Quels sont les médicaments interdits à la vente-libre ?
Jusqu’ici disponibles sans ordonnance, ces traitements par voie orale visent à décongestionner et à désencombrer le nez. Sont concernés les principaux médicaments utilisés contre le rhume suivants :
- Actifed Rhume ;
- Actifed Rhume jour et nuit ;
- Dolirhume Paracétamol et Pseudoéphédrine ;
- Dolirhumepro Paracétamol Pseudoéphédrine et Doxylamine ;
- Humex Rhume ;
- Nurofen Rhume ;
- Rhinadvil Rhume Ibuprofène/ Pseudoéphédrine ;
- Rhinadvilcaps Rhume Ibuprofène/ Pseudoéphédrine.
Dès ce mercredi 11 décembre 2024, une ordonnance devra obligatoirement être présentée en pharmacie pour obtenir ces médicaments vasoconstricteurs oraux.
Rappelons que les formes nasales de vasoconstricteurs étaient déjà soumises à prescription médicale depuis de nombreuses années, notamment en raison de leurs effets indésirables neurologiques et cardiovasculaires.
Des traitements à base de pseudoéphédrine, pouvant provoquer des effets secondaires graves
Le point commun des ces médicaments ? Ils contiennent la molécule pseudoéphédrine, un vasoconstricteur. Cette molécule est depuis plusieurs années dans le collimateur des autorités sanitaires, en raison de ses risques d’effets secondaires tels que des maux de tête, des nausées, des convulsions et dans des cas plus graves, des AVC, des infarctus et des affections affectant les vaisseaux sanguins du cerveau (comme le syndrome de vasoconstriction cérébrale réversible). Ces cas graves sont rares, mais comme l’a souligné ce matin Alexandre de La Volpilière, directeur adjoint de l’ANSM, au micro de France Info (source 2) : « On ne risque pas un AVC pour un nez bouché. »
Ainsi, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) considère que « la possibilité d’obtenir ces médicaments sans avis médical fait courir un risque trop important aux patients. » « Nous demandons aux médecins prescripteurs de bien évaluer la balance bénéfice/risque pour chaque patient avant de lui prescrire un de ces médicaments », a ajouté l’ANSM.
En octobre 2023, l’ANSM avait une nouvelle fois déconseillé l’utilisation des traitements et rappelé les risques. Cette décision avait d’ailleurs impacté les ventes de traitements à la baisse, pour un temps. Depuis le retour du froid et des maladies hivernales, elles rebondissent et l’Agence juge cette situation particulièrement préoccupante.
Pourquoi ne pas avoir interdit plus tôt ces médicaments?
Les alertes contre ces médicaments à base de pseudoéphédrine ne sont pas nouvelles. Mais alors, pourquoi ne pas les avoir interdits plus tôt ? Les autorités sanitaires expliquaient avoir les mains liées par la réglementation européenne qui soumet le retrait d’une autorisation à l’avis de l’Agence européenne du médicament (EMA).
Or, celle-ci avait estimé l’an dernier que les traitements anti-rhume concernés ne présentaient pas de risques suffisants pour les interdire. Cet avis s’explique par le fait que les effets secondaires graves restent très rares. Ils sont quelques-uns à être signalés chaque année et, en France, aucun décès n’a jusqu’ici été rapporté. Plutôt que l’interdiction, l’EMA avait donc renforcé les mesures de précaution.
Mais les autorités françaises ont fini par trancher en estimant que le risque, même faible, était inacceptable au vu du caractère bénin de la maladie traitée : un simple rhume qui, rappelons-le, guérit spontanément en sept à dix jours et sans traitement dans la majorité des cas. Spray nasal, lavage de nez à l’eau de mer, plantes, huiles essentielles, homéopathie… de nombreuses solutions naturelles sont très utiles pour soigner le rhume et soulager ces symptômes inconfortables.
Source 1 : Communiqué, Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), 10 décembre 2024.
Source 2 : “Médicaments : ordonnance obligatoire pour des anti-rhume”, France Info, 10 décembre 2024.