La réduction du prix de la baguette de pain décidée par le nouveau régime n’agrée pas l’Association des meuniers et industriels du Sénégal (Amis). Cette dernière annonce ainsi un arrêt de la production de pain aujourd’hui, pour marquer son désaccord.
Une première conséquence de l’absence de consensus dans la démarche de l’Etat du Sénégal sur la baisse des prix des denrées de première nécessité, notamment le pain : arrêt de production dans la minoterie. «L’Association des meuniers et industriels du Sénégal engage ses 7 membres dans une mesure de retrait. Les meuniers ne peuvent s’engager dans un dispositif de vente à perte et déclarent officiellement un arrêt provisoire de production», déclare-t-elle dans un communiqué dont Le Quotidien a eu copie. L’Amis rappelle : «L’article 30 de la loi du n°94-63 du 22 août 1994 (sur les prix, la concurrence et le contentieux économique) nous interdit formellement de vendre à perte. Il est ainsi décidé, à compter de ce lundi 24 juin 2024, un arrêt périodique et collectif de production permettant de ralentir le niveau des pertes induites quotidiennement, ce jusqu’à ce qu’une réponse assurant la survie des meuniers soit apportée.»
Les membres de l’Amis disent avoir pris connaissance, à l’instar de tous les Sénégalais, de la décision de l’Etat résultant du Conseil national de la consommation du 21 juin 2024, de baisser le prix de la farine boulangère de 19 200 francs Cfa à 15 200 francs Cfa, soit une réduction de 4000 francs Cfa. «Cette mesure intervient au moment où le coût moyen du blé est en hausse constante et dépasse 300 euros. Cette réalité ne permet pas d’apporter une réponse basée sur la baisse de l’essentiel des facteurs de production de farine. Les travaux menés en réunion technique avec les services de l’Etat ont permis de relever que la renonciation aux droits de Douanes et Taxes sur la valeur ajoutée (Tva) représenterait 1355 francs Cfa sur le prix du sac. Dans ces conditions, le financement de l’écart de 2645 francs Cfa sur le prix de la farine demeure incertain pour les entreprises meunières et pour l’ensemble des acteurs de la filière. La baisse de 4000 francs Cfa n’est pas financée à ce jour», constatent-ils.
Claude Demba Diop, président de l’Amis, et ses camarades attirent l’attention du ministère de l’Industrie et du commerce sur les effets d’une mesure hâtive au regard des stocks de blé déjà dans le circuit de production et des volumes de farine en vente dans les réseaux de distributeurs. Mais malgré ces alertes sur l’impréparation du secteur, le prix de revient de la farine annoncé au sortir du Conseil national de la consommation est bien en-dessous du prix de vente réel, et la date d’entrée en vigueur est un coup porté à l’activité des parties prenantes, notent-ils. A leurs yeux, «chaque sac de farine boulangère livré depuis les unités de production constitue une infraction manifeste à la loi sénégalaise, en plus d’amplifier les pertes des entreprises productrices.
L’application des prix annoncés oblige indirectement les meuniers à subventionner le prix du pain».
Une situation qui, selon l’Amis, «mènera inéluctablement les 7 entreprises vers une faillite programmée et collective».