« La lutte des populations avait engendré une décision administrative de fermeture de l’usine de recyclage de plomb à Ndiakhaté, dans la commune de Pout, le 14 décembre 2022, qui était fondée sur la base de relevés confirmant un niveau de contamination extraordinaire et alarmant, mais 3 mois seulement après, et à la surprise générale, il y a eu une nouvelle autorisation lui permettant de reprendre ses activités », regrette le porte-parole des populations de Ndiakhaté, Mamadou Lèye, au cours d’un conclave initié par le Centre de recherche et d’action sur les Droits économiques, sociaux et culturels (CRADESC), autour des « Stratégies à mettre en œuvre pour atteindre cet objectif ».
Les populations de Ndiakhaté, à Pout, considèrent qu’« un délai de décontamination du site avait même été donné et qui n’a jamais été réalisé, mais à la surprise générale, l’usine a redémarré moins de 3 mois après, avec une nouvelle autorisation ».
Fort de ce constat, elles disent avoir déterré la hache de guerre pour « obtenir la fermeture pure et simple de l’usine ». Mamadou Lèye constate que « c’est la vie de toutes les populations de la zone entière, notamment la commune de Pout et la zone des Niayes, qui est aujourd’hui en danger ».
Selon lui, « Il suffit de s’approcher de l’usine pour se rendre compte que les eaux de drainage passent juste à côté, ce qui est de nature à transporter la toxicité dans toute la zone des Niayes et constitue un danger permanent ». Aussi les populations de Ndiakhaté, qui disent « non à la poursuite des activités de cette usine de la mort », demandent aux autorités de ce pays, notamment le président de la République, de « veiller à ce que cette usine soit fermée de manière définitive ».
Le président du Cadre de concertation et de développement de la zone des Niayes, Matar Ndoye, qui se rappelle « les événements du quartier Ngagne Diaw de Thiaroye, liés à la contamination au plomb et leur impact sur la population, qui restent encore vivaces dans la mémoire collective », pense qu’« il est hors de question de vivre la même situation dans la zone des Niayes ». Selon lui, « la justice sociale doit être largement prise en compte dans certaines prises de décision, surtout quand il s’agit de la délivrance d’autorisations dans des cas similaires ». « Il était bien possible d’installer cette usine dans une zone éloignée, où les dégâts seraient réduits à des proportions négligeables, d’autant plus qu’elle n’exploite pas des ressources de la zone, mais travaille à partir de batteries venues d’ailleurs », explique-t-il. Aussi de souligner : « Ce combat doit être l’affaire de tous, car si la nappe phréatique est contaminée, personne n’échappera aux conséquences ».
Les populations des Niayes, qui disent connaître « tous les dangers de l’exploitation du plomb, à travers des études d’impact environnemental », ont été sensibilisées sur « le niveau de risques et d’impacts négatifs sur la santé humaine et sur les activités agricoles ».
Pour cette raison, remarque Marie-Paule Bassène, coordonnatrice du CRADESC, « nous nous sommes retrouvés pour nous pencher sérieusement sur la question et trouver des stratégies de lutte afin d’obtenir la cessation définitive des activités de l’usine et même le retrait de l’attestation délivrée ». Ces populations attirent l’attention sur le fait qu’« aujourd’hui, les activités agricoles sont menacées dans toute la zone, mais aussi la santé humaine et animale ». « Le lieu d’implantation est un endroit très fréquenté par les jeunes, et l’agriculteur qui avait même son exploitation juste à côté, est en train de vendre son champ, car ses activités agricoles ne donnent plus de résultats », ajoute-t-elle.