’état d’âme quand il s’agit de défendre ce sport. Je le fais avec passion et cela me coûte des procès. Donc ceux qui me critiquent se fatiguent, car je suis têtu. Et je ne veux rien du basketball. J’ai la popularité, mon entreprise me permet de mener le train de vie que je veux. Certaines personnes doivent se calmer.
Est-ce à dire que le renouveau du basketball sénégalais ne se fera pas sans toi ?
Si c’est l’intérêt du basketball qui animent ceux qui s’agitent, ils n’ont qu’à se ranger derrière moi. Maintenant, si c’est pour avoir des billets de 10 ou 20 mille F CFA par-ci, par-là… Je ne l’ai jamais fait quand j’étais le président de la Fédération. A moins que je sois sollicité pour régler un problème personnel. Je respecte les présidents de clubs et tous ceux qui tournent autour l’instance. Les relations avec certains médias n’étaient pas tendres. Mais si mon passage à la FSBB a connu un grand boom, c’est grâce à la presse qui n’hésitait pas à me tirer dessus. Djibo Ka disait : « Un homme politique vaut mieux qu’on parle de toi en mal que pas du tout ». Je provoquais les journalistes et cette situation conflictuelle avait permis au basketball d’être au devant de la scène. Un de mes collaborateurs Yamar Samb (ancien international), qui dans la police, me racontait souvent qu’à chaque fois qu’il arrivait au commissariat, ses collègues lui disaient : Vous avez un président à problèmes. Du côté de nos amis de la fédération de football qui devenaient un peu jaloux du fait qu’on ne parlait que du basketball dans les médias.
Avez-vous discuté au sein de la CRBS sur la question du candidat à la présidence de la FSBB ?
Je souligne que je ne veux pas être candidat, mais Babacar Ndiaye et ses amis de la Fédération ne croient pas à cela. Ils savent qu’en dehors de Pathé Keïta que je suis le seul à pouvoir leur créer des problèmes. Parce que c’est une question de moyens. Mais j’essaie de galvaniser Pathé. Je lui ai demandé d’y aller. C’est lui ou moi. Je suis prêt à le soutenir en mettant mes moyens financiers, en amenant les sponsors. Si je demande à la société Auchan de mettre 100 millions F CFA dans le basketball, elle va le faire. La preuve, elle a donné au SLBC 25 millions F CFA pendant deux ans. Ceux qui sont actuellement à la tête de la Fédération ne peuvent pas avoir cette somme d’Auchan. Il ne faut pas que Pathé ait peur de se battre pour prendre la présidence. Mes activités ne me donnent pas du temps pour diriger une Fédération. Mais l’Imprimerie Tandian et ma nouvelle entreprise UTPI vont aider le basketball. Tout comme mes compagnons du patronat, je vais les obliger. Voilà mon point fort par rapport à Babacar Ndiaye. Nous ne boxons pas dans la même catégorie. Peut-être qu’il se sert de la Fédération pour avoir de la visibilité. S’il en fait un tremplin, il n’a qu’à travailler. Dans ce cas, je serai le premier à le soutenir. Les gens croient que je veux revenir, ça ne m’intéresse pas. Tout seul je peux financer cette Fédération.
L’assemblée élective aura lieu au mois de juin prochain. Quelle stratégie allez-vous mettre en place dans le but convaincre la majorité des clubs qui sont favorables au président Babacar Ndiaye ?
Il faut souligner que parmi ces clubs, il y a beaucoup qui sont fantômes. Donc nous allons demander au ministère des sports de les nettoyer. Ils sont affiliés et ne jouent jamais. Nos cibles sont ceux qui participent régulièrement aux compétitions. Nous allons leur proposer des moyens supérieurs à ceux de Babacar Ndiaye. Nous croyons être plus généreux que lui. En plus, la situation n’est plus la même. Le ministre Matar Ba est parti. Donc les choses vont se compliquer. Je crois que son remplaçant Yankhoba Diatara est trop intelligent pour ne pas faire les mêmes conneries. Maintenant si Babacar Ndiaye est capable de mettre beaucoup d’argent dans le basketball, tant mieux. Avant, il faudra nous édifier sur les finances de l’organisation de l’Afrobasket masculin 2017 pour lequel il n’avait pas besoin plus de 50 millions F CFA. Il se retrouve avec 300 millions F CFA dont on a défalqué 100 millions F CFA et l’utilisation de la somme reste nébuleuse. De tous les présidents de la FSBB, c’est le seul qui fait des assemblées générales sans commissaires aux comptes. Au nom de quoi ? Il y a le ministre qui lui permettait cela. Nous allons voir si ce sera le cas avec Yankhoba Diatara. Ce qui serait inacceptable.
