63 nouvelles traditions viennent d’entrer au patrimoine immatériel

Qu’ont en commun l’artisanat du savon d’Alep, le rituel du henné et le saké ? Ces traditions vivantes sont quelques-unes des 63 nouvelles inscriptions au patrimoine immatériel de l’UNESCO.

Réuni début décembre à Asunción au Paraguay, le Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO a dévoilé sa liste enrichie de 63 nouvelles inscriptions. Ces ajouts, issus de toutes les régions du monde, illustrent la richesse et la diversité des traditions humaines, et reflètent des savoir-faire artisanaux, des pratiques sociales et des expressions artistiques parfois menacés par la modernité.

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Un panorama des arts du spectacle et des rituels

Les traditions liées aux arts du spectacle occupent une place de choix dans ces nouvelles inscriptions. Le wosana — un rituel du Botswana mêlant chants et danses — et l’Intore rwandais honorent la résilience et la spiritualité de leurs communautés. En Indonésie, l’art du Reog Ponorogo impressionne par ses danses spectaculaires et ses masques flamboyants.

La danse mangwengwe en Zambie et la danse k’cimi en Albanie montrent comment les mouvements rythmiques préservent une mémoire collective. En Bosnie-Herzégovine, la sevdalinka, chant urbain traditionnel, exprime une poésie teintée de mélancolie. La Tunisie, avec les arts du spectacle des ṭwāyef de Ghbonten, inscrit une tradition unique de performances.

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le henné transcende les frontières, et relie esthétisme et traditions rituelles. En Europe de l’Est, le pysanka ukrainien — cet art délicat de décorer des œufs — incarne un symbole identitaire fort.

Des pratiques gastronomiques uniques

La cuisine, patrimoine immatériel par excellence, a également été mise à l’honneur par l’UNESCO.

En Thaïlande, le célèbre tom yum kung, une soupe épicée et parfumée, est désormais reconnu. Au Japon, les savoir-faire liés au saké à base de koji — un ferment issu du riz — témoignent d’une tradition millénaire, tandis qu’en Estonie, la préparation du Mulgi puder, une purée traditionnelle à base de pommes de terre et d’orge, reflète le lien entre culture et nature.

En Côte d’Ivoire, les savoir-faire de l’attiéké, cette semoule de manioc, soulignent l’importance des aliments fermentés. Le petit déjeuner malaisien, véritable voyage culinaire entre communautés ethniques, a également été salué. Enfin, le Brésil célèbre la fabrication artisanale du fromage Minas, emblème de la région du Minas Gerais.

Les gestes et savoir-faire artisanaux, un héritage entre les mains

Le patrimoine immatériel trouve aussi sa place dans l’artisanat avec par exemple l’art du tandir, en Azerbaïdjan, qui valorise la cuisson traditionnelle du pain. L’artisanat du savon d’Alep en Syrie évoque une expertise séculaire, et celui du savon de Naplouse en Palestine montre une expertise ancestrale liée à l’huile d’olive.

Également salués, les couvreurs-zingueurs parisiens perpétuent quant à eux une tradition essentielle pour préserver le patrimoine architectural, et la construction en pierre sèche, technique partagée entre 12 pays européens, illustrent quant à eux un lien intime entre techniques et paysages.

Coutumes et traditions, des piliers identitaires

Les vêtements et textiles traditionnels témoignent de l’élégance des savoir-faire locaux. En Algérie, les costumes féminins comme la Gandoura et la Melehfa révèlent des techniques de confection ancestrales. Le krama cambodgien, un foulard polyvalent, continue de symboliser l’identité collective, tandis que le kente du Ghana raconte des histoires à travers ses motifs colorés.

D’autres traditions liées aux textiles et à l’artisanat incluent les techniques textiles des Li en Chine et l’art délicat de la vytsinanka biélorusse, un découpage de papier artistique. Les costumes traditionnels norvégiens, au-delà de leur fonction esthétique, incarnent une pratique sociale qui perdure.

Fêtes et rituels, un lien intergénérationnel

Les célébrations communautaires inscrites cette année incluent le Festival du printemps chinois et l’atā thingyan, fête du Nouvel An au Myanmar. Au Moyen-Orient, la fête de Mehregân, célébrée en Iran et au Tadjikistan, honore les traditions zoroastriennes.

La migration nomade mongole, inscrite pour son rôle central dans la culture locale, et le Ngondo, culte des oracles de l’eau chez les Sawa du Cameroun, montrent un rapport profond entre nature et spiritualité. Le Durbar à Kano, au Nigeria ou les tableaux vivants de Galeras en Colombie illustrent des traditions festives pleines d’effervescence.

Des programmes exemplaires pour une sauvegarde durable

Au-delà de ces nouvelles inscriptions, l’UNESCO a également distingué des initiatives exemplaires, comme le programme omanais Safinat Shabab Oman, dédié à la formation de la jeunesse à bord de voiliers traditionnels ou le programme de sauvegarde de la kobza — un instrument à cordes — en Ukraine.

Préserver pour mieux transmettre

Avec ces 63 nouvelles inscriptions, l’UNESCO réaffirme son engagement à protéger un patrimoine immatériel riche et fragile. Ces trésors culturels, porteurs de sens et de mémoire, continuent d’inspirer et de rapprocher les peuples à travers le monde.

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