RD Congo : Goma largement aux mains du M23, pas de rencontre Tshisekedi-Kagame

Dans l’est de la République démocratique du Congo, Goma semble être largement aux mains du M23 et des forces rwandaises, après des combats qui ont fait une centaine de morts et près d’un millier de blessés. La rencontre entre dirigeants rwandais et congolais semble compromise, le président congolais ayant annoncé qu’il ne s’y rendrait pas.

Le sort de Goma, grande ville de l’est de la République démocratique du Congo, semble scellé mercredi. “Plusieurs source sécuritaires et humanitaires disent que le M23 et les soldats rwandais semblent avoir pris le contrôle d’une large partie de Goma et notamment de l’aéroport, mais des affrontements se poursuivent avec les forces congolaises dans certaines parties de la ville”, décrit la correspondante de France 24, Aurélie Bazzara-Kibangula.

La rencontre entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame, convoquée mercredi par le Kenya pour tenter de dénouer cette nouvelle crise semble dans l’impasse. Le président congolais “ne participera pas au sommet virtuel des chefs d’États de la communauté des États d’Afrique de l’Est”, officiellement “pour des raisons d’agenda”, selon l’Agence congolaise de presse (ACP).

Mardi, après trois jours cloîtrés chez eux, sans électricité à cause du déluge de feu observé dans plusieurs quartiers, les premiers habitants sont prudemment sortis en quête d’eau et de nourriture, découvrant de nombreux cadavres gisant dans les rues.

Les combats ont fait plus de cent morts et près d’un millier de blessés, selon un décompte de l’AFP établi mardi soir à partir des bilans des hôpitaux.

Les hauts responsables du M23 (“Mouvement du 23 mars”) ont indiqué à la presse qu’ils s’exprimeraient mercredi, sans donner plus de précisions à ce stade.

Ils encerclaient déjà quasiment la ville depuis plusieurs jours, avec comme seules voies de sortie le lac Kivu au sud et la frontière rwandaise à l’est.

Des affrontements ont été signalés lundi le long de la frontière, notamment côté rwandais dans les environs de Gisenyi, où 5 civils ont été tués et 25 personnes grièvement blessées, selon Kigali.

Félix Tshisekedi ne s’est pas exprimé depuis le début de la crise. Son gouvernement a dénoncé une “déclaration de guerre du Rwanda”, tout en assurant vouloir “éviter le carnage”. Kinshasa et Kigali ont coupé ces derniers jours toute relation diplomatique en rappelant leurs diplomates respectifs.

Ambassades attaquées

Dix-sept soldats de la force régionale d’Afrique australe (SAMIRDC) et de la mission onusienne (Monusco), présentes dans la région en soutien à l’armée congolaise, ont été tués ces derniers jours dans des combats.

L’ONU, les États-Unis, la Chine et l’Union européenne ont appelé Kigali à retirer ses forces de la région et à la cessation des hostilités. L’Union africaine a appelé au “plein respect” de “l’intégrité territoriale de la RDC”, sans toutefois mentionner le Rwanda.

Mardi, la crise dans l’est de la RDC s’est soudain étendue jusqu’à Kinshasa. Des manifestants en colère ont attaqué plusieurs ambassades, dont celles du Rwanda. Les ambassades de France, de Belgique et des États-Unis, des pays critiqués pour leur inaction dans cette crise, ont également été ciblées.

Les États-Unis ont appelé dans la soirée leurs ressortissants à quitter la RDC, tandis que l’Union européenne a jugé ces attaques “inacceptables”.

Les nouvelles violences ont aussi aggravé une crise humanitaire chronique dans la région. Selon l’ONU, un demi-million de personnes ont été déplacées par les combats depuis début janvier.

Des centaines de milliers de déplacés s’entassaient déjà dans la capitale provinciale et ses environs. Des bombardements ont touché un camp, faisant 12 morts selon OCHA.

Depuis fin 2021, le M23 et des troupes de l’armée rwandaise se sont emparés de vastes pans de territoire dans la province du Nord-Kivu, dont Goma est la capitale, et y ont installé une administration parallèle.

Goma avait été brièvement occupée fin 2012 par le M23, né cette année-là et vaincu militairement l’année suivante.

Kinshasa accuse Kigali de vouloir piller les nombreuses richesses naturelles de la région, alors que le Rwanda, qui dément, dénonce la présence côté congolais de groupes hostiles. Mais la résurgence du M23 en 2021 a également été en partie causée par une rivalité entre le Rwanda et l’Ouganda autour des ressources de la région.

Avec AFP