Entre la sécheresse qui a sévi au Brésil, le premier producteur mondial de café, et les violents typhons qui se sont abattus sur le Vietnam, qui arrive à la deuxième place, les chaînes d’approvisionnement mondiales ont été largement perturbé ces derniers mois,
Presque cinquante ans que le café n’a pas été aussi cher: le cours de l’arabica a atteint un sommet mercredi, essentiellement en raison de craintes grandissantes sur la récolte au Brésil.
La hausse des prix est avant tout liée à “l’offre, que ce soit en Amérique latine ou dans certains pays africains”, explique à l’AFP John Plassard, analyste chez Mirabaud. “Les prévisions de production ne sont pas très bonnes pour les six mois qui viennent.”
Au Brésil, des incendies d’une ampleur hors norme, pour la plupart d’origine criminelle selon les autorités, ont sévi pendant plusieurs semaines cet été, de l’Amazonie, au nord, jusqu’au sud de l’immense du pays, favorisés par une sécheresse historique, que les experts attribuent en partie au réchauffement climatique.
Résultat, la récolte de café, dont ce géant agricole est le premier producteur et exportateur mondial, est ébranlée: la livre d’arabica, variété la plus aromatique, la plus chère et la plus vendue, a atteint mercredi à New York un record depuis 1977, à 320,10 cents.
– Inquiétudes au Vietnam –
Après cette “longue période sèche et chaude”, les arbres caféiers au Brésil avaient profité de “pluies significatives” en octobre, contribuant à “une floraison exceptionnelle dans la plupart des régions productrices de café arabica”, selon Guilherme Morya, de Rabobank.
Mais l’analyste relève une “incertitude sur le déroulement de la floraison, qui soulève des inquiétudes importantes” sur la récolte 2025/26.
Si les fleurs ne se fixent pas sur les branches, elles ne seront pas en mesure de se transformer plus tard en cerises, qui contiennent les grains de café.
D’autres facteurs, géopolitiques cette fois-ci, comme les perturbations du transport maritime dans la mer Rouge, les relèvements des droits de douane américains promis par Donald Trump et le futur règlement de l’Union européenne sur la déforestation contribuent à soutenir les prix des matières premières en général, et du café en particulier.
“Dans ce contexte d’incertitude, les agriculteurs choisissent de ne vendre que ce qui est nécessaire, limitant ainsi l’offre de café sur le marché local”, conclut M. Morya.
Ces craintes sur l’offre concernent également le Vietnam, premier pays producteur de robusta, meilleur marché, utilisé par exemple pour le café instantané.
Cette variété, cotée à Londres, s’échange désormais autour des 5.200 dollars la tonne. Elle avait atteint mi-septembre un prix record de 5.829 dollars, du jamais vu depuis l’ouverture du contrat actuel de référence, en 2008.
Ce prix serait même inédit depuis les années 1970, d’après l’agence Bloomberg qui s’appuie sur des archives.
– “Accro” –
“Il est clair et net que cela va avoir un impact important pour le consommateur”, affirme John Plassard, et ce, dès le début de l’année prochaine pour les entreprises qui vont négocier leur contrat de café.
Directement touchés, les géants de la vente de café, comme Nestlé, “vont répercuter les prix sur leurs clients”.
L’entreprise, qui possède Nespresso, Nescafé mais aussi les dosettes de Starbucks vendues en supermarché, a déjà annoncé en novembre qu’elle augmenterait les prix et réduirait la taille de ses sachets au vu d’une érosion des marges, rapporte Bloomberg.
Agrippé à son “latte” au lait d’avoine mercredi à la sortie d’une chaîne de café londonienne qui ne désemplit pas, Nicky, 26 ans, sait déjà qu’elle ne réduira pas sa consommation en cas de hausse des prix. “Je serai toujours prête à payer, peut-être que c’est être irresponsable financièrement”, admet cette jeune professionnelle, qui se dit “accro”.
Julie, 34 ans, café à la main, qui ne compte pas non plus abandonner sa dose de caféine, commence déjà à “acheter des packs” pour tout “préparer à la maison”.
Une Hausse qui risque de perturber les exportations internationales