SERIGNE MOR MBAYE sur la migration circulaire : « Ceux qui ne seront pas retenus vont retourner dans leurs désespérances et y rester »

« Aujourd’hui, le Sénégal est frappé par un chômage endémique et un sous-emploi massif. Les jeunes ne voient tout simplement pas d’avenir dans leur propre pays. Ils pensent que tout est possible ailleurs, même si cela se traduit par des conditions de travail dégradantes. »

C’est par une observation du malaise qui alimente les frustrations de la jeunesse sénégalaise que Serigne Mor Mbaye entame son analyse. Psychologue, il met l’accent sur l’impact psychologique des migrations. « Ceux qui réussissent à obtenir une place dans les programmes de migration se sentent valorisés et espèrent changer leur vie et celle de leur famille. Par contre, ceux qui ne seront pas retenus vont retourner dans leurs désespérances et y rester. Cela risque d’accentuer leurs frustrations », avertit-il.

Pour ce spécialiste, il est urgent que l’État prenne des mesures pour éviter que les échecs ne transforment les candidats malheureux en des êtres totalement désabusés.

« Logement indécent, plus de 10 heures de travail, barrière linguistique, pas d’état de grâce… autant de difficultés dans ces champs »

La migration circulaire est une belle initiative. Avec l’Espagne, elle avait atteint son summum sous l’ère Me Abdoulaye Wade (2007-2012). En 2024, la relance de ce programme a suscité de nombreux espoirs. Mais, sur le terrain, tout n’est pas aussi reluisant que dans les discours. C’est ce qu’a voulu faire comprendre Ibrahima Khalil Wade, journaliste et communicateur, après un séjour dans des champs espagnols où travaillent de jeunes Sénégalais.

En Espagne, explique-t-il, les ouvriers migrants sénégalais vivent des conditions de travail très éprouvantes. « Logement indécent, barrière linguistique, plus de 10 heures de travail, pas d’état de grâce pour leur permettre de s’adapter à un nouveau cadre, salaire insuffisant, etc. Autant de difficultés qui rendent l’expérience très compliquée », note-t-il. Ces obstacles n’empêchent toutefois pas ces jeunes de rêver d’un avenir meilleur, poursuit M. Wade.

Selon lui, beaucoup d’efforts doivent être faits pour améliorer le bien-être de ces travailleurs. Il suggère, par exemple, une meilleure organisation et un suivi rigoureux pour éviter que des abus ne soient perpétrés. Ibrahima Khalil Wade invite également les autorités à mettre en place des politiques d’accompagnement pour un meilleur encadrement de ces travailleurs migrants.