La seule urgence qui vaille : Eduquer notre jeunesse. Par Jean Pierre Correa 

Par quel mécanisme de la pensée, l’idée-même de faire une impasse sur l’avenir de nos jeunes gens, peut-elle s’imposer à des esprits responsables ?
Je pense à ceux qui gouvernent cette jeunesse ni éduquée, ni instruite, ni informée, qui est affalée toute la journée contre le mur qui soutient leur colonne vertébrale, à deviser sur Mbappé, Sadio Mané, Wally Seck ou Bathio Ndiaye, ou mieux à agonir d’injures les nouvelles autorités, seules responsables selon eux de leur inactivité et de leur désœuvrement endogène, et me dis que ces hommes qui auront donc à gérer ces zombies sont vraiment dans le brouillard. Aucune formation professionnelle, aucun rêve de vivre dans leur pays, pour la plupart déjà pères de 3 ou 4 mômes dont ils ignorent jusqu’au prénom, ces jeunes qui revendiquent deux cerveaux dans les biceps et un muscle dans le cerveau sont la poudre de la bombe qui va nous péter à la gueule dans une dizaine d’années. La mèche est allumée déjà. On le sait. Mais on ne veut pas voir. On repousse les urgences, on les dissout dans de la rhétorique populiste. Face à cette mèche qui approche du détonateur, un « Homme d’Etat » se doit de gouverner pour les générations futures, alors qu’ils ne savent endosser que le costume étriqué de l’homme politique qui n’est préoccupé que par sa réélection. Se faire rattraper par les principes de réalité, est en fait une bonne chose.
Cela leur permettra de mettre l’accent sur l’agriculture qui va conditionner notre indépendance alimentaire, ou sur l’éducation et la formation, qui vont garantir l’emploi ? A-t-on décidé que ces plans tirés sur la Comète devaient être réalisés par une jeunesse mieux formée, citoyenne, éduquée et patriote, et qu’il fallait mettre le paquet sur une jeunesse instruite et en bonne santé ? Comment va-t-on remettre les Sénégalais au travail, et surtout dans les champs ? Comment va-t-on persuader ce jeune homme ou cette jeune fille qu’ils peuvent retourner dans leurs villages, où les attendent des vrais projets de développement, ce qui leur éviterait de passer leur vie à être pourchassés par ceux qui rêvent naturellement et très justement d’avoir des trottoirs et des rues dignes d’une capitale ? Comment va-t-on faire croire au jeune homme amoureux d’une jeune fille, que pour espérer l’épouser, il ne se sentira pas condamné à prendre les « pirogues de notre plus dramatique échec » ?
Mais il y a longtemps qu’ils ne transpirent plus nos dirigeants. Quand vous voyez, Obama, Macron, qui six mois après leur élection, être couverts de cheveux blancs, du fait de leurs responsabilités les engageant à chaque signature, on est tenté de les comparer aux nôtres, qui tout au contraire, grossissent, claircissent et dégagent de la tranquillité, celle de l’irresponsabilité assumée… Depuis Abdou Diouf, qui avait eu à gérer les ajustements structurels, et dont la chevelure avait subitement blanchi, Wade étant hors concours du fait de calvitie permanente, aucun des hommes en responsabilité dans notre pays ne porte les stigmates du stress de la gouvernance…

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