Guerre en Ukraine : les Européens et Volodymyr Zelensky en force à Washington pour trouver une issue à la guerre

Des dirigeants européens dont la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, traversent ce lundi 18 août l’Atlantique pour faire bloc autour de Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche. Le président ukrainien doit s’entretenir avec Donald Trump pour négocier la paix avec la Russie.

 

Un moment charnière. Six mois après l’affront qu’il a subi dans le bureau ovale, Volodymyr Zelensky est de retour à Washington pour échanger avec Donald Trump. L’enjeu : poser les bases d’une paix durable en Ukraine. Le rendez-vous entre les deux hommes est d’autant plus important qu’il fait suite à une rencontre entre le président américain et son homologue russe, Vladimir Poutine, le 15 août en Alaska.

Un entretien bilatéral au terme duquel aucune annonce n’a été faite : ni cessez-le-feu, ni “deal”. Plus les jours passent, et plus le temps est compté, le conflit en Ukraine – déclenché le 24 février 2022 – s’éternisant. Donald Trump avait pourtant promis de le régler en “vingt-quatre heures” à son retour à la Maison-Blanche le 20 janvier dernier.

Témoin de l’urgence et de l’opportunité à saisir alors que le milliardaire semble bien déterminé à revêtir son costume de médiateur, les dirigeants européens – trop longtemps laissés de côté – ont cette fois-ci voix au chapitre.

L’union fait la force

Hier, la “coalition des volontaires” – cet ensemble d’une trentaine de pays alliés de l’Ukraine, en majorité européens, créée en mars et menée par la France et le Royaume-Uni, s’est réunie par visioconférence pour se préparer à faire front commun.

Ce lundi, plusieurs d’entre eux font aussi le déplacement aux États-Unis pour peser sur les négociations. L’initiative a été lancée par le président finlandais Alexander Stubb et le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte. Ils ont rapidement été rejoints par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le chancelier allemand Friedrich Merz, le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre britannique Keir Starmer et la présidente italienne Giorgia Meloni. D’autres dirigeants ont proposé de se joindre à eux, mais la liste des invités a été délibérément réduite.

Nous poursuivons notre coopération pour parvenir à une paix juste qui respecte les intérêts vitaux de sécurité de l’Ukraine et de l’Europe“, a déclaré dimanche lors d’un point presse la cheffe de l’exécutif européen. “Est-ce que je pense que le président Poutine veut la paix ? Si vous voulez mon intime conviction, non. Il veut la capitulation de l’Ukraine“, a pour sa part réagi Emmanuel Macron depuis Brégançon. Et d’ajouter que l’Europe et la France font face “à un moment grave

Les garanties de sécurité à Kiev comme priorité

Si les paramètres des négociations sont incertains et changeants, il est au moins une certitude : à Anchorage vendredi, Vladimir Poutine a rejeté catégoriquement un cessez-le-feu immédiat. Dans le même temps, le chef du Kremlin aurait proposé à Donald Trump que l’Ukraine lui cède l’entièreté du Donbass (les régions administratives de Louhansk et Donetsk, que l’armée russe occupe déjà en grande partie) en échange d’un “gel” du front dans les régions de Zaporijia et Kherson. Une idée jugée inconcevable par le président ukrainien.

Refusant pour le moment tout échange de territoire, le chef d’État met toujours l’accent sur la nécessité de conclure rapidement un accord de paix qui se voudrait pérenne. “Nous avons tous le profond désir de mettre fin à cette guerre rapidement et de façon fiable“, mais “la paix doit être durable“, a déclaré sur X le président ukrainien à son arrivée à Washington.

Les garanties de sécurité attendues par l’Ukraine et les Européens en cas de cessez-le-feu seront au cœur des discussions. Notre volonté est de présenter un front uni entre Européens et Ukrainiens et demander aux Américains jusqu’à quel point” ils sont prêts à contribuer aux garanties de sécurité offertes à l’Ukraine dans un éventuel accord de paix, a insisté Emmanuel Macron dans sa prise de parole dimanche. L’envoi de troupes européennes sur le sol ukrainien dans une “force de réassurance de quelques milliers de soldats” fait partie des options évoquées par le président. Mais celle-ci divise les alliés de l’Ukraine, compte tenu des risques qu’elle comporte, même si ces soldats seraient éloignés des “lignes de contact” et probablement chargés de missions de formation ou de logistique.

Ce lundi matin, Donald Trump, qui exclut toute entrée de l’Ukraine dans l’Otan – puisque Moscou considère l’Alliance comme une menace existentielle à ses frontières – a remis la pression sur le camp ukrainien. “Le président ukrainien Zelensky peut mettre fin à la guerre avec la Russie presque immédiatement s’il le veut, ou il peut continuer à combattre. Souvenez-vous comment cela a commencé. Pas question de récupérer la Crimée donnée par Obama (il y a 12 ans, sans qu’un seul coup de feu ne soit tiré) et PAS QUESTION POUR L’UKRAINE D’ENTRER DANS L’OTAN“, a écrit le leader américain sur son réseau Truth Social.

Sur ce dernier point, le milliardaire a toutefois évoqué ces derniers jours une solution inspirée de l’article 5 de l’organisation. Celui-ci stipule que si un pays de l’Otan est victime d’une attaque armée, chaque membre de l’Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l’ensemble des membres.

Après plus de trois ans de conflit, le sort de l’Ukraine pourrait se jouer dans les prochaines heures…