CEDEAO : INTERVENTION MILITAIRE AU NIGER, L’URANIUM EN TOILE DE FOND

L’intervention militaire au Niger peaufinée par la cedeao semble bien cacher des zones d’ombres en ce qui concerne les lobbies qui pourraient être derrière cette armada ouest-africaine qui se fixe comme objectif de restaurer l’ordre constitutionnel. Si les états ouest-africains qui ont démocratiquement élu leurs présidents ne voudraient pas de coup d’état qui commencent à faire tâche d’huile, il reste que leurs partenaires occidentaux,notamment la France a bien des intérêts stratégiques à préserver au Niger. Difficile donc dans ces conditions de comprendre ce qui motive vraisemblablement la Cedeao à user de la voie des armes pour restaurer l’ordre constitutionnel.

L’uranium, dont le Niger est un des principaux producteurs mondiaux, constitue sa principale exportation. Le pays fournit ainsi plus de 25% de l’uranium et en était encore  le premier fournisseur du Vieux Continent en 2021 avant d’être relégué à la seconde place par le Kazakhstan (près de 27%) l’année dernière. A l’échelle nationale, le Niger a été le troisième fournisseur d’uranium de la France, contribuant pour 19% de ses approvisionnements entre 2005 et 2020, derrière le Kazakhstan et l’Australie, selon le comité technique Euratom.

 

Pour ce minerai, le Niger « n’est plus le partenaire stratégique de Paris comme il a pu l’être dans les années 1960-70 », rappelle cependant Alain Antil, directeur du centre Afrique subsaharienne à l’Institut français des relations internationales (IFRI). Outre la stratégie de diversification des sources d’approvisionnement que mène l’Hexagone, le Niger a considérablement réduit sa production au cours des dernières années, laquelle est passée de près de 3.000 tonnes en 2020 à seulement 2.020 tonnes en 2022.

 

Au Niger, le visage de la France est notamment incarné par Orano (ex-Areva) car peu d’entreprises françaises sont présentes là-bas. Le groupe nucléaire exploite l’uranium depuis 50 ans dans le nord du pays. Le groupe, spécialisé dans le cycle du combustible nucléaire et qui emploie quelque 900 salariés dans le pays – essentiellement des personnels locaux répartis entre Niamey et Arlit -, a indiqué jeudi suivre de très près la situation de ses mines d’uranium dans le contexte d’instabilité politique que traverse le pays.

 

« L’uranium en provenance du Niger couvre moins de 10% de l’uranium utilisé dans les centrales nucléaires françaises », a récemment précisé Orano, ajoutant que le Niger ne représente que 4% de la production mondiale d’uranium. Toutefois, ce n’est pas rien que la France soit en alerte depuis que la junte a renversé le régime du Président Mohamed Bazoum.

 

Dans un communiqué, le ministère français des Affaires étrangères a apporté « son plein soutien à l’ensemble des conclusions » adoptées lors du sommet de la Cédéao sur le Niger, qui a ordonné le déploiement de sa « force en attente » pour y restaurer l’ordre constitutionnel. Idem pour les Etats-Unis qui soutiennent le « travail » de la Cedeao. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a déclaré que Washington « soutenait » l’action de la Cedeao au sujet du Niger.

 

Ce qui signifie en clair que la Cedeao est loin d’être seule dans ce bras de fer avec les putschistes. Et la question de l’uraniums en toile de fond risque à bien des égards de réveiller un conflit où il ne sera pas surprenant de voir la Russie se ranger du côté de la junte militaire. Pour l’heure, la force en attente de la Cedeao se prépare secrètement à réunir les conditions globales de son intervention militaire face à des militaires putschistes qui refusent d’entendre raison. Gageons que  le conflit russo-ukrainien ne transparaisse dans le démantèlement de  ce que coup de force au Niger !

 

 

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