Lors de l’audition de Ngagne Demba Touré le 23 févier dernier, arrêté après son retour «d’exil» suite à l’application d’un mandat d’arrêt lancé contre lui, le magistrat Mamadou Seck a été conspué par des greffiers au Palais de justice de Dakar. Mais, ces actes ne vont pas certainement être impunis. Le Parquet a décidé de lancer des poursuites contre les personnes impliquées dans ces incidents qui ont été documentés. Grâce à des vidéos de surveillance et aussi des témoins, les auteurs ont été identifiés et vont être poursuivis pour outrage à magistrat, voies de fait et autres actes de vandalisme.
Le jour de l’audition très tendu de Me Touré, le juge d’instruction du deuxième Cabinet a été chahuté par des greffiers qui s’opposaient à l’audition de leur confrère. En signe de protestations de l’arrestation du coordonnateur de la Jps, la plupart des membres des structures qui regroupent les syndicats des travailleurs de la Justice (Sytjust) et l’Amicale des greffiers du Sénégal se sont rassemblés devant le bureau de Mamadou Seck, qui a eu une audition houleuse avec Ngagne D. Touré. En outre, des procès qui se tenaient dans certaines salles d’audience ont été perturbés par des travailleurs de la Justice en colère. Il a fallu l’intervention de la gendarmerie pour les évacuer, afin de permettre la reprise du jugement des affaires inscrites au rôle. Sans les avocats, il y aurait même eu des coups de poing dans le bureau du juge Seck.
Cette situation avait passablement agacé l’Union des magistrats sénégalais (Ums), qui avait condamné une «impardonnable forfaiture». Elle avait dénoncé que «des greffiers se sont permis de se rassembler, de prononcer des insanités à l’endroit des magistrats de façon générale ainsi que des propos outrageants contre le juge dudit cabinet, sur lequel ils ont exercé une pression inouïe». Pour elle, ces actes posés «ne sauraient rester sans conséquence au vu de leur gravité», car «nul n’est au-dessus des lois, pas même les acteurs de la Justice».
Le greffier Me Ngagne Demba Touré a été placé sous mandat de dépôt jeudi 23 février dernier. Il est poursuivi pour «association de malfaiteurs en rapport avec une entreprise terroriste, offense au chef de l’Etat, atteinte à l’autorité de la Justice, outrage à magistrat, actes de nature à compromettre la sécurité publique ou ayant entraîné des troubles politiques graves». L’arrestation du jeune responsable de l’ex-parti Pastef par la Division des investigations criminelles (Dic) puis son transfèrement à la prison de Rebeuss s’inscrivent dans le cadre de l’exécution d’un mandat d’arrêt que lui a décerné la Justice sénégalaise. Il faut noter que Me Touré, «en exil» au Mali depuis 6 mois, a fait son retour au Sénégal au moment où s’opère une série de libérations de détenus arrêtés dans le cadre des violentes manifestations de 2021 et 2023.