Militaires sénégalais tués au Mali (1/3) : «Le caporal Ousseynou Diallo avait vu sa mort en rêve»

L’Observateur a recueilli dans son édition de ce jeudi les témoignages de proches des trois soldats sénégalais de la Minusma tués au Mali dans l’explosion d’une bombe artisanale. Voici celui de Malick Diallo, grand-frère de la victime de 33 ans, originaire de Kabatoki, dans la région de Kaolack.

«Depuis son départ pour le Mali, il y a six mois, je m’occupe de toutes les affaires de Ousseynou (Diallo). Il m’a laissé une procuration avec laquelle je retire, tous les mois, son salaire à la banque.

«Son ambition était de construire un grand bâtiment dès son retour de mission. Ousseynou était un homme exemplaire, sérieux, travailleur et discipliné. Et à chaque fois qu’il prenait ses congés il venait à Kabatoki pour travailler comme conducteur de moto-Jakarta ou simple ouvrier dans des chantiers de construction.

«Depuis qu’il est en mission au Mali, il nous demandait de faire de prier pour lui car il faisait des rêves bizarres. Récemment, il avait confié avoir fait un rêve au cours duquel il voyait ses frères d’armes le rapatrier au Sénégal. Aussi, il disait qu’il voyait dans le même rêve plusieurs personnes entourant notre papa avec des ventilateurs.

«Le jour de sa mort, nous avons discuté par appel vidéo jusqu’à 9 heures du matin. Je le taquinais en lui demandant ce qu’il faisait en pleine brousse en tant que caporal. Il m’a répondu qu’ils étaient en déplacement sur le terrain. Nous nous sommes promis de nous rappeler dans la soirée, à son retour à la base.

«Après notre appel vidéo, à 14 heures, mon petit-frère nommé Ousmane Ndao Diallo m’appelle pour me demander si j’avais des nouvelles de Ousseynou. Sa question m’a paru bizarre. J’essaie alors de le joindre à nouveau. Mais mes tentatives resteront vaines. Ses amis au Mali étaient eux aussi injoignables. J’ai commencé à avoir des doutes.

«C’est finalement à 18 heures que mon frère Ousmane Ndao Diallo m’a informé que Ousseynou et deux autres de ses collègues qui étaient à bord de leur véhicule ont été tués par une bombe artisanale. En plus d’être mon frère, Ousseynou était aussi un ami, un confident. Pour preuve, son bébé de six mois, baptisé juste avant son départ pour le Mali, porte mon nom.»

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