Dans une mise en scène soigneusement orchestrée, le gouverneur du nord-Sinaï, Khaled Megawer, a pris la parole, entouré de haies d’honneur de jeunes en chasubles estampillées de noms d’ONG proches du pouvoir. Objectif : prouver que l’Égypte fait sa part. « Ce que vous voyez ici, ces jeunes, ces camions, certains revenants vides de Gaza, montre bien que nous travaillons dur pour faire passer l’aide. Nous jouons notre rôle, quoi qu’en dise la propagande. Et le monde entier peut en être témoin ».
Si le terminal de Rafah reste fermé, les convois ont repris depuis une dizaine de jours, via le point de passage de Kerem Shalom, un poste-frontière voisin, contrôlé par Israël. Plus de 800 camions ont ainsi été acheminés depuis l’Égypte. Mais beaucoup restent bloqués. En cause, des contraintes imposées côté israélien, comme l’explique Amal Eman, directrice exécutive du Croissant rouge égyptien. « Il arrive que les camions arrivent trop tard pour leurs horaires de travail, ou que les scanners ne fonctionnent pas, ou que la capacité d’accueil du terminal soit saturée. Parfois, on nous demande de tout reconditionner sur d’autres palettes. D’autres fois, on nous dit simplement que le terminal est fermé. Et là, on ne peut rien faire ».
Ce 6 août encore, plus de 70 camions qui avaient été autorisés à passer par les autorités israéliennes ont finalement été bloqués à la frontière, selon un responsable d’une entreprise de logistique. Plusieurs transportaient de l’aide alimentaire pourtant vitale pour les millions de Palestiniens menacés de famine.