Le roi de la mer, Saacuur, a été intronisé ce vendredi dans le village de Fadiouth. Cette pratique séculaire, unique en son genre dans la tradition sérère de Fadiouth, est d’une importance capitale dans le riche patrimoine culturel du village, a expliqué le maire de Joal.
“C’est une tradition héritée de nos aïeux. Sa mission est de protéger la mer. Quand la ressource se fait rare, les femmes viennent nous soumettre leurs inquiétudes et de par nos prières et libations, nous faisons revenir la ressource”, explique Jean-Baptiste O Ngor Codou Diouf, le nouveau roi de la mer.
Ce dernier est aujourd’hui le 24e Saacuur des deux lignées sacerdotales et le 12e de la lignée Dahanel Tiboye Demba. Il reprend fonction après deux ans, date à laquelle son prédécesseur Simon Njare Soune Ndiaye a quitté ce monde.
En effet, seules deux lignées familiales (Tioye Demba et Ndiaré Saar) peuvent porter à tour de rôle le titre de roi de la mer. Désormais, le roi de la mer ne pourra plus se laver dans la mer. Aussi, ses habits ne toucheront plus jamais l’eau de mer. Il doit vivre avec beaucoup de réserve et ne sortira plus de l’île de ses ancêtres.
Dorénavant, le Saacuur règne dans le royaume de Joal-Fadiouth. Il veillera à la paix dans le village, en brousse et en mer. Il devra assurer l’abondance de poisson et la prospérité des récoltes (mil, sorgho, riz).
“La commune de Joal-Fadiouth reste particulièrement attachée à cette tradition et elle compte donner un statut spécial au Saacuur, afin de renforcer à la fois son caractère royal et sa dignité dans la mémoire individuelle et collective des populations de la commune et au-delà”, a expliqué Aissatou Sophie Gladima, Maire de Joal-Fadiouth.
Elle a invité la commission culture du conseil municipal à se rapprocher des anciens et des sages pour procéder à l’inventaire de leur patrimoine culturel, afin d’engager toutes les actions utiles pour sa préservation. Mieux encore, elle compte porter le plaidoyer auprès du président Macky Sall pour que cette cérémonie soit inscrite au patrimoine culturel national, compte tenu de ses multiples dimensions (historique, culturelle, sociale et économique) pour toutes les communautés vivant le long de la côte.