Lat Diop face au doyen juges : les minutes de l’audition

Accusé de détournement de deniers publics, extorsion de fonds et blanchiment de capitaux, Lat Diop a bouclé quatre mois de détention à Reubeuss. Extrait de prison pour être auditionné par le doyen des juges financiers Idrissa Diarra, l’ancien DG de la LONASE a de nouveau contesté les faits qui lui sont reprochés. Selon L’Observateur, ses conseils vont déposer une demande de mise en liberté provisoire.

Placé sous mandat de dépôt le 28 septembre dernier pour les infractions de détournement de deniers publics, extorsion de fonds et blanchiment de capitaux, l’ancien directeur de la Loterie nationale sénégalaise (Lonase) a été extrait, jeudi, de sa cellule de Rebeuss. Après quatre mois de détention provisoire, marqués par des demandes d’annulation infructueuses de la procédure, Lat Diop a été entendu sur le fond du dossier par le juge d’instruction du pool judiciaire financier, Idrissa Diarra. Selon L’Observateur, pendant plus de trois heures, le magistrat instructeur a interrogé l’ancien ministre des Sports dans une ambiance détendue, en présence de ses avocats. Vêtu d’un boubou traditionnel Getzner blanc, Lat Diop a répondu à toutes les questions du juge.

Selon une source judiciaire citée par L’Observateur, l’audience a d’abord porté sur l’infraction de détournement de deniers publics. À ce sujet, Lat Diop a rappelé qu’il a occupé plusieurs postes avant d’arriver à la direction de la Lonase, sans jamais être mis en cause dans sa gestion. Aucun corps de contrôle ne l’a épinglé pour malversation, a-t-il soutenu. Concernant sa gestion à la Lonase, qui lui vaut aujourd’hui des poursuites et une détention, il a affirmé avoir réalisé des performances notables. « Il a non seulement triplé le chiffre d’affaires de l’institution, mais également créé plus de 1 500 emplois et modernisé le management », rapporte L’Observateur.

S’agissant du retard d’impôts de 380 millions F CFA qui lui est imputé, Lat Diop a expliqué qu’il payait les impôts conformément aux obligations fiscales durant tout son magistère. Il a rappelé qu’à son arrivée à la Lonase, il avait trouvé une dette fiscale cumulée de 4 milliards F CFA, qu’il a totalement apurée. Mieux encore, il affirme avoir versé plus de 37 milliards F CFA au fisc durant sa gestion, ajoute L’Observateur. Pour la dette de 380 millions F CFA retrouvée après son départ, il a soutenu devant le magistrat qu’elle ne pouvait lui être imputée, car elle a été enregistrée postérieurement à son passage à la tête de la société. Selon une source citée par L’Observateur, l’un des avocats de Lat Diop a également indiqué que le directeur de la comptabilité de la Lonase avait démenti l’existence de cette dette fiscale et que la direction financière a démontré que les arriérés ne concernaient pas son client.

Concernant les accusations de corruption formulées par Mouhamed Dieng, ex-directeur de 1XBet Sénégal, la défense a rappelé que celles-ci reposaient uniquement sur des captures d’écran de messages WhatsApp. Toujours selon L’Observateur, lors de l’enquête, Mouhamed Dieng a évité toute confrontation avec Lat Diop et ne s’est jamais présenté devant le juge pour confirmer ses déclarations. Il s’est exilé à Dubaï et n’a même pas répondu à l’invitation de la Division des investigations criminelles (DIC), rapporte le journal.

Après cette audition, les avocats de Lat Diop s’activent pour déposer une demande de mise en liberté provisoire. Selon L’Observateur, cette requête devrait être introduite dans les prochains jours auprès du doyen des juges financiers, Idrissa Diarra.

Par ailleurs, selon L’Observateur, Mouhamed Dieng a accusé Lat Diop d’avoir reçu 5 milliards F CFA provenant de ses commissions personnelles. Il a aussi affirmé aux enquêteurs que cet argent aurait permis à l’ancien ministre des Sports d’acquérir plusieurs biens au Sénégal et une maison à Grenoble, en France. Toutefois, ces allégations ont été catégoriquement réfutées par Lat Diop, qui a déclaré aux enquêteurs qu’aucune preuve tangible n’avait été versée au dossier pour les étayer.

Enfin, selon L’Observateur, l’accusation de blanchiment de capitaux, qui fait partie des charges retenues contre Lat Diop, a été mise de côté pour le moment. Une source judiciaire citée par L’Observateurexplique que cette infraction est généralement considérée comme connexe à un délit principal, qui doit d’abord être établi. Ainsi, pour prouver le blanchiment, il faudrait démontrer l’existence préalable d’un détournement de fonds ou d’un acte de corruption, ce qui, pour l’instant, n’est pas avéré dans ce dossier.

D’après L’Observateur, l’enquête sur le patrimoine de Lat Diop a conduit à une perquisition de sa résidence aux Maristes. Au terme des investigations, il a été inculpé et placé sous mandat de dépôt. Quatre mois plus tard, il a finalement comparu devant le doyen des juges financiers pour s’expliquer sur les faits qui lui sont reprochés.