Tout sur le nerf vague !

Éric Marlien, Kinésithérapeute et ostéopathe, auteur de Le système nerveux autonome : de la théorie au développement psychosomatique (Sully)

Le nerf vague, aussi appelé nerf pneumogastrique est le deuxième nerf crânien et le plus long du corps  , . Il est mixte, c’est-à-dire qu’il transporte des informations sensitives, sensorielles, motrices et surtout végétatives parasympathiques. Il joue un rôle crucial dans la régulation de nombreuses fonctions corporelles, notamment la fréquence cardiaque, la respiration, la digestion, et la réponse immunitaire. 

On l’appelle « nerf vague » (du latin « vagus », vagabond) parce qu’il chemine depuis la base du crâne, le long de la carotide, et innerve plusieurs organes, en particulier les poumons et les intestins. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on le nomme aussi « nerf pneumogastrique ». Ce long nerf se divise au niveau du tronc cérébral pour descendre de chaque côté du corps jusqu’à l’abdomen : le nerf vague droit passe près du poumon et de la région gastrique, le gauche longe l’aorte. Il fait partie du système nerveux autonome.

Des fonctions vitales

Le système nerveux autonome régit les processus fondamentaux et involontaires du corps comme le rythme cardiaque, la pression artérielle et la respiration. « Il gère tout ce qui se situe en dessous du seuil de notre conscience », résume Éric Marlien, kinésithérapeute et ostéopathe. Il est également responsable du maintien de l’homéostasie, c’est-à-dire la capacité de l’organisme à conserver un état d’équilibre, quelles que soient les contraintes extérieures. Quand on a trop chaud, par exemple, des variations physiologiques – dilatation des vaisseaux sanguins, accélération de la respiration et transpiration – permettent de réguler la température. « Ces fonctions, comme la digestion, la miction, la dilatation et la contraction des pupilles, opèrent sans que l’on s’en rende compte, mais elles sont vitales pour la survie et la santé », ajoute Éric Marlien.

Systèmes sympathique et parasympathique

Le système nerveux autonome est composé de deux branches, à la fois complémentaires et antagonistes. Dans une situation de stress (conflit au travail, accident de la route, etc.), le système sympathique prend le contrôle. Il mobilise de l’énergie pour agir – combattre ou fuir – face à une menace, supposée ou réelle. Le rythme cardiaque et la respiration s’accélèrent, la pression artérielle augmente, la digestion ralentit, les muscles se tendent, les glandes sudoripares s’activent. Une fois la situation stressante ou le danger passé ou écarté, le système parasympathique reprend les commandes et le nerf vague, l’un de ses éléments clés, appelé aussi « nerf parasympathique », s’actionne : le cœur et la respiration ralentissent, les muscles se détendent et la digestion se remet en marche. Le corps est capable de passer sans difficulté d’un état d’alerte à un état de détente. « Le nerf vague agit en tant que régulateur des organes qu’il rencontre sur son chemin, en particulier l’estomac, le tube digestif et le cœur », précise l’ostéopathe.

Comment stimuler le nerf vague ?

Si le stress ou les émotions fortes persistent, il peut être utile de stimuler le nerf vague pour aider le corps à s’apaiser. À ce stade, « des gestes simples comme s’asperger le visage d’eau froide, boire de l’eau glacée, prendre une douche ou un bain froid en hiver, suffisent : l’alternance des températures force le passage du système sympathique au système parasympathique, et active ainsi le nerf vague »explique le spécialiste. Autres moyens faciles à mettre en œuvre au quotidien que l’ostéopathe enseigne à ses patients : « Faire des gargarismes, des exercices de respiration ou de cohérence cardiaque, du chant, un sport (au minimum de la marche), écouter de la musique, avoir des moments de calme et de silence car le bruit agit sur le système sympathique. Le yoga, le tai-chi et la méditation sont également bénéfiques. »

Insécurité dans l’enfance

Mais lorsque le stress devient chronique, il entraîne une hyperactivité du système sympathique, au détriment du nerf vague, et le corps ne parvient plus à revenir en mode repos. Les muscles sont contractés au niveau du cou et des épaules, les paupières tressautent, le sommeil et la concentration sont perturbés, des troubles, souvent digestifs, apparaissent, et le système immunitaire s’affaiblit. Selon la théorie polyvagale, le bon fonctionnement du nerf vague est conditionné par le sentiment de sécurité. « Les premières années de vie sont déterminantes. Si l’environnement familial ou le contexte est violent, ou si l’enfant est négligé ou trop couvé, l’apprentissage de la sécurité est altéré et, à l’âge adulte, il aura tendance à être constamment en état d’alerte et d’hypervigilance, et hyperstressé, à avoir des comportements addictifs ou agressifs, ou bien une mauvaise estime de soi, et s’effondrer »,prévient Éric Marlien. Quand le problème n’est pas ancien, l’ostéopathie donne des bons résultats, sinon, il faut s’appuyer en parallèle sur la psychothérapie. Ou, plus rarement, passer à des techniques d’électrostimulation du nerf vague, notamment au niveau de l’oreille, pratiquées dans certains hôpitaux. Attention toutefois aux dispositifs inefficaces proposés par des vendeurs mal intentionnés.

Le malaise vagal

Lorsque le système parasympathique réagit trop fortement cela peut aussi être délétère. L’organisme n’arrive alors plus à monter en puissance. Résultat, le rythme cardiaque ralentit, les mains et les pieds sont froids, et l’énergie manque. Un cran au-dessus, c’est le malaise vagal, symptôme le plus connu de cette stimulation excessive du nerf vague, responsable d’une baisse de la tension artérielle et du flux sanguin au niveau cérébral. En général, la personne a la tête qui tourne et voit arriver la syncope. Les signes avant-coureurs sont en effet assez typiques : bouffées de chaleur, transpiration abondante, palpitations, nausées, douleurs abdominales, fatigue soudaine. La vision se brouille, la peau devient blême, les oreilles bourdonnent, suivis d’un étourdissement, d’un vertige et, très souvent, d’une brève perte de conscience. Le malaise est bénin et le corps récupère très vite. Il est cependant conseillé d’allonger la personne, de lui faire boire un peu d’eau sucrée et de consulter un médecin. Dans la plupart des cas, l’examen clinique et quelques questions sur les circonstances du malaise suffisent à poser le diagnostic. Le médecin connaît les causes et les facteurs favorisants : trop-plein émotionnel, stress important, surmenage, phobie du sang, douleur intense, atmosphère chaude et confinée…