Plan de redressement économique ou plan de recouvrement fiscal

La montagne Pastef a accouché d’un redressement fiscal.

Tout l’appareil d’État mobilisé, toute une dramaturgie autour d’un plan qui se résume à une série de mesures fiscales. À croire que gouverner, c’est faire la tournée des contribuables.

Ousmane Sonko, inspecteur des impôts devenu Premier ministre, reste dans son élément. Il parle assiette, recettes, et élargissement fiscal. Mais le pays attendait plus qu’une leçon de fiscalité : un souffle, une relance, une direction. On aura eu une feuille d’impôt.

Aucune mesure ambitieuse pour l’agriculture, au moment même où les paysans manquent de semences. Aucune stratégie de réindustrialisation, pourtant urgente. Le Sénégal de 2025 semble revivre, en moins glorieux, les plans d’ajustement structurel des années 80.

Et que dire de la dette ?
Le ministre de l’Économie rappelait encore en avril 2024 que le Sénégal avait une signature crédible. Mais c’est sous ce régime que nous sommes devenus le pays le plus endetté d’Afrique. Pourtant, Sonko persiste à tout attribuer à Macky Sall, pendant que le FMI exige un « nouveau programme » avant tout soutien.

Plus grave encore : les riches et les multinationales semblent épargnés. Aucune remise en question des exonérations, aucun mot sur les niches fiscales ou les remises gracieuses. Pourtant, ce sont les pauvres, déjà contributeurs à 80 % des recettes fiscales, qu’on va encore presser.

Ce n’est pas un plan de relance, c’est un plan de recouvrement.
Le fisc comme horizon, la dette comme excuse, et le peuple comme variable d’ajustement

Thierno Diop