Nommé Premier ministre, Sébastien Lecornu doit former un gouvernement et trouver un compromis sur le budget de 2026

Cette fois, l’attente pour la nomination d’un nouveau Premier ministre n’aura pas duré longtemps. Ce mardi 9 septembre au soir, à peine 24 heures après la chute du gouvernement de François Bayrou, l’Élysée a annoncé dans un communiqué qu’Emmanuel Macron avait désigné Sébastien Lecornu comme successeur du président du MoDem à Matignon.

Le chef de l’État “l’a chargé de consulter les forces politiques représentées au Parlement en vue d’adopter un budget pour la Nation et bâtir les accords indispensables aux décisions des prochains mois. À la suite de ces discussions, il appartiendra au nouveau Premier ministre de proposer un gouvernement au président de la République“, précise l’Élysée, laissant apparaître une nouvelle méthode dans la formation de l’équipe gouvernementale.

Maire à 27 ans, Premier ministre à 39 ans

Médias et observateurs s’accordent unanimement pour dire de Sébastien Lecornu qu’il est l’un des plus proches fidèles d’Emmanuel Macron. Membre de tous les gouvernements macronistes successifs depuis 2017, il a peu à peu gravi les échelons.

Secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire entre 2017 et 2018, il est ensuite devenu ministre chargé des Collectivités territoriales (2018-2020), puis ministre des Outre-mer (2020-2022) et ministre des Armées (2022-2025). À 39 ans, le natif du Val-d’Oise accède donc à la plus haute fonction gouvernementale, devenant le troisième plus jeune Premier ministre de l’histoire de la Ve République.

La carrière politique de Sébastien Lecornu est toutefois antérieure au macronisme. Militant à l’UMP (l’ancêtre des Républicains, LR) dès ses 16 ans, il s’est fait un nom dans la département de l’Eure, où il a grandi. Élu maire de Vernon en 2014 à seulement 27 ans, il est devenu président du conseil départemental l’année suivante, avec l’appui de Bruno Le Maire, autre grand élu de droite du territoire, dont il est proche.

Engagé dans la campagne présidentielle de François Fillon en 2017, il s’en est mis en retrait après les révélations concernant l’emploi fictif de la femme de l’ancien Premier ministre. Après l’élection d’Emmanuel Macron, il fait partie des figures montantes de la droite enrôlées par Édouard Philippe dans son nouveau gouvernement. Huit ans plus tard, il est l’unique ministre rescapé de tous les gouvernements de l’ère Macron, ayant connu six locataires de Matignon différents.

Au fil des années, Sébastien Lecornu a su se faire une place à l’ombre auprès du chef de l’État. Ce dernier a souvent loué son implication dans la résolution de la crise des “gilets jaunes”. On lui doit notamment l’idée du “grand débat national”. Son passage aux Outre-mer suscite moins d’engouement, voire des critiques comme sur le sujet de la Nouvelle-Calédonie.

Son passage au ministère des Armées est, en revanche, salué. Nommé en mai 2022, trois mois après le début de l’invasion russe en Ukraine, il a été en première ligne sur tous les sujets militaires et de défense, formant un tandem avec le président dont il a, semblerait-il, gagné la confiance, au point d’être nommé Premier ministre.

Comme pour ses deux derniers prédécesseurs, Michel Barnier et François Bayrou, la tâche s’annonce ardue pour Sébastien Lecornu, qui devra affronter une Assemblée nationale éclatée en trois blocs égaux, qui ne sont pas parvenus à s’entendre depuis les élections législatives anticipées de juillet 2024.

Son premier grand défi sera l’adoption du budget de la Nation pour 2026, qui a causé la chute du gouvernement de François Bayrou le 8 septembre, après que celui-ci a sollicité la confiance de la chambre basse, sans succès.

Signe d’un changement de méthode, selon le communiqué de l’Élysée, le chef de l’État a d’abord chargé Sébastien Lecornu de “consulter les forces politiques représentées au Parlement en vue d’adopter un budget pour la Nation“, avant de proposer un gouvernement “à la suite de ces discussions“.

Bon nombre de médias considèrent que cette nomination comme cette méthode font office d’ultime “cartouche” pour le président. En cas d’échec, il pourrait recourir, une deuxième fois, à la dissolution de l’Assemblée nationale.