Vous interpellez beaucoup le nouveau ministre des sports. Est-ce qu’il y a des retours de sa part ?
Nous échangeons beaucoup avec lui ainsi que son directeur de Cabinet. Sans entrer dans les détails, ce que nous attendons du ministère n’est pas compliqué. Il ne s’agit pas d’enlever Babacar Ndiaye. Ce qui n’est pas possible et ce n’est pas bon pour notre basketball. Nous ne demandons pas de ne pas l’écouter, parce qu’il est une personne autorisée, le responsable de la Fédération donc il doit avoir rang et qualité vis-à-vis de la tutelle. Tout ce que nous exigeons de lui, c’est le respect des textes. C’est-à-dire qu’il doit faire une assemblée générale avant l’ouverture d’une nouvelle saison. Le Championnat a démarré en faisant fi de cela. Mais il ne faut pas qu’il ait un deuxième couac lors de l’AG d’information (18 février prochain). Il faut la présence des commissaires aux comptes, sinon c’est faire du « Matar Ba » sans Matar Ba.
Quelle sera la posture de la CRBS lors de l’AG d’information ?
Tout dépendra de ce qui va se passer. S’il n’y a pas de commissaires aux comptes. A partir de ce moment, ce sera l’implosion. Car si le ministre Yankhoba Diatara laisse passer, cela veut dire qu’il s’en fout du basketball. Et nous verrons où cette Fédération va après avoir placé le Sénégal à un niveau très bas. Les Lionnes sont 4es au sortir du dernier Afrobasket. On renvoie des entraineurs de gauche à droite. On permet le cumul des postes de directeur technique et de sélectionneur. Comment l’évaluation va se faire ? C’est du n’importe quoi. Le président Babacar Ndiaye ne connait pas le basketball, sinon il ne l’aurait pas fait. Et c’est Serigne Mboup (président de normalisation entre 2013 et 2015) qui nous a installé ce monsieur, qui a surpris plus d’un. Particulièrement son ami de 20 ans Pathé Keïta, devenu un farouche opposant de sa gestion.
Quels actes sont posés pour que toute la lumière soit faite sur le scandale financier révélé par la Cour des comptes à propos des fonds Force-Covid ?
On doit nous dire comment on a dépensé les 140 millions F CFA ainsi que d’autres fonds alloués à la Fédération. D’ailleurs, j’ai par le biais de la CRBS envoyé une sommation interpellative au directeur de Cabinet du ministre des sports sortant Matar Ba, mais il a refusé de prendre le document. On lui réclame les 100 millions F CFA reçus en 2017 d’après une information du journal Record. Ce qu’il n’a jamais démenti. Nous voulons savoir à qui cette somme était destinée. Il a refusé de répondre et a même menacé de porter plainte contre l’huissier. La requête lui sera transmise qu’il le veuille ou pas. L’autre personne interpelée, c’est Ameth Dieng (président commission des finances FSBB) qui a dit à l’huissier qu’il n’est pas à Dakar. Ce qui n’est pas vrai parce que des amis l’ont aperçu la semaine dernière lors d’une cérémonie organisée par le ministère. Il demande qu’on lui amène ça à Saint-Louis où nous comptons prendre un huissier. La troisième sommation est adressée à la trésorière de la Fédération Mamy Niang, qui est co-signataire des chèques émises par le président. Il faut qu’elle nous dit où est le chèque n°340 qui est entre les deux chèques de 25 millions F CFA donnés au ministère. Nous voulons connaitre le montant et le destinataire. Tout comme sur les 100 millions F CFA de 2017. Ces questions vont finir au tribunal. Il faut que ces gens sachent que nous ne lâcherons plus jamais une seule virgule.