Dans mon pays, le Sénégal, nous avons maintes raisons de douter de la bonne tenue des ressorts qui ont toujours servi de socle pour la nation. Dans mon pays, le Sénégal, les images de traitements inhumains, disproportionnés et dégradants sont devenues virales et quelque peu banalisées. Les fréquentes et inexplicables brutalités, humiliations de militants politiques de l’opposition dont Ousmane Sonko et Guy Marius Sagna pour ne citer que ceux-là, donnent des sueurs froides. Dénoncer ces actes est un devoir citoyen ! La main qui actionne la machine à broyer ne s’arrête jamais toute seule et ne met personne à l’abri, n’épargne ni le loup, ni l’agneau. Se taire, c’est trahir. Dans mon pays, le Sénégal, le hasard bienveillant pour le régime en place, parfois aidé par la main malheureuse des intéressés, fait surgir, à la veille de chaque élection présidentielle (2007, 2012, 2019, 2023), des dossiers judicaires sur la tête de candidats potentiels, avec son lot d’incongruités et au rythme du sprinter. Dans mon pays, le Sénégal, nous sommes maintenant habitués à une évolution en dents de scies de ces dossiers avec un cycle à plusieurs étapes : haute tension, folles enchères, impitoyables décisions, brouillard, soupçons de « deal » à travers des protocoles puis renaissance surprise. Sur ce terrain, le brouillard a la peau dure. Quant au triste sort du Sénégal de 2023 dont les ressortissants d’ici et d’ailleurs vivent une situation économique et sociale difficile, il ne fait l’objet d’aucun doute. L’échec des politiques publiques est tristement illustré par les trous béants du panier de la ménagère, les dépenses vertigineuses pour couvrir les frais de santé et d’éducation, la persistance de l’insécurité et du chômage des jeunes. Ce constat incontestable nourrit un doute permanent sur la bonne santé de notre État de droit. Comme de nos jours, s’interroger sur des questions gênantes déclenchent le courroux politico-judiciaire, je me contente de douter. Pourtant, j’ai dénombré cinq milliards de doutes. Bien évidemment, ils ne peuvent pas tenir dans une chronique.
Boubacar CAMARA Kamâh