Vote de confiance : le déroulé de ce lundi 8 septembre jusqu’à la chute annoncée de François Bayrou

epa12333272 French Prime Minister Francois Bayrou attends the Agriculture Fair in Chalons-en-Champagne, France, 29 August 2025. The fair runs from 29 August to 08 September 2025. EPA/CHRISTOPHE PETIT TESSON (MaxPPP TagID: epaliveeight478370.jpg) [Photo via MaxPPP]

Le premier ministre et plusieurs députés s’exprimeront avant le vote de confiance prévu en début de soirée.

A priori, la messe est dite. Mais c’est une liturgie bien particulière qui doit rythmer cette journée qui s’annonce historique à l’Assemblée nationale, ce lundi 8 septembre. Comme il l’a annoncé le 25 août, François Bayrou va se soumettre à un vote de confiance qui, selon toute vraisemblance, devrait précipiter sa chute. Le jour de leur rentrée parlementaire, les élus du Palais Bourbon assisteront donc au discours de politique générale du Béarnais… avant de le congédier par un vote.

Non pas que le vote de confiance soit une procédure nouvelle : on en dénombre pas moins de 31 depuis 1958. Mais tous ont été remportés par les premiers ministres qui l’ont sollicité. La pratique traditionnelle des institutions veut en effet qu’après des élections législatives, un premier ministre de la couleur de la nouvelle majorité soit nommé (ou reconduit). Dans les premiers jours de son accession à Matignon, il prononce alors un discours de politique générale, avant de solliciter – ce n’est pas obligatoire – la confiance d’une Assemblée nationale acquise à sa cause.

Sans majorité absolue depuis les législatives de 2022, les prédécesseurs de François Bayrou – Élisabeth Borne, Michel Barnier et Gabriel Attal – avaient soigneusement évité de solliciter cette confiance après leur discours. D’autant qu’il suffit que la majorité des députés présents votent contre le premier ministre pour le renverser, contrairement à la motion de censure, qui exige une majorité absolue des députés siégeant à l’Assemblée. François Bayrou devrait donc être le premier locataire de Matignon à être éjecté par cette procédure prévue à l’article 49 alinéa 1 de la Constitution.

Les présidents de groupe à la tribune

Le futur ex-premier ministre prendra donc la parole à 15 heures pour ce qui devrait être son dernier discours devant la représentation nationale. Le Béarnais, qui a déjà martelé le même message dans les médias depuis deux semaines – la dette est un problème mortel, c’est moi ou le chaos – dispose sur le papier d’un temps illimité pour tenter dans un suprême effort de convaincre les représentants de la nation. Ensuite, onze orateurs, issus des onze groupes parlementaires, se succéderont à la tribune pour répondre au premier ministre et annoncer le vote de leurs collègues de groupe.

Pour cette journée historique qui sera suivie par tous les médias, ce sont vraisemblablement les présidents de groupes qui devraient monter à la tribune pour sceller le sort de François Bayrou. Le Béarnais devrait donc voir défiler, dans l’ordre de passage selon Politico : Boris Vallaud (PS), Laurent Wauquiez (Droite républicaine – LR), Cyrielle Chatelain (Écologistes), Marc Fesneau (MODEM), Laurent Marcangeli (Horizons et Indépendants), Laurent Panifous (LIOT), Stéphane Peu (GDR – communistes), Éric Ciotti (Union des droites), Marine Le Pen (RN), Gabriel Attal (Ensemble) et Mathilde Panot (LFI).

Seul Gabriel Attal, dont le groupe Ensemble est le groupe principal inscrit au sein du «socle commun», disposera de 35 minutes, ajoute Politico. Pour les autres, plus le groupe compte d’élus, plus son temps de parole est important. Le RN (123 députés), DR (49 députés) et MODEM (36 députés) auront chacun 15 minutes. Les autres groupes (moins de 35 députés) disposeront de 10 minutes. Enfin, le député Philippe Bonnecarrère qui a été désigné au hasard pour les 11 députés non-inscrits, aura cinq minutes pour convaincre.

Le résultat du vote ne sera pas connu avant 19 heures

Mais la grand-messe parlementaire ne sera pas encore terminée. François Bayrou pourra alors s’exprimer une fois de plus depuis les bancs du gouvernement, au premier rang de l’hémicycle. Ensuite seulement, les 574 députés qui composent actuellement le Palais Bourbon pourront voter de manière traditionnelle, avec un bulletin papier déposé dans une urne dans une des salles contiguës à l’hémicycle. Si l’on additionne toutes ces prises de paroles et le vote lui-même (environ une demi-heure), le verdict devrait tomber, au plus tôt, vers 19 heures, vraisemblablement plus tard dans la soirée.

La tradition veut aussi que le discours de politique générale soit lu en même temps au Sénat. C’est Élisabeth Borne qui se chargera de cette besogne purement formelle qui ne débouche sur aucun vote au Palais du Luxembourg. Pour ce qui est de l’Assemblée, selon nos dernières estimations, réalisées à partir du simulateur de vote du Figaro, environ 330 élus de LFI aux Écologistes en passant par le RN, UDR, LR et le PS devraient voter contre le gouvernement Bayrou. Dans la soirée, le maire de Pau devrait donc être dans l’obligation de remettre sa démission au président de la République. À qui il reviendra de nommer un successeur pour Matignon. L’entourage d’Emmanuel Macron affirmait ces derniers jours que le chef de l’État voulait faire vite. L’objectif, bien sûr, est de ne pas reproduire le spectacle lassant des consultations qui avaient duré 51 jours pour Michel Barnier 9 jours pour François Bayrou. Les meilleures messes sont souvent les plus courtes.